Mourir pour la ZAD
Pour comprendre les zadistes, il faut replacer leur action contre l’aéroport de Notre Dame des Landes dans un contexte local et global. Pour comprendre la détermination du pouvoir à évacuer la Zone à Défendre, il faut considérer l’enjeu sur un plan historique et sociologique.
1) Sauver la ZAD pour nous sauver
Selon le consensus des climatologues, nous n’aurions que 5% de chance de parvenir à atteindre les objectifs de la COP21, qui visent à contenir le réchauffement climatique au-dessous des 2 degrés. Il nous reste 19 ans pour réduire les rejets de C02 de 3% chaque année et éviter le point de non-retour. Ce scénario nécessite des émissions négatives à partir de 2060 pour compenser le trop-plein actuel, avec une probabilité de seulement 66% que cela suffise à contenir la catastrophe climatique. En clair, on a cinq chances sur cent d’atteindre un objectif qui présente une chance sur trois d’être insuffisant. (1)
En 2008, au plus fort de la crise économique, les émissions mondiales ont baissé de 1%. Elles sont en augmentation constante depuis. Chaque année de hausse supplémentaire nécessitera une baisse des émissions encore plus drastique par la suite.
Selon le consensus de l’ensemble des pays membres de l’ONU, si on n’atteint pas l’objectif de 2 degrés, notre planète va devenir invivable. Il ne s’agit pas de sauver la Terre, il s’agit de nous sauver nous. Pas nos enfants, mais NOUS. Car selon les modèles climatiques, les deux degrés pourraient être dépassés dès 2050. Quel âge aurez-vous en 2050 ? Soixante ans, à en croire les données d’utilisateurs.
À quatre degrés de réchauffement (scénario désormais jugé le plus plausible compte tenu des tendances actuelles), l’Espagne sera transformée en désert, la moitié sud des États-Unis connaitra des vagues de chaleur qui interdiront toute agriculture, l’ensemble des neiges de l’Himalaya auront disparu, 2 à 3 milliards d’êtres humains devront émigrer sur des milliers de kilomètres pour trouver de quoi se nourrir. Sans même mentionner le risque de conflits majeurs, l’humanité tout entière fera face à un cataclysme qui ferait passer la guerre 39-45 pour une promenade de santé. La Banque Mondiale vient de sortir un rapport concluant « l’humanité pourrait ne pas s’adapter à un réchauffement de 3 à 4 degrés ». (2)
Selon le gouvernement, l’empreinte carbone de l’aéroport de NDDL s’élève à 7400 kilotonnes de C02 sur vingt ans, équivalent à l’impact annuel total d’un million de Français. (3) Ces chiffres ne prennent pas en compte la destruction des 1650 hectares de bocages de la ZAD, ni la déforestation liée aux lignes de tram qui desserviront l’aéroport.
Dans ce contexte, construire un nouvel aéroport dans le but d’augmenter le trafic aérien de 4.5 millions de passagers annuels apparait comme une pure folie, un crime contre l’humanité, un projet complètement absurde au sens mathématique du terme.
Il existe des alternatives : augmenter la capacité de l’aéroport de Nantes, ou commencer à prendre le slogan #makeourplanetgreatagain au sérieux.
2) Zone d’espoir à défendre
Face à l’Iceberg, le capitaine du Titanic Emmanuel Macron décide d’accélérer. Son modèle économique repose sur une augmentation des émissions de C02 à l’échelle planétaire. La mondialisation des échanges est encouragée par les traités CETA et JETA, dont l’impact climatique sera, du propre aveu de l’Élysée, désastreux. Les perturbateurs endocriniens sont autorisés en adoptant le texte présenté par les industriels, les normes écologiques dans la construction des bâtiments sont abandonnées, les subventions à l’agriculture bio sont supprimées, le glyphosate est reconduit pour cinq ans et le projet de mine d’or à ciel ouvert en plein cœur de la forêt amazonienne guyanaise est activement soutenu par le gouvernement.
Nous sommes en présence d’une erreur système, d’un échec historique de l’État.
Devant ce constat, la désobéissance civile représenterait l’ultime espoir. Son principe philosophique repose sur une hiérarchisation qui devrait paraitre évidente à tout esprit normalement constitué : au-dessus de l’État, il y a le sens commun et la survie de l’humanité. (3)
Suivant cette logique, une poignée de militants et d’agriculteurs ont décidé d’occuper la ZAD. Ils y vivent parfois depuis plus de vingt ans. Ce qu’ils ont bâti, c’est un bien que certains considèrent plus précieux que leur propre vie. Leur action ne représente pas seulement un exemple de résistance citoyenne face à l’absurdité du pouvoir capitaliste le plus destructeur, mais également un modèle de société où la solidarité et l’autogestion triomphent de l’individualisme et de la cupidité.
La ZAD, c’est la possibilité d’une alternative. Qu’elle parvienne à subsister sous quelque forme que ce soit, et elle deviendra un modèle reproductible d’action citoyenne. De ce point de vue, elle véhicule un fol espoir, celui de parvenir à NOUS sauver.
Qu’elle tombe sous une débauche de violence dont la gendarmerie revendique « les blessés » à venir, et elle marquera un coup d’arrêt aux vocations militantes, à la résistance citoyenne et à l’espérance d’un avenir civilisé pour l’humanité. On comprend alors l’enjeu hautement stratégique et symbollique de sa défense.
Son existence, et sa possible victoire partielle (le renoncement à l’aéroport), représentent un affront insupportable pour la classe dirigeante. Les forces du maintien de la paix sont en ordre de bataille, la presse est aux abois, le ministre de l’Intérieur parle de « morts ». Tout le monde réclame du sang. Le sang des zadistes assimilés à des terroristes, qui seront délogés à l’aide de voitures blindées (selon le Monde).
3) Pourquoi détruire la ZAD ?
Du point de vue du gouvernement, l’existence de la zone est intolérable. Pour autant, Emmanuel Macron n’a pas grand-chose à gagner à joncher de cadavres les prairies de la ZAD. La mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive de la gendarmerie, ne fait pas partie des fiertés du gouvernement précédent.
Mais à de nombreux autres échelons du pouvoir, l’aveuglement idéologique, la haine et l’absence d’exposition aux conséquences de leurs propos conduisent de nombreux acteurs à souhaiter une évacuation à tout prix.
Il y a les forces de l’ordre d’abord. Gendarmes, préfecture, magistrats, justice. Ceux-là « communiquent » depuis des mois pour parvenir à imposer l’équation zadiste = djihadiste à l’opinion publique . Ça rime et c’est pratique.
Leur but ? Pousser le gouvernement au déploiement de la plus grande violence. Pourvu qu’il y ait « des morts et des blessés », cela justifiera a posteriori leur propagande paranoïaque.
L’opération est menée de main de maître. À l’annonce d’une possible solution de repli qui consisterait à aménager l’aéroport existant, l’ensemble des éditorialistes de plateaux ont exprimé une exigence : les zadistes doivent en payer le prix.
La violence inouïe des propos et l’irresponsabilité de leurs auteurs vous feraient perdre confiance en l’humanité. Heureusement, Samuel Gontier (télérama) nous conte cette formidable journée de propagande guerrière avec humour. Une lecture impérative.
Puis virent les fake news. Le JDD reprend textuellement la communication de la préfecture de police sur une double page. Et peu importe si les « décodeurs » de libération et du Monde épinglent l’article comme un pur mensonge noir sur blanc, dont le texte repose sur des photos non pas «secrètes » mais publiques, et dont l’interprétation est aussi mensongère que vérifiable. On retiendra l’image d’une table remplie de talkies-walkies, copieusement légendée par quelque chose du style « les zadistes sont suréquipés en matériel militaire ». Le cliché date d’une course d’orientation, organisée en 2011.
La supercherie est telle que le journal sera contraint d’émettre un communiqué rectificatif. Pour autant, le mal est fait.
Telle une meute affamée, les grands médias se sont jetés sur les « révélations » fabriquées du JDD pour propager le mensonge, dans une entreprise de désinformation remarquablement bien documentée par Acrimed. Les fausses nouvelles ont la vie dure. Et Anne Sophie Lapix d’ouvrir le 20h de France 2 en reprenant celle du JDD : « Les forces de l’ordre craignent une réplique ultra-violente des zadistes, ils les disent armés de boules de pétanque hérissées de clous, de piques et de herses ». Sans fou rire.
Il ne restait plus qu’à tester l’état de l’opinion publique préfabriquée, à l’aide d’un sondage trafiqué. Commandé par France Info et Le Figaro, il reprend toutes les méthodes connues pour orienter une enquête d’opinion. Après avoir posé la question «Selon vous, aujourd’hui, l’insécurité a-t-elle plutôt tendance à augmenter, à diminuer ou à rester stable ?». Il enchaine avec « Le ministre de l’Intérieur a annoncé que le gouvernement serait « obligé d’employer la force » pour déloger les zadistes qui occupent actuellement la zone de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Vous personnellement, êtes-vous favorable ou opposé au recours à la force si nécessaire pour les déloger ? ». 56% des sondés répondent que oui, et voilà l’ensemble de la presse qui titre « un français sur deux serait opposé à l’évacuation de la ZAD ». Non, bien sûr, on plaisante. Les titres varient autour du « six Français sur dix encouragent Collomb à utiliser la force» du Figaro.
Il ne manquait plus qu’au journal Le Monde de publier en première page le point de vue de la gendarmerie, sans filtre ni contextualisation. Un général à la retraite évoque la dangerosité du terrain. On apprend que les forces de l’ordre vont mobiliser 2500 gendarmes, des militaires du bataillon du génie et des véhicules blindés. « Il y aura des blessés des deux côtés, voire des morts » affirme un haut gradé qui jouit du bénéfice de l’anonymat. À lire les commentaires des abonnés, on a l’impression d’être sur un site d’extrême droite.
Mais Le Monde, dans un élan de lucidité, conclut que « le gouvernement peut décider d’évacuer la ZAD, ou envisager de permettre à certains occupants de rester sur place. Cette dernière possibilité aurait l’avantage de désamorcer toute une partie de l’opposition ». Il existerait donc une alternative à la boucherie, comme l’expliquaient les zadistes sur Médiapart.
Car le matraquage médiatique sert surtout à vous convaincre que l’évacuation est inévitable. Comme en 2012, il suffirait de quelques milliers de citoyens venus pique-niquer sur la Zad pour rendre caduque toute opération militaire. Alors on promet du sang et on fait les gros bras, pour être sûr de ne pas trouver en face de soi des milliers de gens comme vous et moi.
Conclusion
Comme souvent, les médias traditionnels, de France 2 au Monde, du JDD à BFMTV, désinforment le citoyen. L’enjeu de la ZAD, privée de tout contexte, devient le terrain de tous les fantasmes et déchainements de haine. Il faut absolument faire passer les zadistes pour des terroristes, afin de justifier les brutalités à venir.
Les éditorialistes déconnectés de toute réalité et remplis de préjugés semblent incapables de voir ce qu’est la ZAD. On prend ainsi conscience de l’aspect extrêmement fascisant de notre société. Quel être humain normalement constitué en arrive à souhaiter la mort d’un agriculteur qui fait pousser des tomates bio, pétrit son pain et distribue gratuitement ses fromages aux habitants du coin ?
De la même façon que nos anciens ont pris le maquis pour résister à l’occupant nazi, il nous appartient de résister à notre façon contre le péril de notre temps, de mener la bataille pour le climat, la justice et la liberté, en dehors des cadres qui nous sont imposés.
Ils étaient nombreux, à Vichy, à dénoncer les résistants jugés coupables de s’opposer à « l’état de droit ». Si France 2 avait existé à cette époque-là, on aurait bien trouvé une Nathalie Saint Cricq pour affirmer avec le sourire « c’est prendre finalement la responsabilité qu’il y ait un accident, un blessé ou un mort» et un journal comme Le Monde pour imprimer « Il y aura des blessés des deux côtés, voire des morts ». Et trouver cela parfaitement normal.
Ce qui semblerait plus « normal », ça serait d’aller sur place dire merci à ces résistants des temps modernes. Et le moment venu, répondre à leur appel.
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Sources:
- Lire ce formidable article résumé de Vox
- Lire le rapport de la Banque Mondial, ou cet article de Slate.fr
- L’empreinte carbone moyenne d’un francais est de 7.4 tonnes de CO2 par an, et pour NDDL, voir le bilan de Carbone 4 missioné par le gouvernement (il faut multiplier le chiffre par 4 pour inclure le traffic aérien).
- Lire Naomi KLEIN, Tout peut changer, Capitalisme et changement climatique, Actes Sud, 2015 ; et La Stratégie du Choc, capitalisme du désastre, 2013.
- Les autres sources sont présentes en lien hypertexte.
12 réactions au sujet de « Mourir pour la ZAD »
Est ce que le problème de la ZAD n’est pas plus qu’un problème de vengeance du gouvernement pour punir de ne pas faire l’aéroport et de perdre la face mais d’ accepter des autogestionnaires. Car c’est tout simplement reconnaître une façon possible de faire autrement sans l’état. laisser un exemple de plus qui pourrait faire des émules et par conséquent le risque d’avoir de plus en plus de citoyens qui quittent le navire étatique se privant de ceux ci pour alimenter la main d’oeuvre de la dictature économique à laquelle ces politiques sont au service!
Ancien Nantais Alternatifs, aujourd’hui Grenoblois Insoumis j’essaie de faire mon possible pour venir mais c’est loin et les gens ont de moins en moins de sous. Amitiés militantes
Oui il y a clairement de cela, si ce n’est au sommet de l’état au minimum dans les différentes strates du pouvoir. Mais l’exemple du Larzac nous permet d’espérer une sortie heureuse. Et au final, le fameux sondage bidonné revèle que l’opinion publique peut très vite basculer. Que seulement un francais sur deux approuve l’évacuation après pareil batage médiatique, cela montre bien que tout reste possible. Amitiés à vous !
Vous m’avez fait pleurer.
Vous me faites rêver, même si un peu tard pour moi.
ZAD : zone à défendre, ou ZAD : zone à détruire… ?
Comme vous nous y conduisez : on y est, à la frontière du pire et du meilleur. De quel côté on va tomber ? (Sauf miracle, la réponse se trouve déjà dans ma question, orientée comme les sondages…) et aussi dans sa consonance confusionnelle : zadiste/djihadiste pour une oreille peu « regardante ». Décidément… les mots décident. Mais parfois, ils nous guident si on sait les entendre.
Hélas, on dirait que le meilleur de soi ne peut perlaborer qu’au bord du précipice, dans l’extrême précarité, dénuement. Ce n’est que lorsque que l’on est acculé qu’arrive alors la Clairvoyance, le joyau de l’Essentiel, fragile comme le cœur d’un oisillon trop faible pour s’envoler : il n’est pur que tant qu’il lutte au plus près de s’éteindre.
50 ans qu’ils sont en sursis, qu’ils vivent au jour le jour, la peur au ventre car eux, les 50 ans ils ne les savaient pas d’avance. Et ils seront nombreux ceux pour Juger qu’ils ont largement abusé, et méritent l’Exécution, mieux vaut en effet s’y préparer !
Mais, hasard ou coïncidence : ça y est, on en est à empoisonner les nourrissons en toute impunité (blanc comme neige, le lait Lacta-lisse), chez NOUS, en France, en 2018 !
Après, y a plus rien…
On voit bien ici que le moment est venu de choisir son camp. On ne peut plus être « ni de gauche ni de droite » ! Alors, vivre pour mourir, ou risquer de mourir pour, enfin, Vivre ?
Moi, ce petit Paradis me donne envie de quitter mon enfer. Il m’évoque celle que j’avais rebaptisée « La Chanson du début du Monde ».*
Si vous venez du Texas pour l’ultime/premier « pique-nique », à mourir pour mourir – car j’en suis là après 10 ans d’agonie à l’heure l’heure, pour cause de gentrification* tout aussi « nécessaire» (soit le « tri des gens pour une bonne action ………. au CAC 40 !»), je monterai, comme on dit, de Marseille.
Chiche ?
*Nataq, Richard DESJARDINS
**Euroméditerranée (programme mortifère/assassin qui vise bien plus d’euros que de Médi-Terra-née en toute impunité – en toute vanité).
P. S. : Commande spéciale :
A propos, que pense l’économiste Ingénieux que vous êtes de ce phénomène de Gentrification « nécessaire » ?…
Si Macron vous laisse le temps d’écrire l’Article, vous ne serez plus Solitaire, j’ai déjà rédigé le futur commentaire « savoureux » en illustration : ma plaidoirie/testament.
Sur la gentrification… vaste sujet que je maitrise mal, et qui nécessiterait de ma part un gros travail de recherche pour apporter autre chose que des considérations évidentes. Le monde diplo avait publié une belle enquète sur le phénomène aux USA récemment. Sujet passionnant !
Oui, je comprends, d’autant plus, et je l’avais oublié sur le coup, que ce n’est pas un sujet d’actualité politique, votre propos ici.
Ceci dit, tout est fait justement pour que la réalité soit occultée… en particulier à Marseille. Ce n’est pas demain que ça fera la Une ! (Pourquoi c’est susceptible de vous intéresser en soi…)
Mais vous avez raison de l’évoquer, c’est un sujet passionnant qui recoupe bcp de problématiques 🙂
Merci pour cet article !
Comme il reste de la place…
Sur votre prescription, j’ai pris connaissance avec plaisir et stupeur de l’article de Télérama auquel vous nous renvoyez, (je n’ai plus la télé) et vous remercie pour cette trouvaille édifiante, terrifiante tout autant qu’enseignante.
Je pense utile de livrer ici l’analyse que j’en fais par un autre prisme que le vôtre, en complémentarité (non en opposition).
Là, à mon sens on est dans l’irrationnel, voire le pathologique, et ce n’est pas l’apanage des seuls journalistes « aux ordres ». On retrouve ce même phénomène dans la cellule familiale : il y en a presque toujours un(e) qui est « différent », et qui déstabilise par son essence même (non sa volonté) l’Ordre établi et familier. Un qui, par sa seule existence, est vécu comme une menace, ce que Freud avait d’ailleurs nommé « l’inquiétante étrangeté », car sa différence dépasse l’entendement, ce qui effraie et provoque le rejet, la non-reconnaissance, voire la répulsion.
La plupart du temps, et dans le meilleur des cas, il s’agit d’un artiste, soit par essence, soit par nécessité de survie pour peu qu’il parvienne lui-même à se réaliser dans cet environnement plus qu’hostile.
Ainsi, la locution « contre-société » employée dans ce cas précis pour la ZAD, et récurrente pour qualifier des alternatives semblables n’est pas seulement un glissement de sens volontairement fallacieux et manipulatoire venu d’en haut, mais également l’expression de l’agression personnelle réellement ressentie par ceux qui l’emploient, au-delà même, voire sans rapport aucun avec leurs propres convictions politiques.
Concernant ces « journalistes », l’injonction du Gouvernement croise donc leur propre supplique envers le « parent protecteur» : « vous ne pouvez (devez) pas les laisser (nous) faire ça ! »
Les arguments, termes utilisés pour ce faire visent donc plus à acculer l’exécutif qu’ils ne relèvent de leur propre soumission à distiller le message : bref, ils le provoquent, le discréditent d’avance si d’aventure il devait se montrer « faible ». Qui « dirige » qui ? Je ne vais évidemment pas faire ici une analyse de texte, hors-sujet. Il suffit de reprendre l’article avec cette grille de lecture…
Ce qui est encore plus intéressant et porteur d’espoir dans son paradoxe, c’est de constater que l’exclu, le stigmatisé est en même temps celui qui occupe (toujours malgré lui) la place de la « conscience » de la famille, et par extension celle de la Société. Posture schizophrénique, s’il en est, dans les graves moments de crise, curieusement, perdu c’est vers lui qu’on se tourne (pour un temps seulement, celui de la résolution…) ; lui, par le supposé « Savoir autre » qui va nous sauver ; lui, dont on recherche l’approbation.
En effet, ce dernier, par son unicité subie, sa singularité par son mode d’être, de penser et de faire par sentiment de nécessité, interroge foncièrement, donc remet en cause, en perspective… et permet finalement de faire « bouger les lignes » envers et contre tous, et souvent pour le bien de chacun.
Car on ne (se) construit pas durablement « contre » quelque chose ou quelqu’un, mais « pour », « avec », « sur » autre chose, et forcément en parallèle puisqu’on n’a pas le choix. C’est donc une pure création par obligation.
On montre ainsi malgré soi une autre voie, un autre possible, une (autre) issue… C’est le cas emblématique de la ZAD. Il ne s’agit pas seulement de préserver (« s’approprier » « exproprier »…) un territoire.
Il me semble donc important pour contenir toute frustration, et « consoler » la désespérance, d’avoir cette notion à l’esprit lorsque l’on veut faire de la conscientisation.
Nombre de personnes – la majorité fonctionnent ainsi, prenant la « différence », l’alternative comme une agression, une «effraction » personnelle, en fait, un miroir peu reluisant… Et cela constitue La limite.
Le discours mesuré et rationnel, logique, référencé, même brillant, bienveillant, voire « tripal » comme le vôtre qui m’a touchée n’a pas de prise sur ce type de profil « étanche » qui n’emploie définitivement pas le même canal. Ce n’est pas une question d’intelligence, ni même de bon sens.
Inutile alors de s’épuiser. Mieux vaut le savoir, en tenir compte pour mieux le contourner.
Il y a heureusement d’autres moyens.
Et là, rien ne vaut l’exemple : c’est ce qu’a fait la ZAD, sans prosélytisme aucun (ce dont je ne vous taxe nullement) , tout simplement parce que c’est un luxe qu’elle ne pouvait pas se permettre dans son urgence, question de survie.
Aussi, même détruite, (il faut s’y préparer, le climat n’est pas propice ) elle aura existé, imprimé sa marque indélébile, planté sa Cause d’Espoir en plus des graines, et déjà eu le temps d’essaimer dans d’autres champs, dans d’autres cœurs, dans d’autres têtes*.
Eh oui, n’en déplaise aux détracteurs, aux destructeurs par essence, elle aura bien (peut-être encore mieux…) « marqué les esprits » !
*Il y a hélas déjà nombre de contrefaçons, très préjudiciables qui « raptent » par copié/collé et dévoient les plus nobles valeurs, car celles-ci ne se décrètent pas, elles se « sécrètent », d’où la rareté.
Là aussi, il faudra veiller à « distinguer le bon grain de l’ivraie… ». Autre sacré combat (combat Sacré) à mener pour ne pas risquer de revenir en arrière ! Et surtout, il faudra le temps d’éduquer sur d’autres bases, de faire le grand récurage des siècles sanguinaires qui coulent toujours dans nos veines/gènes et se transmettent : des générations de ré-génération en perspective ! Bon courage !
Mais ne dit-on pas « nécessité fait loi » ? Alors, vive les artistes !
Et comme quoi, la minorité peu contraindre la majorité lorsque son point de vue s’appui sur des préoccupations rationnelles. Une fois le batage médiatique et les frustrations de nos éditorialistes retombés, il sera intéressant de voir ce qui va émerger de cette décision.
On dirait que le gouvernement vous a suivi sur toute la ligne… C’est vraiment réjouissant !
Il a décidé par la même occasion de s’affranchir de quelques « commanditaires » de poids.
Ce déni de démocratie – qui nous sert aujourd’hui reste en soi très préoccupant, néanmoins. Demain, il pourrait aussi bien nous être préjudiciable.
Alors, simple bon sens, ou toute puissance ?…
Formidable Pour tout vous dire je n’y croyais pas trop (à cet abandon).Reprenons au vol la proposition du 1er Ministre « pour ceux qui occupent illégalement des parcelles ils partent: ou il se mettent dans la légalité ( rachat ou loyer pour utilisation agricole) chiche!!!! rachetons les indemnités versées pour l’expropriation et mettons à dispositions les terrains pour qui veux les cultiver
Oui, a lire entre les lignes le discours d’Edouard Philippe est encourageant à tout point de vue et ouvre la voie à un maintient de la Zad sous une certaine forme. La mobilisation du 10 février devrait aider à enraciner le projet.