Emmanuel Macron président ?
La bulle Macron s’est transformée en dynamique électorale. Le candidat « antisystème » monte dans les sondages, propulsé par l’ensemble du système médiatique. Les analystes rêvent de voir le troisième homme au second tour. Le doute n’est plus permis, la « révolution » Macron est en marche. Reste à savoir vers où.
Comment se fait-il que l’ancien numéro deux du gouvernement Hollande parvienne, sans programme, à créer un tel enthousiasme ? Qui se cache derrière cette fraicheur et cette énergie ? Peut-il réellement gagner ? Dans cet article, nous proposons d’analyser en détail l’OVNI Macron.
1) Le parcours d’Emmanuel Macron
Diplômé de l’ENA, assistant philosophe auprès de Paul Ricœur, puis banquier d’affaire chez Rothschild, Emmanuel Macron refuse un poste de conseiller ministériel du gouvernement Fillon pour rejoindre la campagne de François Hollande, en qualité de conseiller économique. Son flair s’en trouve récompensé. Deux ans secrétaire général adjoint à l’Élysée, il est ensuite promu ministre de l’Économie et de l’Industrie. Il démissionne en aout 2016 pour se consacrer à son propre mouvement.
Se définissant comme libéral progressiste, il fait le pari de dépasser les clivages gauche-droite en inscrivant sa formation dans un nouveau rapport progressistes contre conservateurs.
Rapidement, le ministre le plus populaire du gouvernement accumule les unes d’hebdomadaires flatteuses et les interviews politiques. Des enquêtes d’opinion viennent confirmer l’attente des Français (35% souhaiteraient le voir se présenter). L’appareil médiatique entretient un faux suspens avant de concéder la « non-surprise » de sa candidature à l’élection présidentielle (1).
Les sondages commencent par le montrer très en retard sur ses concurrents. Cependant, son premier grand rassemblement politique attire plus de dix mille militants et les meetings suivants remplissent les salles avec un succès comparable à Mélenchon. Comme celui-ci, il prend le temps de passer saluer les personnes restées dehors faute de place, avant de rejoindre la tribune. Les sondages gonflent et consacrent l’expression « bulle Macron ». Les éditorialistes s’extasient des cent mille militants recrutés en quelques semaines, sans prendre la peine de préciser que la France Insoumise réalise la même prouesse, et que les cartes LR et PS sont payantes, elles. Rien ne semble endiguer le succès d’En Marche, surtout pas la primaire socialiste que Macron refuse de cautionner. Sur France Culture, les analystes affirment qu’on ne peut plus parler de bulle Macron, mais bien d’un mouvement à part entière. La victoire finale devient une hypothèse crédible.
2) Un positionnement politique idéal
En cette période trouble, les électeurs cherchent du renouveau. Les Anglais on eut leur Brexit, les Américains leur Donald, nous aurons notre Macron !
Plus sérieusement, entre le spectre du FN et la droite ultra conservatrice de Fillon d’une part, et les ruines du PS et la gauche contestataire et contestée de l’autre, Macron occupe un espace politique idéal. La défaite de Juppé aux primaires de la droite et l’abandon de Hollande apparaissent comme deux miracles successifs pour le mouvement En Marche ! Et les bonnes nouvelles s’accumulent. La campagne Fillon bat de l’aile, entre le scandale provoqué par sa volonté de supprimer la sécurité sociale et les 500 mille euros versés à sa femme, l’ancien premier ministre de Sarkozy s’essouffle. À gauche, Benoit Hamon remporte une primaire marquée par une participation en forte baisse par rapport à 2011 (-40 %). L’éviction de Valls, seul candidat susceptible de faire concurrence à Macron, apparaît comme une bénédiction.
Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi le leader d’En Marche peu se passer de véritable programme pour s’attirer les faveurs du système médiatique et les ralliements des anciens Hollandais.
3) Macron, candidat des médias
Sans parler des nombreuses couvertures flatteuses, des multiples émissions politiques chantant ses louanges et des reportages télévisés s’interrogeant dès le mois de décembre du « succès de la machine Macron », ce qui est particulièrement troublant dans le parti pris journalistique qui n’aura échappé à personne, c’est le paradigme imposé aux autres courants politiques. Désormais, tout candidat doit donner son avis sur le phénomène. On demande ainsi à Mélenchon d’expliquer le succès du leader d’En Marche au lieu de l’interroger sur l’engouement tout à fait comparable qui semble suivre son propre mouvement de la France Insoumise (2). Plus fort, lors des débats de la primaire socialiste, et après une mise en scène hollywoodienne qui serait amusante si elle n’était pas aussi grave pour le débat démocratique, les candidats furent invités à parler dix minutes du soldat Macron. Sans l’excentrique Bennhamias, le nom de Mélenchon n’aurait pas été prononcé de l’émission. Pourtant, la question concernait les alliances possibles de la gauche.
Ainsi, Macron se retrouve au centre des discussions, sans avoir besoin de se déplacer. Cela nous rappelle fortement Donald Trump, à l’exception près que Macron rassemble là où Trump divise, et parle de rêve et de positivisme là où l’américain attise les peurs et les haines. Un candidat anti-système plébisicté par le système…
4) Les forces de Macron
Le refus de la logique de parti politique permet à Macron d’apparaître comme le candidat du renouveau, tout en pointant du doigt les calculs cariéristes des cadres du PS. Sa rhétorique particulièrement louable et efficace véhicule un message positif. Contrairement aux populistes de tout poil (cf. « Mon ennemi, c’est la Finance »), Macron ne dénonce rien, à part l’immobilisme et la rigidité du système. Il dit vouloir redonner espoir et liberté aux gens, les aider à développer leur potentiel en se réalisant par le travail. Aucune exploitation de l’Islamophobie, du ressenti anti-européen ou du risque terroriste ne trouve place dans ses discours. C’est tout à son honneur.
Le fait qu’il n’ait pas encore sorti de programme lui permet de garder un atout dans sa manche. Adopter le revenu universel et une réforme fiscale, par exemple, lui permettrait de siphonner les voix du PS sans porter préjudice à la cohérence de son projet.
C’est là son autre force. Macron apparaît comme un individu sincère et fidèle à sa démarche. Contrairement au PS, il ne cherche pas à tromper les électeurs en se prétendant « de gauche ».
Il se revendique comme libéral et rêve d’une société d’autoentrepreneurs en phase avec la révolution technologique. Les mesures qu’il a évoquées jusqu’à présent (possibilité de toucher le chômage en cas de démission, alignement du RSI sur le régime de sécurité sociale…) vont dans ce sens. Des idées neuves, en lien avec une société qui se transforme. Mais qu’en est-il de ses grandes orientations politiques ?
5) Comprendre la politique d’Emmanuel Macron
Sur le site d’En Marche, il réaffirme ses valeurs : travail, liberté, fidélité, ouverture. Il y fustige également les verrous de la société, jugés responsables des difficultés actuelles. Par verrous, il faut bien comprendre les régulations excessives, le Code du travail, les corporatismes, les institutions, les syndicats, la bureaucratie, le modèle social français, toutes ces choses peu efficaces et trop conservatrices (selon lui).
Mais pour bien appréhender la doctrine Macron, il faut examiner ses actes au gouvernement, et ses déclarations récentes.
Macron et l’Économie :
Après avoir été un des principaux artisans des mesures de soutien à la compétitivité des entreprises (CICE, pacte de responsabilité), il met en place la loi Macron, ensemble de 308 mesures cherchant à déverrouiller l’économie française. Le texte d’origine contient la privatisation de certains services publics (gestion du don du sang, transports), une facilitation au licenciement (plafonnement des indemnités), l’assouplissement du Code du travail (travail de nuit et le dimanche) et la libéralisation des professions régulées (notaires, taxi…). Certains articles seront abandonnées (comme la proposition d’enfouissement des déchets nucléaires). Malgré les concessions, l’adoption du texte nécessitera le recours au 49-3.
Madame El-Khomri se voit confier la loi Macron 2, rebaptisée loi travail. Au passage, certaines mesures estimées trop libérales en sont retirées, ce qui conduira Macron à juger le texte trop timide. Une nouvelle fois, l’usage du 49-3 sera nécessaire à son adoption.
Enfin, ses années au ministère de l’Économie sont marquées par de nombreuses privatisations (les sociétés de gestion des aéroports entre autres) et une politique de laisser-faire concernant les dossiers comme Alstom (repris par General Electrics) ou Technip (racheté par l’américain FMC).
Ces choix sont cohérents, ils s’inscrivent dans une logique de libre-échange assumée. Il soutient unilatéralement le CETA et dénonce le blocage du parlement belge qui s’opposait au droit des entreprises multinationales à intenter des procès aux États. Il cautionne l’idée d’un protectionnisme européen sur des cas très précis (l’acier par exemple) mais fustige toute forme de protectionnisme national (3).
Dans une longue tribune publiée dans Le Monde le lendemain du Brexit, il fait preuve d’une analyse particulièrement lucide des causes de désenchantements des peuples européens, à savoir le manque de démocratie, la corruption exercée par les lobbies et la construction européenne faite contre les citoyens. Mais au lieu de tirer les conséquences logiques, il propose une accélération de l’intégration européenne, en particulier sur les sujets économiques (traités de libre-échange avec les USA et le Canada, généralisation de la concurrence, réformes du marché de l’emploi, harmonisation fiscale…). Il se dit favorable au projet d’Europe de la Défense, réponse belliqueuse au problème supposé de la Russie et au danger bien réel lui, de la défiance des peuples européens.
Il considère l’austérité budgétaire et les réformes du code du travail comme une étape préalable à toute négociation avec l’Allemagne pour avancer dans la construction européenne.
Ce libéralisme économique ne va pas aussi loin que celui prôné par François Fillon, en particulier sur les questions sociales. Il affirme vouloir défendre les plus faibles, néanmoins, certaines déclarations sont assez curieuses ( « Je n’aime pas ce terme de modèle social »). En termes de proposition, il suggère de revenir sur le modèle de répartition des retraites (4) et prend position contre le système de la sécurité sociale (5).
Macron croit au libéralisme et se propose d’en appliquer les principes. Sa conception du rôle de l’État est minimaliste (inversion de la hiérarchie des normes, privatisation du secteur public). Il considère l’austérité budgétaire comme seul remède au contrôle des déficits. Il milite pour une politique dite « de l’offre », c’est-à-dire un soutien aux entreprises et aux entrepreneurs combiné à une réduction du droit du travail et une flexibilisation du marché de l’emploi.
Ceux qui cherchent une politique économique de soutien par l’investissement, de relance écologique ou de revalorisation des salaires (politique dite « de la demande», préconisée par l’OCDE et le FMI) devront regarder à sa gauche.
Ses nombreuses mesures innovantes concernent des champs d’applications restreints (6), tandis que sur des questions majeures comme l’avenir du nucléaire ou l’imposition des revenus du capital, il ne précise rien (pour l’instant).
Macron et le sociétal :
Par contre, sur les thématiques identitaires, il se démarque clairement de l’islamophobie propre au FN et au parti républicain. Très « à gauche » sur ces questions, il avait vivement critiqué la proposition de déchéance de nationalité et questionne le prolongement de l’État d’urgence.
Conclusion :
Derrière une volonté affichée de modernisme, on observe une politique de l’offre des plus classique, doublée d’une casse sociale importante qui remet en cause les 35 heures, les services publics, le Code du travail, le système des retraites et la sécurité sociale. Des solutions qui sont appliquées depuis trois quinquennats, sans aucun résultat probant, mais qui ont le mérite d’être cohérentes avec son idéologie. N’allez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !
6) Macron, révolutionnaire ou imposteur ?
Un énarque et ancien banquier d’affaire ayant fait cadeau de 40 milliards d’euros par an aux entreprises sans aucune contrepartie et qui intitule son livre « Révolution » ça a de quoi faire sourire.
Il faut pourtant dépasser ce trait d’audace pour regarder de plus près en quoi Emmanuel Macron propose de faire une « révolution ».
Trois aspects de sa démarche plaident en sa faveur.
Premièrement, Macron va au bout de sa logique de dépassement des partis. Non seulement il a refusé de participer à une primaire socialiste qui lui était a priori acquise, mais il a également claqué la porte au nez du PS en promettant d’aligner des candidats d’En Marche dans toutes les circonscriptions législatives. En clair, aucun accord politicien avec le Parti Socialiste (du style « tu me soutiens, je te laisse des circonscriptions ») n’aura lieu. Preuve qu’il ne fait pas les choses à moitié, plus de 50 % des candidats d’En Marche viendront de la société civile. Ce qui prive les cadres et élus socialistes de point de chute. Une petite révolution dans le monde carriériste des partis politiques.
Deuxième point, son programme contient plusieurs propositions de réformes des institutions. Proportionnelle, contrôle des élus et limitation du nombre de mandats dans le temps sont au menu. Avec Macron, fini les jeux politiciens du type « je te laisse une circonscription » ou « je ne vote pas la motion de censure car je tiens à mon investiture pour les prochaines législatives ». Bien sûr, on est loin de la 6eme république de Mélenchon, Montebourg ou Hamon. Mais c’est un pas vers plus de démocratie et moins de corruption.
Enfin, Emmanuel Macron fait de la politique autrement. Il ne s’embête pas d’un programme (pour l’instant) mais tweet des annonces contre lesquelles il est difficile de s’opposer. Il ratisse large et à moindres frais, comme le démontre la dernière proposition en date : un chèque culturel de 500 euros pour tout français atteignant la majorité. Une idée assez géniale pour encourager les jeunes à aller au théâtre… et faire oublier son libéralisme économique.
7) La Bulle Macron explosera-t-elle ?
Entre des journalistes obsédés par le feuilleton politique, incapables de traiter des sujets de fond, une gauche au discours contesté et François Fillon qui propose un programme économique tout aussi libéral, avec deux tours de clé supplémentaire côté casse sociale, personne ne semble en mesure de remettre en question les orientations de Macron.
Sa candidature a donc de beaux jours devant elle. Seul problème, à force de belles paroles sans prise de position claire, la vacuité du programme risque de se voir. Les mesures annoncées sont intéressantes, mais ne correspondent pas à de grandes orientations types « choc de compétitivité, réduction de la dépense publique et austérité budgétaire (Fillon) », ou « revalorisation des salaires, relance par l’investissement et lutte contre les inégalités » (Mélenchon).
Autre problème, Macron est parfois maladroit lorsqu’il s’adresse aux gens du peuple, les Français « normaux ». Par exemple, il explique sur le plateau de Médiapart préférer que les jeunes des banlieues conduisent des voitures Uber 60 heures par semaine pour un SMIC , plutôt que de « tenir les murs, dealer, ou rester assigné à résidence au RSA ». Le cliché fera plaisir. Lorsqu’il organise un meeting dans une usine, les ouvriers sont interdits d’entrée. Il explique par contre au micro d’Europe 1 que les employés de l’abatoir Gad sont principalement des femmes illettrées ne possédant pas de permis de conduire (7). Quand un syndicaliste l’interpelle, il réplique : « Vous n’allez pas me faire peur avec votre t-shirt, la meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler » (8). Il part visiter la Guadeloupe et tweet une photo d’un enfant rejoignant ses parents « expatriés ». Dans le Nord-pas de Calais, il déplore les ravages de l’alcoolisme et du tabagisme… À chaque déplacement, les populations locales se font maladroitement insulter.
Cela conduit certains observateurs à le juger « déconnecté du réel » telle « une tomate élevée hors-sol » (9). Sans aller aussi loin, nous sommes obligés de constater que Macron évolue dans sa propre bulle. Ce qui pose la question de son aptitude à être proche du peuple, et donc à gouverner. On opposera à ces faiblesses son intelligence, son audace, et sa capacité à innover. Des qualités qui lui permettent d’apparaître comme le favori de cette présidentielle.
Puisqu’il semble passer miraculeusement entre les gouttes de l’orage qu’aurait dû provoquer la sortie du livre « Dans l’enfer de Bercy » l’accusant de détournement d’argent public au profit de sa campagne, il semble probable que la fameuse « bulle Macron » continue de gonfler tranquillement.
Du moins, jusqu’à ce qu’il arrive à l’Élysée…
Conclusion
Le talent de Macron et les circonstances particulièrement favorables lui donnent de sérieuses chances de remporter l’élection présidentielle. Le fait que ce constat s’impose avant même qu’il n’ait révélé son programme en dit long sur l’état de notre démocratie. Mais si cette dynamique le porte jusqu’aux plus hautes fonctions, on ne peut qu’imaginer l’ampleur de la désillusion lorsque la fameuse « révolution » qu’il promet se révèlera n’être qu’un quinquennat Hollande 2.0.
Principales sources utilisées :
- Site d’En Marche
- Interview pour Mediapart du 2 novembre 2016
- Dossier internet « Les Échos »
- Page Wikipedia d’Emmanuel Macron
Notes et références :
(1): Acrimed: http://www.acrimed.org/Le-cas-Macron-un-feuilleton-mediatique-a-suspense?
(2): Voire l’interview sur le grand jury RTL
(3) Voire ce débat à des paroles et des actes (le titre de l’extrait ne représente pas le contenu)
(4) Dossier les Échos
(5) Interview donné à Mediapart (02/11/2017)
(6) Par exemple, Macron propose de donner le droit aux employés démissionnaires de toucher les allocations chômage une fois tous les cinq ans. En théorie, cela permettrait de redonner du pouvoir de négociation aux employés. Mais dans les faits les démissions sèches sont rares (les ruptures de contrat à l’amiable sont de plus en plus fréquentes) et la plupart des démissionnaires ont déjà un emploi sécurisé à côté. Cette mesure spectaculaire ne concernerait qu’un nombre de cas marginal.
(7) https://www.youtube.com/watch?v=KRitMQp7K38
(8) https://www.youtube.com/watch?v=-5yP6jPDjRg
(9) L’économiste et sociologue Frédéric Lordon, lors d’une conférence débat à HEC.
10 réactions au sujet de « Emmanuel Macron président ? »
Bravo pour ta longue et documentée du personnage ! C’est assez drôle de voir celui qui a contribué par son influence à rendre François Hollande impopulaire (les lois macron, travail et cice étant celles qui font le plus débat à gauche) aussi populaire aujourd’hui et dans programme!
J’ai du mal à me faire une idée de lui mais il me fait penser à un pur produit marketing. Il attendra sûrement le dernier moment pour son programme le temps pour lui de prendre le sens du vent…
Merci !
Ironique en effet, mais compréhensible dans un monde où l’on ne s’attache plus qu’aux apparences sans regarder les idées de fond.
Pour ma part je pense que Macron est sincère dans sa démarche, et sa conviction des bienfaits du néo-libéralisme. Les médias en ont fait leur champion par la suite, car de tous les candidats c’est celui qui remet le moins de chose en cause (ironiquement).
On verra, son programme me donnera peut-être tort !
Si tu as la patience, je te conseil d’écouter sa longue interview donnée à Mediapart (les vidéos sont disponibles sur youtube, classées par thème). Le personnage se dévoile un peu plus et le fond de sa pensé est bien exposée par les questions des journalistes.
https://www.youtube.com/channel/UCfJEVOwKzWxWbdYzJvOK6YA
je pense que pour ma part Macron n’est qu’un sous marin de Hollande , qui , en fin analyste politique a conclu qu’il était le seul moyen d’empêcher la droite d’arriver au pouvoir ( et ensuite de lui chercher des poux dans la tonsure !…)la défaite de Valls lui donne raison , Hamon n’ayant aucune chance et lui ayant longtemps empoisonné la vie …Cela explique à mon sens la mansuétude des médias envers Macron ( inféodés au pouvoir bien sur ! )et les coups bas contre Fillon qui pourraient bien être pilotés depuis l’Elysée !…
Bonjour,
On peut se perdre en conjecture en effet. Pour reprendre l’analogie sous-marine, il me semble plutôt que Macron ait torpillé la candidature de Hollande en décidant de faire cavalier seul. J’explique l’engouement des médias du fait qu’il est le candidat qui dérange le moins (ironiquement), et que son positionnement très à droite en matière d’économie et plutôt centre gauche sur le social correspond bien à la sensibilité des éditorialistes.
Sur l’origine des fuites de l’affaire Fillon, cela rejoint ce que j’écrivais sur les fuites des dossiers d’Hillary Clinton attribuées à la Russie (cf dernier article sur Trump). Le vrai problème ne vient pas du messager mais du contenu du message.
La candidature de Macron reste, selon moi, très fragile car elle ne repose sur aucun socle solide. L’électorat LR ou PS s’inscrit dans une longue tradition et constitue un noyau dur autour duquel se greffent les électeurs plus volatiles. Les sondages favorables à Macron peuvent très vite se dégonfler en cas de cafouillage, ou simplement par inertie. Mais c’est clair que les circonstances lui sont de plus en plus favorables !
Un dernier point : je pense que considérer Hollande (et à fortiori le PS, du moins son aile droite) comme une force politique de gauche est une erreur qui fausse l’analyse globale du jeu politique Francais.
Il y a un atout de Macron qui, me semble très mésestimé : c’est sa jeunesse, son très fort charisme (oui, je sais, c’est subjectif) mais je sens que pour une part majoritaire des votants à la future présidentielle, ce charisme marche à fond et aura un impact très fort
En fait, Macron a piqué la place de Vals, de Bayrou. Il incarne en fait, selon mon intuition, le désir depuis très longtemps affirmé de l’électorat français d’être gouverné à une sorte de centre droit
Perso, je crois que c’est quelqu’un de sincère. Je ne suis pas sans ressentir que cela fait un grand bien de voir tout à coup apparaître dans notre paysage politique vieillot, fatigué, usé, ultra corrompu, quelqu’un qui semble dépasser les normes, les conventions, les formatages.
Bon, je sens bien que je m’enflamme un peu, Ah! les émotions!
Néanmoins je persiste et signe. Je crois qu’Emmanuel Macron sera notre prochain président et il y a de très fortes chance que je vote pour lui
Je reste vigilant et ne me fait pas non plus de grandes illusions.
Probable que le candidat Macron réveille en moi le personnage idéaliste
Oui c’est sur que l’emballage est séduisant. Après il faut bien faire attention au contenu de la boite. D’où mon long parragraphe sur la doctrine Macron.
YES
Merci pour votre analyse.
Pour ma part, je fais un parallèle avec la présidentielle de 1974 où, à la surprise générale, avait été élu Valéry Giscard-d’Estaing. Lui aussi incarnait la jeunesse, le renouveau et un style nouveau tranchant avec le milieu politique d’alors.
J’ai la conviction qu’Emmanuel Macron reproduit cette démarche en partant officiellement du bord opposé et aboutira à un mandat identique (s’il est élu, ce dont je doute encore) : fort décevant pour la population, et avec une gouvernance de « gestionnaire » plus soucieuse de défendre les intérêts des entreprises que celles des salariés (pourquoi ferait-il autrement que ce qu’il a fait durant ces deux années en tant que ministre de l’économie ?).
Je pense que ça n’est pas le fait du hasard qu’Emmanuel Macron n’a pas de programme. Je doute même qu’il en présente un, car il sait que cela risque de provoquer de fortes tensions au sein de ses partisans.
Il ne faut pas s’y tromper, sous ses airs de garçon gentil et bien élevé, Emmanuel Macron est avant tout un opportuniste et un ambitieux, plus animé par la soif de pouvoir que par celle de servir son pays et les français.
Bravo et merci pour cette page simple, claire, complète, ni pour ni contre, enfin « propre »! je fais passer.
Pour ma part, je suis pour, bien qu’avec encore des doutes, des zones d’ombres (mais qui n’en a pas) et même si comme beaucoup je suis attiré par un « bon coup de pied dans la fourmillière », enfin du neuf, enfin des futurs députés jeunes, féminins, venant du privé, qui sauront de quoi on parle, et rien que pour ça, je voterais pour lui, pas pour un n-ième mandat d’un vieux briscart des couloirs dorés parisiens.
Il ne pourra pas gouverner sans ces nouveaux députés, donc tentons cette chance unique, on se mordrait les doigts de ne pas avoir essayé.
Est-il un loup déguisé par les grands pouvoirs en mouton? Peut-être… mais non: il ne s’en cache pas, il est fier, a t-il encore dit hier soir, de ses 4 ans en banque d’affaire: au moins comprend-il, lui, de quoi il parle. Et ne s’en cache pas. Et il gagnait bien plus là-bas. Oui, il est libéral.
Mais est-il social, là est la plus importante question? Oui: régime du chômage et de retraites identiques pour tous, plus de planqués, élus compris. Oui: sous pression par un « affreux » patron, je peux démissionner et percevoir un chômage au lieu de finir chez le psy. Oui: je peux enfin être (re-)formé en continu à 40 ans plutôt que de voir mes cotisations de formation continue allouée à ceux qui sont déjà dans un bon emploi. Oui: je peux enfin donner mon avis en direct sans passer par des syndicats politisés qui ne représentent qu’eux-même. Etc.
Bref, cessons les batailles de classes gagnant-perdant d’un autre siècle (de deux siècles, même!), cherchons enfin à réconcilier les français avec eux-même, patrons employés fonctionnaires privés chômeurs élus etc., par une réelle égalité (sécu chômage retraite etc.), une réelle liberté (d’entreprendre), une réelle solidarité (chômage et formation continue).
Avez vous un tel article avec les autres prétendants au trône? Un comparatif? Merci encore!
Merci pour vos encouragements. Il ne vous aura pas échappé que je reste sceptique sur la pertinence économique du programme de Macron, mais je salut volontiers sa cohérence. Chose rare et précieuse en ces jours !
Une chose tout de même, je pense que la notion de « classes » est plus que jamais d’actualité. De par mon travail, je la perçois fortement chez les cadres et les dirigeants de TPE notamment. Mais ils ne se rendent pas compte de son existence, du fait que leur classe a déjà perdu la « lutte ». Disons qu’il existe bien des classes gagnantes et perdantes, mais qu’il n’y a plus de lutte. Pour l’instant.
Sur les comparatifs, je trouve cela très compliqué. Soit on prend le temps de creuser chaque programme à travers des articles comme celui-ci, soit on fait une synthèse des différents candidats (qui aboutit à un article très long, même pour mes standards !). Les tableaux comparatifs et les questionnaires sont particulièrement pervers à mon sens. Le programme du FN a été conçu pour ressortir favorablement dans les tableaux et outils comparatifs par exemple, alors que les mesures sont en général très vagues et une fois mises côte à côte, souvent en total contradiction. On pourrait dire ça de beaucoup de candidats, mais c’est particulièrement parlant dans le cas de Marine Le Pen (elle sait ce qu’elle fait !).
Idem pour les sites qui vous sortent un taux d’accord avec les différents candidats. Il est facile de construire le comparateur orienté vers telle personne. Mais même si l’outil est objectif, en admettant par exemple que l’utilisateur soit d’accord avec toutes les mesures sociales du FN mais ne souhaite pas sortir de l’euro, cela ne l’avance pas beaucoup…
Bien à vous.