Compte rendu: débat des vice présidents – élections américaines 2016

Compte rendu: débat des vice présidents – élections américaines 2016

Vicieux vice présidents


Je continue ma chronique avec un court message pour revenir sur le débat des colistiers (vice-président potentiels) de chaque candidature ou « ticket ».
Résumé des épisodes précédents :
Le premier débat télévisé a tourné unanimement à l’avantage d’Hillary Clinton qui est parvenue à exposer les défauts de son adversaire sans renter dans un débat d’idée.
Trump, fidèle à lui-même, s’est enfoncé tout seul dans les pièges tendu par Hillary, pendant mais surtout après le débat.
1)      Clinton a utilisé l’exemple d’un article d’investigation du New York Times pour supposer que Trump n’avait pas payé d’impôts depuis dix-huit ans grâce à des montages financiers (légaux). Ce à quoi Trump avait répondu spontanément « that makes me smart ».

2)      Clinton avait pointé du doigt une citation de Trump où il se réjouissait de l’effondrement du marché immobilier survenu lors de la crise des surprimes de 2009. « It’s called business » avait-il répondu du tac au tac.

3)      Trump refuse de divulguer ses déclarations d’impôts, une coutume suivie par tous les candidats depuis Nixon (y compris Hillary), ce qui permet de spéculer sur les raisons de son refus (pendant le débat Hillary supposait qu’il n’était pas aussi riche qu’il le dit, ou qu’il donnait moins aux oeuvres caritatives qu’il le prétend, ou encore qu’il a des conflits d’intérêt du fait de ses investissements en Russie…)
Des éléments repris par les médias toute la semaine, et que Trump s’est efforcé de justifier sans les démentir ni faire de mea-culpa (« c’est normal d’exploiter les failles du code des impôts, et c’est d’ailleurs bien la preuve qu’il faut réformer la fiscalité »).
Dernière polémique, Clinton l’a attaqué sur la façon dont il traite les femmes, et en particulier une fameuse miss Univers que Trump aurait traité de « fat pig ». Trump s’est justifié sur CNN :  « elle avait du mal à contrôler son poids après avoir gagné le concours, pour moi en tant que président de Miss Univers c’était un vrai problème ». Tollé.
Donc l’après débat a fait encore plus de mal à l’image de Trump que le débat lui-même, toutes ces polémiques étant du pain bénit pour les médias américains. Résultat : un coup d’arrêt fantastique à la campagne de Trump. Les sondages le donnait au coude à coude avec Hillary (46%-44%), il vient de reprendre les 6 points de retard qu’il avait fin Juillet. Le baromètre du New York Times qui donnait 33% de chance (2 contre 1) à Trump est redescendu à 19% de chance (4 contre 1).
Dans ce contexte catastrophique pour la campagne de Trump, et ce formidable retour à la réalité concédé par les journalistes après avoir été témoin de l’écart de sérieux et de compétence entre les deux candidats, avait lieu hier le débat entre les deux colistiers.
Kaine, gouverneur de la Virginie et Pence, sénateur de l’Indiana et implacable conservateur connu pour ses vues réactionnaires (anti-avortement) et sa rigueur budgétaire (utilisé pour justifier la fin des programmes d’aide sociale). Deux inconnus du grand publique face à face.
Verdict : Un débat a peine regardable. Kaine  a constamment attaqué Pence pour le forcer à défendre les propos indéfendables de Trump (en particulier, le fait que le monde serait plus sur si l’Arabie Saoudite, la Coré du Sud et le Japon se dotaient de la bombe nucléaire, les insultes envers les mexicains et les femmes, les propos racistes concernant un juge d’origine mexicaine, son admiration pour Vladimir Poutine et son refus de rendre ses déclarations d’impôts publique). Contrairement à Trump, Pence est un politicien aguerri. Il a su afficher un calme et une maitrise de soi parfaite pendant tout le débat,  refusant de répondre aux questions de Kaine et se contentant d’attaquer Hillary et Obama sur leur bilan, tout en accusant Kaine de faire une campagne « insultante ». Un comble. Il a « nié » a mainte reprise les propos de Trump.
Kaine est apparu nerveux et agressif, interrompant sans cesse son adversaire à la stature bien plus calme. Imaginez un intellectuel brillant tentant de déstabilisé un parfait hypocrite qui répond avec le sourire à chaque attaque par « non, c’est faux. Et même si c’était vrai, vous êtes pire ».
Sur le fond, Kaine a gagné à plat de couture le débat, démontrant essentiellement que Trump était indéfendable. Mais sur la forme, il est apparu particulièrement antipathique, et peu mesuré. Récitant des attaques apprises par cœur tandis que son adversaire niait les propos de Trump et ses propositions (comme la déportation des immigrés sans papiers). La modératrice se refusant à pointer les énormes mensonges ou déni de réalité du républicain.
Conclusion : Pence vainqueur, grâce au style. Mais cette victoire  le dessert plus lui-même et sa future candidature (en 2020 ?) que son chef Donald Trump.
Les débats des colistiers influencent rarement les électeurs et sont peu suivis. Malheureusement, par sa performance maitrisée, Pence a pu rassurer son camp et potentiellement mettre un frein à la débâcle de la campagne de Donald Trump.
Prochain débat Dimanche soir : Hillary Clinton et Donald Trump répondront au questions d’un panel d’électeur « indécis ».  Trump peu complètement exploser en vol dans cet exercice (il n’est pas particulièrement connu pour son empathie ou ses qualités d’écoutes) mais s’il parvient à conserver une attitude mesuré comme Pence face à Kaine, il pourra marquer des points importants avant l’ultime débat. 

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