Bernard Friot: vaincre macron
1) Une relecture passionnante de l’histoire du modèle social français
Le premier chapitre revient sur la création du modèle social français hérité de la Libération, du point de vue de ses artisans.
En 1945, la CGT et le PCF comptent des millions de militants aguerris par les années passées dans la Résistance. La lutte contre l’occupant nazi et la libération du territoire national avaient principalement été le fait des travailleurs, tandis que le patronat s’était discrédité en collaborant. Suite aux élections de 1946, les communistes deviennent le premier parti de France. À cela s’ajoute la pression politique exercée par l’image de l’URSS, elle qui venait de libérer les deux tiers de l’Europe, de conquérir Berlin et de pousser Hitler au suicide. En clair, le rapport de force ne favorisait pas le capital.
Selon la thèse communément admise, ce contexte aurait permis la création de la sécurité sociale, de la fonction publique, des services publics et des nationalisations dans un grand compromis porté par un gouvernement d’union nationale, jetant ainsi les bases du capitalisme fordien des Trente Glorieuses.
Bernard Friot propose une lecture radicalement différente. Documents historiques à l’appui, il déconstruit ce mythe bourgeois pour nous montrer comment les conquêtes sociales furent acquises au prix d’une lutte acharnée, en particulier au cours d’une période de dix-huit mois durant laquelle les deux ministres communistes disposaient d’une « fenêtre de tir ». Il faudra toute la pression de la CGT pour faire accepter au patronat ce nouveau modèle social dont le caractère profondément subversif et anticapitaliste en fait une conquête véritablement « révolutionnaire ».
La question de la valeur économique au cœur de toute révolution
Pour Bernard Friot, une révolution se définit par l’appropriation de la valeur économique. Non pas comment partager les richesses, mais comment les produire. En 1789, la bourgeoisie renverse la noblesse et met fin au système féodal. Désormais, seules les activités qui rémunèrent le capital à travers des rapports marchands présenteront une valeur économique.
Ainsi, un retraité qui garde sa petite-fille gratuitement ne produit aucune valeur au sens capitaliste, tandis que la même tâche effectuée par une nourrice génère de la richesse comptabilisée dans le PIB.
Pour les communistes, toute activité humaine présente de la valeur. Et c’est autour de cette question que le PCF et la CGT vont mener une révolution (partielle) en instaurant un nouveau système de production « communiste » qui cherche à s’approprier la définition de la valeur économique en modifiant le statut du producteur et en introduisant une nouvelle forme de propriété, dite propriété d’usage.
La révolution communiste française de 1946-47
Bernard Friot identifie quatre institutions communistes qui permettent cette subversion anticapitaliste :
- La cotisation sociale
- L’investissement socialisé
- La propriété d’usage des outils de production
- Le salaire à la qualification (et bientôt à vie)
La cotisation sociale constitue le moteur du système. Elle socialise une part de la valeur ajoutée produite par le capital grâce aux cotisations salariales et patronales.
Cette manne permet de s’émanciper du crédit bancaire capitaliste en finançant directement un système de retraite par répartition, et un système de santé publique capable d’investir massivement dans ses propres moyens de production (hôpitaux, facs de médecine, cliniques…) sans avoir recours aux banques privées ni au crédit.
Dans le secteur de la santé (et, dans une moindre mesure, de l’éducation), cet investissement subventionné par les cotisations sociales permet aux travailleurs de s’approprier leur outil de production. C’est la notion de « copropriété d’usage » qui se trouve alors à ses balbutiements.
Les cotisations sociales financent également les allocations familiales, introduites par Ambroise Croizat et indexées sur le salaire d’un ouvrier qualifié de la métallurgie. Elles reconnaissent ainsi le fait d’élever ses enfants comme une activité économique à part entière, donnant le droit à un salaire déconnecté du marché.
Le quatrième pilier repose sur le salaire à la qualification, via le Code du travail, le statut et les conventions collectives, qui reconnaît le droit à un salaire attaché à la personne en fonction de sa qualification, et non pas de son poste ou de sa performance économique du point de vue du capital. On déconnecte le salaire de l’emploi, donc on met fin au rapport de domination du capital sur le travail, le fameux « chantage à l’emploi ».
Ce système permet de s’affranchir du marché : le salaire d’une infirmière ne dépend plus des fluctuations de l’offre et de la demande de soins, mais simplement de sa qualification, de sa personne. C’est un outil d’émancipation formidable qui attribue à chaque adulte un salaire appelé à évoluer au fil des accréditations. Il fut généralisé pour la fonction publique (avec le grade), mais également dans les services publics d’alors, via les statuts cheminot et électricien gazier.
De plus, en ajoutant le système de retraite qui donne accès à un salaire indexé sur le plus haut niveau de qualification atteint pendant la carrière professionnelle, les retraités continuent d’être rémunérés pour leur contribution à la société. Avec l’introduction de l’assurance chômage, les ouvriers du privé accèdent à leur tour à cette forme de salaire à vie : tout au long de son existence, le travailleur producteur perçoit un salaire déconnecté du marché.
Avec ces quatre piliers, les communistes jettent les bases d’un nouveau système économique : l’investissement dans des moyens de production (la santé, l’éducation, EDF, les services publics…) se passe du crédit. Les travailleurs possèdent leurs moyens de production qu’ils gèrent eux-mêmes, tandis qu’ils perçoivent un salaire à vie indépendant du marché.
Les premières années, les caisses de cotisations sociales sont entièrement gérées par la classe ouvrière, avant que le patronat et l’état parviennent, avec les lois de 1967, à reprendre la main. Et on comprend pourquoi. Pour le capital, la vraie question n’est pas la répartition des richesses, mais bien le contrôle de leur production. N’a de valeur que ce qui valorise le capital !
C’est pourquoi les classes dominantes ont combattu avec acharnement ce modèle communiste, et l’ont affaibli profondément depuis son instauration. Cependant, son caractère hautement subversif fait qu’aujourd’hui encore, les cotisations sociales représentent 500 milliards d’euros (35 % de la valeur ajoutée, contre seulement 10 % à leur instauration) tandis que l’éducation et la santé échappent majoritairement au marché, deux secteurs totalisant près de 450 milliards d’euros de PIB. En ajoutant aux fonctionnaires les retraités et salariés sous statut (EDF, cheminots, personnel de santé…) c’est près de 18 millions de citoyens qui bénéficient encore aujourd’hui peu ou prou d’un salaire à vie, indépendant de la conjoncture économique. Soit un adulte sur trois !
2) La contre-révolution d’Emmanuel Macron
La mise en place du marché commun européen en 1957 constitue une réponse capitaliste à cette révolution communiste. Avec l’Acte unique de 1986, la classe dirigeante achève la création du dispositif contre-révolutionnaire qui va permettre l’accélération des réformes (et la création de l’Union européenne). Le couple Rocard-Séguin va ensuite démarrer le long processus réformiste dont le but n’est autre que de détruire les acquis sociaux issus de la Libération. Du fait de la fausse alternance gauche-droite, cet effort va connaître certains ralentissements, en particulier au cours des années 90. Mais avec Emmanuel Macron, la comédie du clivage gauche-droite prend fin, et les réformes menées par le bloc bourgeois depuis la fin des années 70 vont se poursuivre avec une efficacité retrouvée.
Quel est le but de ce « réformisme » ? Reconquérir le monopole de la production des richesses.
La thèse centrale de l’ouvrage apparaît alors : si le mouvement social va de défaite en défaite, c’est parce qu’il a abandonné la question de la production de la valeur et du statut du producteur pour se contenter de défendre les acquis sociaux (tout en essayant de négocier une meilleure répartition des richesses).
La classe dominante mène une véritable contre-révolution pour reconquérir le monopole de la production des richesses. Parce qu’une attaque de front provoquerait un soulèvement populaire, elle le fait, elle aussi, de façon subversive.
Son offensive repose sur deux piliers distincts, que Bernard Friot explicite par le biais de nombreux exemples dans le second chapitre de son ouvrage.
Réintroduire le règne du marché, remplacer la propriété d’usage par la propriété lucrative
Le premier pilier de la contre-révolution bourgeoise consiste à réintroduire le marché dans tous les secteurs dont il avait été exclu. C’est-à-dire s’attaquer à la question de la propriété des moyens de production.
Tout part du gel du montant des cotisations sociales (débuté en 1979), puis leur diminution et leur remplacement, à chaque fois que cela est possible, par des impôts contrôlés par l’État.
L’objectif est de provoquer des déficits publics (comblés par de la dette privée) qui vont ensuite justifier des privatisations. En 2014, la sécurité sociale avait produit pour 313 milliards de prestations santé pour un coût de gestion de 11 milliards, alors que les complémentaires santé n’ont assuré que 28 milliards de prestations pour un coût de gestion identique (11 milliards), dont 2,5 milliards en frais financiers. Soit une efficacité 12 fois moindre, mais qui valorise du capital privé !
La privatisation des services publics, artificiellement maintenue en situation déficitaire, suit cette logique. Après les télécoms, le gaz et les autoroutes, Emmanuel Macron vend les barrages hydroélectriques (la partie la plus rentable d’EDF), les aéroports de Paris et bientôt la SNCF. De même, après avoir organisé le manque de place en fac et imposé le tirage au sort, les réformistes instaurent la sélection qui met de fait en concurrence les lycées entre eux. Ainsi, un énorme marché s’ouvre au secteur privé, qui peut vendre des conseils aux lycéens pour rédiger lettre de motivation et CV, proposer du soutien scolaire et du coaching pour les oraux du bac. Une activité absolument inutile si on décide d’augmenter les places en fac comme ce fut systématiquement le cas par le passé.
La réforme de l’assurance chômage et de la formation professionnelle est une autre subversion qui permet de sous-traiter au privé la formation des chômeurs (financée par l’État) afin d’améliorer leur employabilité, un concept qui paraît absurde du point de vue du modèle de salaire à la qualification mis en place à la libération. La santé et les retraites sont les deux futurs grands chantiers d’Emmanuel Macron. Dans le premier cas, il s’agit de remplacer la sécurité sociale par des mutuelles tout en organisant le dysfonctionnement de l’hôpital public, afin de créer un besoin de clinique privée. Dans le second, la retraite par répartition qui reconnaissait le retraité comme un producteur touchant un salaire à vie sera remplacée par une retraite individualisée (par point) versant un salaire différé, appelé à terme à reposer sur un système par capitalisation boursière.
Enfin, Bernard Friot note que la désindustrialisation, la casse des services publics et la vente de l’appareil productif national aux intérêts privés étrangers (aéroports, Alstom, Technip, chantiers navals, Arcelor…) permettent d’affaiblir la capacité du peuple français à poursuivre la révolution communiste débutée à la libération en lui ôtant sa souveraineté économique et son autonomie.
Pour imposer de telles réformes, dont il suffit d’observer les résultats aux États-Unis pour se convaincre de leur profonde inefficacité, Emmanuel Macron et les réformistes s’appuient sur un second pilier.
Démembrer le statut du producteur : convertir la répartition communiste en solidarité capitaliste, individualiser les producteurs.
La seconde ligne d’attaque cible le statut des producteurs, dans le but de casser la logique de déconnexion du salaire et de l’emploi instaurée par le modèle de « salaire à vie ». En clair, soumettre la population à la dictature du marché.
Les réformes qui visent à supprimer le statut de la fonction publique (encouragées par le gel du point d’indice et une campagne de dénigrement des fonctionnaires) comme celles qui s’en prennent aux statuts des cheminots, des postiers et électriciens-gaziers représentent la pointe de l’iceberg.
Car les réformistes voient plus loin, avec comme projet de ramener la protection sociale de l’ensemble des producteurs dans le giron capitaliste, en substituant le fameux « chacun paye en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins » par une individualisation des prestations, dans une volonté de briser toute constitution d’une classe solidaire susceptible de combattre la bourgeoisie.
Cette entreprise opère à deux niveaux : les travailleurs aisés reçoivent une protection sociale individualisée et fortement contributive, soumise aux aléas du marché et n’offrant que des droits à du salaire différé. Pour les plus précaires, on refuse l’idée même de leur contribution économique reconnue par le salaire à la qualification pour la remplacer par des aides issues de la solidarité capitaliste.
L’introduction de la CSG comme impôt de solidarité pour financer des minimas sociaux constitue un parfait exemple. Au lieu d’augmenter les cotisations sociales et de poursuivre la dynamique de déconnexion du salaire et de l’emploi, les réformistes refusent aux précaires le statut de « producteur » pour leur substituer celui de « consommateur ». On ne verse pas un salaire, mais un revenu assimilé à du pouvoir d’achat, et vendu comme de la solidarité. Les jeunes sont les premières victimes de ces assauts.
Bernard Friot dénonce ainsi un mensonge d’État. Pour arriver au 25 % de taux de chômage des jeunes, il faut compter uniquement les jeunes actifs, et omettre que les trois quarts des 15-24 ans sont en formation ou suivent des études. Une fois la réalité rétablie, le chômage des jeunes se situe autour de 7,5 %. Cette construction mensongère permet de justifier les mesures « jeunes » se substituant aux accords des conventions collectives qui donnaient le droit à un salaire à la qualification, donc garantissaient une rémunération « normale » à l’embauche. Les jeunes se retrouvent ainsi précarisés et sous-payés, ce qui entraine une pression négative sur l’ensemble des salaires.
La création du SMIC est une autre mesure capitaliste qui nie le salaire à la qualification instauré par convention collective pour imposer à sa place un non-salaire totalement déconnecté de la personne. Largement financé par l’état à travers les exonérations de cotisations patronales, il permet de tirer l’ensemble des salaires peu qualifiés vers le bas. L’aboutissement de cette logique n’est autre que le fameux revenu universel de Benoit Hamon.
Pour vaincre Macron, il faut vaincre Benoit Hamon
La contre-révolution bourgeoise vise donc à imposer aux producteurs les plus aisés un nouveau régime de protection sociale fortement contributif et individualisé, mais pour autant soumis de plus en plus directement aux aléas du marché, tandis que les classes populaires précarisées et sous-payées auront le droit à des minimas sociaux issus de la solidarité capitaliste. Pour qu’un tel système soit tenable, il semble logique d’introduire un revenu de base de huit cents euros qui réduit les producteurs à des êtres de besoin qui continueront à produire de la valeur capitaliste contre un revenu de misère. Si le revenu de base déconnecte le salaire de l’emploi, il effectue cette déconnexion par le bas, alors que le salaire à la qualification effectuait cette déconnexion par le haut en reconnaissant à chaque individu le droit à un salaire à vie attaché à son statut de producteur de valeur.
3) Comment vaincre Macron
Pour vaincre Macron et son monde, il faut commencer par comprendre ce qu’il incarne. Sa contre-révolution cherche à étendre une prise d’otage sur nos vies, en nous soumettant au double chantage de l’emploi et du crédit, nous dépouillant ainsi de toute liberté de décision en matière de production de valeur. Définir ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas, quoi produire, où, et comment : tel est l’enjeu.
Au lieu de se contenter de dire « non » aux réformes de Macron, il faut constituer un « oui » à un nouveau projet émancipateur, écologique, anthropologiquement progressiste et respectueux des territoires. Un tel projet se doit de conquérir des droits nouveaux, d’étendre le champ démocratique jusqu’au coeur de l’entreprise et d’obtenir la souveraineté en matière de production économique.
Pour construire ce « oui », il nous suffit d’étendre le « déjà-là » et de poursuivre la révolution communiste débutée par nos aînés en 1945.
Bernard Friot propose ainsi la création de trois droits nouveaux :
- Le droit au salaire à la qualification attaché à la personne, déconnectée de l’emploi, à vie et à partir de dix-huit ans
- Le droit à la copropriété d’usage de l’outil de production, et le devoir de participer à sa gestion démocratique
- Le droit de participer à la gestion des caisses publiques d’investissement
Nous allons détailler ces trois droits pour comprendre à quel point ils sont puissants et révolutionnaires.
Le droit au salaire à la qualification attaché à la personne, ou salaire à vie
Tout citoyen reçoit à sa majorité politique le droit à un salaire à vie, dont le montant est défini par le niveau de qualification. Le premier échelon, obtenu automatiquement, est fixé à 1500 euros par mois afin de garantir à tous un niveau de vie décent.
Ce nouveau droit permet de déconnecter le salaire de l’emploi, d’en finir avec le chômage (et toutes ses conséquences néfastes) et de rendre attractifs des milliers d’emplois que le système capitaliste n’est pas en mesure de justifier (aide à la personne, production d’une agriculture biologique et locale, transition énergétique, œuvres culturelles, production industrielle de biens durables et recyclables, gestion des déchets…). Il reconnaît à chaque individu la qualité de producteur de valeur.
Bernard Friot propose de généraliser ce droit pas à pas. On peut imaginer l’étendre progressivement aux salariés des services publics reconstitués, aux entreprises gérées en coopératives, puis à des secteurs économiques ciblés. Ce n’est pas par hasard que ce droit se retrouve au cœur des revendications des éboueurs de Paris.
L’auteur propose ainsi de faire basculer les subventions agricoles versées à l’hectare vers des aides attachées à la personne, qui permettraient de payer un salaire à vie mensuel de 1500 euros à nos trois cent milles agriculteurs. Puisqu’il serait déconnecté du marché, ce salaire inciterait à produire autrement, et pour un coût total identique (10 milliards par an).
De même, Bernard Friot insiste sur la compatibilité de son système avec le privé, en prenant l’exemple des kinésithérapeutes et autres professions médicales libérales. Leur formation a été financée par les cotisations sociales, et c’est ces mêmes cotisations qui les rémunèrent à travers le remboursement de leurs heures de consultation. Ils sont ainsi copropriétaires d’usage de leur outil de travail et libre d’exercer comme ils le souhaitent, avec la garantie d’un salaire à vie.
Le droit à la propriété d’usage des outils de production
Que ce soit un ouvrier de chez Renault, un chauffeur Uber, un indépendant, un entrepreneur qui vient de créer sa brasserie artisanale ou un agriculteur bio, aucun de ces producteurs de valeur économique n’est propriétaire de son outil de production. Certains sont directement salariés par les détenteurs de leur outil, qu’il s’agisse d’une plateforme internet ou d’une usine. Les autres travaillent pour rembourser les emprunts et rémunérer le capital prêté par les banques. Tous sont à la merci de la conjoncture économique et du marché.
Renverser ce rapport n’a rien d’utopique. Cela consiste simplement à étendre le modèle appliqué aux secteurs de la santé, de l’éducation et des services publics EDF-GDF tels qui fut mis en place par les communistes à la Libération.
Ce droit peut se généraliser progressivement en offrant aux travailleurs le droit de préemption sur leurs entreprises délocalisées ou vendues, comme le proposait le programme de la France Insoumise. Au fur et à mesure que le capital désindustrialise la France, les travailleurs récupèrent les moyens de production sous forme de coopérative qu’ils gèrent ensuite par une prise de décision démocratique au sein de l’entreprise. Mais pour que la coopérative fonctionne, elle doit avoir accès au financement…
Le droit de délibérer dans la gestion des caisses d’investissement
Sous régime capitaliste, la création monétaire est issue du crédit, c’est-à-dire une signature qui engage l’emprunteur à rembourser (avec intérêt) une somme créée ex nihilo par l’institut de crédit (la banque) et qui ne repose sur rien de tangible ou de matériel (mis à part un ratio de fond propre, que la banque centrale abonde généreusement, elle aussi ex nihilo).
Le troisième droit vise à mettre en place une alternative : l’investissement par subvention publique, financée par les cotisations sociales via des caisses d’investissement. C’est précisément comme cela qu’on a financé la construction de centaines de collèges et de lycées, des dizaines d’université et d’hôpitaux.
Le troisième droit est donc également un devoir, celui de participer à la gestion du financement de l’économie à travers l’arbitrage démocratique des caisses de financement publiques décentralisées.
En mettant bout à bout ces trois droits, nous obtenons un système économique communiste : les producteurs de valeur disposent d’un salaire à vie attaché à leur personne qui garantit leur existence. Propriétaires de leur outil de production, ils deviennent libres de décider quoi et comment produire, ce qui permet de mettre fin aux gaspillages, inefficacités et production destructrice de l’environnement ou de lien social. Cette production est financée par la communauté à travers des caisses d’investissement gérées démocratiquement.
Alors que le système capitaliste nous déresponsabilise et nous réduit à des êtres de besoins en quête de pouvoir d’achat, le système communiste promu par Bernard Friot nous responsabilise et reconnaît à chacun une contribution utile à la société. Il s’agit d’un système particulièrement méritocratique : les entrepreneurs incompétents ou incapables de contribuer positivement à la société se verront refuser ou suspendre leurs financements, les employés laxistes risqueront d’être bloqués dans leur progression de carrière par leurs pairs. Contrairement à ce que l’on imagine, ce système communiste sanctionne durement l’incompétence et la paresse tout en responsabilisant les individus.
Comment mettre en place le système de Bernard Friot ?
Le système décrit par Bernard Friot contient un curieux paradoxe : il est à la fois utopique, tant la société écologique, humaniste et libertaire qu’il propose de mettre en place semble hors de portée ; et pourtant, il s’appuie sur un déjà-là qui concerne un tiers de la population et un quart du PIB.
Comment étendre ce déjà-là ? On peut recourir aux méthodes subversives décrites plus haut, qui consistent à gagner entreprise par entreprise et secteur économique par secteur économique les droits au statut du travailleur et à la copropriété d’usage, par la force de la rue. On peut également mettre en place, comme le proposaient les programmes de LFI, des caisses d’investissement publiques et un droit de préemption sur les entreprises délocalisées pour les transformer en coopératives.
Pour passer à la vitesse supérieure, des économistes comme Frédéric Lordon voient dans les crises financières, le défaut sur la dette et la sortie planifiée de l’Euro une occasion de socialiser le système de crédit pour imposer ensuite ces droits nouveaux.
Bernard Friot propose une autre voie, qui paraît prodigieusement logique au regard de son exposé : continuer la manœuvre de subversion en doublant le montant des cotisations sociales. Pour les PME-TPE, il s’agirait d’une opération blanche, voire gagnante, car le produit de ces cotisations supplémentaires servirait à financer l’activité économique à la place des banques. L’investissement subventionné remplacerait le crédit bancaire avec un avantage considérable : plus besoin de rembourser. Les patrons et leurs ouvriers deviendraient alors copropriétaires d’usage de leurs entreprises.
Là où Friot rejoint Lordon, c’est dans cette idée de refuser de rembourser les capitalistes. Pas les épargnants ou les PME, mais les Bernard Arnault et Xavier Niel. Car le remboursement, comme la dette et le chômage, n’est qu’une construction politique qui ne repose sur rien de concret et devient nul et non avenu dans un système de salaire à la personne et de financement par cotisation.
Pour mettre en place ce programme ambitieux, il est indispensable de faire revivre l’héritage du mouvement ouvrier en créant un sentiment d’appartenance à une classe, celle des producteurs. Vous, moi, tout ceux qui à la question : « qui produit de la valeur économique » peuvent répondre « c’est nous ». De l’ouvrier au paysan, de l’autoentrepreneur au petit patron, du fonctionnaire au chômeur, du cadre supérieur au retraité.
Conclusion
Lorsqu’on découvre le travail de Bernard Friot, on est généralement saisi d’un double sentiment. D’abord un émerveillement devant la richesse de son analyse et l’attrait du modèle alternatif qu’il propose. Ensuite, un profond scepticisme face à ce qui semble constituer au mieux une utopie inatteignable, au pire un délire nostalgique.
Pourtant, ce qui est réellement délirant, c’est bien notre système actuel. Que l’on soit incapable, cinquante ans après mai 68, d’assurer à la population française des droits aussi basiques que celui à la mobilité (la SNCF doit supprimer un quart de son réseau), à l’énergie (la précarité énergétique concerne 12 millions de Français), au logement, à une fin de vie digne (les aides-soignantes d’EPHAD coutent trop cher selon la ministre de la Santé), à l’éducation et la santé gratuite, et à un travail humainement digne, alors qu’on produit trois fois plus de richesse qu’en 1970, voilà qui est absurde.
Tout comme le fait qu’une bonne moitié de notre PIB provient de productions totalement inutiles (qui a besoin de BFMTV, des policiers qui harcèlent nuit et jour les migrants jusqu’en Italie, d’embouteillages faute de trains ?), lorsqu’elles ne sont pas carrément suicidaires au regard du réchauffement climatique et de l’environnement. À quoi bon une mine d’or à ciel ouvert au cœur de l’Amazonie en Guyane, à quoi bon des fermes de dix milles vaches pour concurrencer le bœuf brésilien élevé sur les prairies arrachées à la forêt amazonienne ?
C’est bien Macron et son monde qui sont absurdes et déconnectés du réel. Mais pour en sortir, il ne suffit pas de lui dire non, il faut construire un projet alternatif désirable. Pourquoi pas celui de Bernard Friot ?
***
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Sources :
- Bernard Friot, Vaincre Macron (2017), édition La Dispute (les chiffres et affirmations sont elles même sourcés par Bernard Friot dans son ouvrage, mis à part le contenu de la conclusion).
- La conclusion et certains éléments de la dernière partie sur la mise en place du système de Bernard Friot sont issu de notre propre réflexion et/ou des interviews de Bernard Friot.
- Frédéric Lordon : billet « sortir les parasols »
- Politicoboy : réforme SNCF
Pour aller plus loin :
Outre les livres de Bernard Friot, de nombreuses vidéos et interview sont disponibles sur YouTube. Par ordre d’accessibilité :
- Conférence de Bernard Friot sur son livre Vaincre Macron
- Vidéo du réseau salariat : comprendre le travail de Bernard Friot en 10 minutes
- Vidéo d’Usul sur le salaire à vie
- Interview de Bernard Friot par Aude Lancelin
- Interview de Bernard Friot par Thinkerview
- Conférence à Tolbiac de Bernard Friot et Frédéric Lordon
4 réactions au sujet de « Bernard Friot: vaincre macron »
Bonjour et mille fois merci pour ce merveilleux article.
L’enjeu réside dans le fait de sortir de la matrice du capitalisme. Bernard FRIOT nous en offre la possibilité.
Espérons que son livre inspire bientôt les textes des banderoles dans les manifs…
l’interview de Bernard FRIOT sur thinkerview en Mars dernier :https://www.youtube.com/watch?v=zrS-OkFTLkc&t=9s
beaucoup,beaucoup plus pertinent: https://www.youtube.com/watch?v=ACmcikrwi8Q
15 avril 2018
http://www.liberation.fr/planete/2018/04/15/pour-denoncer-la-pollution-un-celebre-avocat-americain-s-est-suicide-par-le-feu_1643507
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8 AVR. 2018
« Je suis épuisé…
(…)
Mais où se trouvent les Hommes et Femmes de bonne volonté, bienveillants, remplis de force et d’AMOUR?!?!?
15 avril 2018
(…)
Qu' »ils » l’entendent et que nuls ne puisse dire qu’il n’a pas eu l’opportunité de changer de direction, de regarder à l’opposé de ses convictions,… De,… De se dire UNE fois, UNE SEULE fois… Peut-être que c’est moi qui me trompe, peut-être devrais-je laisser faire « l’autre que moi »… (…)
ALLEZ, IL NOUS MANQUE UN LEADER, UN VRAI!
Mais cela va venir.
Cela est déjà venu…
C’est déjà là! »
(Morceau choisis non retouchés). Pour l’intégrale :
https://www.change.org/p/rectorat-acad%C3%A9mie-aix-marseille-sauver-le-cap-h%C3%B4tellerie-restauration-du-lyc%C3%A9e-camille-jullian-de-marseille
Ils se battent jusqu’au désespoir, certains isolés, bâillonnés par la censure, d’autres gazés, tabassés, (chez nous, en France !) ou même jusqu’à mourir pour nous, pour qu’on puisse, enfin, vivre : respirer. On ne peut pas ne pas les avoir entendus ! Nous le leur devons, parce que ce sont eux les vrais Héros ! Il en faudra COMBIEN, avant qu’on ait COMPRIS ? (Nous n’avons, hélas plus le temps d’attendre.)
Alors, si le « LEADER », c’était Nous ?…
Dans le « cas d’École de la SNCF », on a bien vu la limite de se battre jusqu’à s’user uniquement pour son poste, son entreprise, sa corporation, sa « chapelle » : les témoignages des cheminots sont éloquents, ainsi que ceux d’autres acteurs de services publics ayant subi, impuissants, le même sort jusqu’au bout. L’Histoire se répète.
Quant aux autres, chacun y va de sa petite objection, dans son intérêt – croit-il.
Les peuples, bien aidés il est vrai par les grands médias d’État, ont en effet du mal à voir, à décrypter combien le « différent » est en réalité semblable car transposable à leur propre problématique, y compris du moment ; et combien chaque cause ou presque est une cause juste. Ce chacun pour soi est perdu d’avance, car le but en soi n’est pas le bon. Certains l’ont compris.
On stigmatise les pseudo-inégalités en cédant à l’injonction déguisée en reproche infantilisant « c’est pas bien d’être jaloux !», au cas où certains auraient échappé au réflexe requis, parce qu’on a perdu depuis longtemps l’unique vecteur d’Égalité : la Fraternité. Macron, et tous les autres avant le savent bien, eux qui ont tout orchestré pour en annihiler la moindre velléité.
Loin de tout angélisme, religion il n’y a en effet pas d’arme plus redoutablement efficace pour défendre ses propres intérêts – à condition toutefois de le concéder aussi aux autres -, et donc, in fine, pour défendre sa propre Liberté ! Car ces concepts n’ont pas été accolés par hasard : ils sont indissociables, intimement tricotés. Et il n’y a pas de « petites gens » dans la solidarité ! Parfois même, il y a de grands Humains :
https://www.youtube.com/watch?v=zzCT7OQ8P9Y
Où ceux qui ont le moins possèdent le plus. (Pourquoi ils sont dangereux…)
Ainsi de la Zad, dont la démonstration d’une possible vie autonome et radieuse hors système est le plus grand camouflet, et le pire cauchemar infligé aux (im)puissants du monde entier : le spectre, la promesse de leur ruine annoncée ! Bonne nouvelle : à les voir déployer autant d’artillerie ridiculement lourde pour écraser un microbe, on réalise alors combien c’est Nous, les vrais Puissants !
On rappelle volontiers que la peur n’éloigne pas le danger, mais on évoque peu les crimes de l’aveuglement dont l’Histoire est tissée. La honte, sans doute… On préfère décerner des médailles ! La seule vraie faute serait de ne pas reconnaître son erreur ! Et là, il y a urgence : en 5 ans de macronisme, n’en déplaise aux égoïstes, aux naïfs, aux orgueilleux, aux manipulés, aux « courte vue » : aux imbéciles, la France va finir en kit et eux avec, c’est signé d’avance (c’est même acté en haut Lieu…) ! Et en point d’orgue, cercueil, on aura, avec les autres autour (si pas déjà…) le FN, qui a trouvé son « nouveau NON !», définitif.
Tandis que les oligarques, les 1 %, grâce aux petits nantis serviles, ces mêmes imbéciles (leurs marchepieds le-nez-dans-le-guidon, leurs bras armés, leurs fusibles : leurs « collabos » qui finiront en essuie-pieds et sans la moindre miette – si pas ensuite, « tondus ») auront bien, eux, assuré leur retraite, dans les deux acceptions : ils se construisent déjà de nouveaux « paradis », artificiels vu qu’ils ont presque tout détruit, avec VOS dividendes.
Ils croient sans doute la nature tout aussi corruptible que les humains. Quel beau suicide de milliardaires ! C’est avoir oublié qu’elle n’a pas besoin d’eux.
Mais nous non plus ! Nous qui n’avons pas un coffre-fort à la place du cœur, vu qu’il n’y a rien à y mettre, ou si peu – leur ERREUR…
Certes, avant d’agir, mieux vaut d’abord comprendre, on l’a bien vu avec les néo-macronistes-embrigadés. Vous êtes au bon endroit :
Ce Blog, avant tout politique au sens noble du terme, constitue un puzzle où chaque nouvelle pièce trouve sa vraie place, provisoire, pour réinterroger, puis nous aider à redessiner un nouveau paysage encore plus réaliste : le nôtre. On réalise ainsi combien tout est systémique ! Et il ne s’agit pas seulement d’une cohérence sur la base de convictions partisanes assumées, mais d’une capacité bluffante de mettre cette cohérence à notre service, comme un outil en soi. Autant « d’articles », autant de signifiants conduisant à une appréhension plus fine et prospective de ce qui va nous arriver si nous ne faisons rien, tant certaines hypothèses logiques se sont hélas réalisées !
Et non seulement, il nous cherche encore des solutions !
Ainsi, tout y est, ou esquissé, comme dernièrement dans « Vent de révolte aux USA » et « March for our lifes » :
L’affaire Weinstein est peut-être le plus gros pavé dans la marre de Macron et son monde, une bénédiction pour nous : la désormais presque* moitié de la population mondiale a commencé à lever le voile originel…, pour soulever le couvercle de l’oppression. Enfin, on nous écoute, et même on nous entend. Il était temps ! Aussi, il n’a pas fini de faire des ronds dans l’eau, des ricochets, l’énorme pavé !
Cette moitié, qui sait compter, et qui n’est plus seule car ils sont nombreux ceux qui ont enfin compris qu’il en va de leur intérêt, en plus de leur survie*. Et pour la plus grande cause nationale du quinquennat français, le compte non seulement n’y est pas, mais il se fait à rebours, loi Travail oblige : donc, Loi tout court.
Maintenant, reste à savoir pour qui, le compte à rebours… car il n’est pas de « vent » plus contraire à la mondialisation, au néo-libéralisme qu’une réelle égalité entre les femmes et les hommes, donc entre TOUS les Humains ! Pourquoi jamais ON ne nous l’octroiera ! Pourquoi ceux qui l’endossent le paient si cher, ces temps derniers, chez nous… Pourquoi il faudra l’arracher !
Car sans doute Aragon parlait-il plus « d’Avènement » que « d’avenir » quand on voit ce que les sous-hommes ont osé faire à la planète, à ses femmes, et à ses enfants ! (Alors, à ses animaux…) *Et on y est : les femmes sont désormais minoritaires. Il faut dire qu’au rythme d’une tous les trois jours rien qu’en France, « par amour », c’est sûr, ils finiront par avoir notre peau ! (On en est à devoir créer notre propre « Agence de survie » (1) bénévole !). Mais juste après, faute de ventres, ce sera leur tour…
Ainsi, le sous-homme, riche ou pauvre conduit-il toujours à l’extinction du Mal(e) : lui-même. Et peut-être l’Homme n’est-il en effet rien d’autre qu’un accident malheureux, un bug immonde et transitoire de la nature, qui après, comme on dit, reprendra « ses Droits ».
Ou nous pouvons aussi décider ensemble, il y a des signes, d’une cohabitation sécure et pérenne, puisque d’aucuns continuent de « commettre » des enfants : on a quand même une fâcheuse propension à déposer nos œufs sur un volcan, ou dans une décharge ! Aucun animal digne de ce nom n’aurait une telle stupidité, sauf pour le bien de sa progéniture ! Pourquoi les animaux s’éteignent quand nous, proliférons. Pourquoi aussi on les massacre : rien qu’à les regarder, ils sont une leçon. Et non content, on les torture, sans doute à cause de « l’Anima (2) ». C’est dire s’ils ont raison !
Après la Zad, « foncièrement » apatride, écologiste voire animaliste, mais avant tout démocratique et revendiquée « féministe » : 1er symptôme ; le fait qu’on en soit « réduit » à devoir écouter, mi-hébété, mi-honteux, mi-épaté, même pas encore une femme, une adolescente nous faire la leçon des choses de la vie au juste nom du bon sens, la paix, aux Etats-Unis : 2ème symptôme ; le fait que des étudiant.e.s de haut vol, notre propre « fleuron national de la Politique», dans une écriture inclusive qui pour elleux va de soi, se dénoncent elleux-mêmes comme les « Pur.e.s » produits de la honte de la Sélection, condamnés à se dupliquer jusqu’à la sclérose, vomissent l’indigence d’un prêt-à-penser crade jusqu’à la nausée, à en crier famine d’humanité : 3ème symptôme. (Il ne fallait pas laisser l’agneau pernicieux des banlieues, la « gangrène », la Graine humaine de la Cité exploser la tanière operculée !)
Que nous disent-ils tous, en plus de ces derniers qui ne veulent pas « finir » comme Macron en passant par là où il a commencé ? Ils nous disent la vérité : « Nous ne voulons pas (il n’y a pas lieu d’avoir) être président.e de la république !» ; et « plutôt que de tricher pour être chacun.e pire que tout.e.s les autres pour mieux les dominer, les exploiter, nous préférons chercher ensemble en probité à être au meilleur de nous-mêmes pour mieux nous entraider, et ressemer ! ».
Ultime symptôme détonateur enfin, comble du fond de la bêtise : que le Père indigne de la Nation lui-même se rende au bout de la folie, n’ayant plus d’autre choix pour réprimer la graine de survie, que de bastonner les nouveaux enfants de « sa » République (soit, en passant, les VÔTRES, s’arrogeant jusqu’à votre plus odieux « privilège » …). Plus d’autre choix que de bâillonner la jeunesse (ce « Printemps », aussi le Nôtre…), cette jeunesse déniaisée parce que trahie, abandonnée ; éclairée ou suicidée parce que tronquée du Rêve Adolescent édificateur de notre seul fait, par notre seule cécité. Cette jeunesse qui n’a plus pour étendard ni bouclier que la Fraternité/Sororité. C’est le meilleur pire qui pouvait nous arriver, la sublime Révélation au bord du gouffre : le syndrome paroxystique du grand désarroi, par la déchéance où nous (nous) sommes rendu.e.s !
Tout nous indique donc que c’est Notre ultime « momentum », et qu’il convient de ne pas le manquer ! La planète ne nous attendra pas, Vos enfants non plus.
Tous ces nouveaux Humains, qui se revendiquent foncièrement égaux et par le fait, altruistes, nous donnent à voir que l’on peut conjuguer enfin pour un Futur commun la noblesse de l’intelligence dite du cœur avec l’acuité édifiante de celle de l’esprit : l’intelligence Humaniste, la seule qui voie loin, celle qui construit.
« Bête et méchant » trouve enfin son pendant, sa complétude, jusqu’à sa propre « égalité » dans le dictionnaire : son Équité. Alors, puisque c’est (r)établi maintenant, je peux citer notre doublement grand slameur national, qui ne boite que de la jambe, lui : « ça peut chémar ! ». (4)
Car je n’ai jamais eu autant d’espoir ! Pour la première fois, je trouve que des humains, en groupe, mieux, en meute sauvage, sont Beaux, et Belles ! Ils me réjouissent le cœur, et j’aime cette beauté nourrissante qui me remplit d’insatiable ! Est-ce parce qu’il est trop tard ?… Pour moi ? Pour eux ? pour Tous ?… Mais est-ce qu’on a le droit de les abandonner sans avoir au moins essayé ? Ils sont Notre MEILLEUR, notre Avènement, ils MÉRITENT notre meilleur ! Vous n’allez pas les laisser seuls, quand même !? Moi, qui à 19 ans avais jugé du fond de mes tripes que ce n’était déjà pas un monde « à mettre un enfant dehors » – pourtant alors un paradis incomparable à l’enfer d’aujourd’hui -, je me retrouve à devoir m’inquiéter des vôtres ! Quelle injustice !!! Vous n’allez pas me laisser seule, quand même ?! Je ne sais même pas torcher un enfant ! Mais je ne sache pas non plus que c’est à moi de le faire.
Vous n’allez donc pas Nous laisser seul.e.s !
Alors, rêvons un peu, mais rêvons concret et rapide – pour tout vous dire j’ai peu de temps, il me FAUT un printemps, Ce Printemps, car je ne verrai pas l’automne dans ces conditions : Macron m’a déjà éradiquée de la carte. (Cf. l’ultime et seule réforme non répertoriée ici parce qu’impensable ici). La seule ordonnance non annoncée, celle des vraiment « rien », soit de ces « moins que rien », les irrécupérables : « même pas de bons esclaves, ceux-là ! », tant elle est celle de l’abstraction, (comprendre soustraction) dans son esprit même. L’ordonnance passive de l’innommable indicible dessein, sa solution finale, « Sein Kampf », et son ultime jubilation : après vous être tous laissés essorer, Vous serez les premiers à nous lapider ! Puis vous serez nos remplaçants… avec vos CDD de chantier, vos contrats de projet étayés sur les fameux « baux mobilité » de perdition dans l’univers, obligatoires. (Dommage que je ne sache pas dessiner, tant l’image de la chute massive et précipitée est nette pour moi : genre Babel, vous voyez ?). Autant dire que ça va « gazer » pour beaucoup, puis beaucoup, et encore beaucoup de monde ! Ils va en falloir, des trains !… Bon courage !
À moins qu’ils ne démarrent plus.
En cas de Demain, donc, dès aujourd’hui on ne peut plus faire du neuf avec du vieux, vous l’aurez compris. Il faut tout changer, repenser et panser nos bases, tout (re)mettre à l’endroit (changer la hiérarchie) et à la bonne échelle, à commencer par soi-même !
Pourquoi pas alors s’appuyer sur un tel projet maturé pour nous depuis des années, que celui offert ici en prêt-à-porter, et « illuminé » à la mesure de notre nuit errante ; tout aussi Révolutionnaire, qui nous réhumanise, qui nous sécurise, pour que la Peur change de camp ? Parce que c’est elle, (toutes les peurs) qui nous a séparé.e.s.
Et en veillant cette fois à ne plus jamais laisser déséquilibrer pour tomber notre Trépied fondateur hérité, notre « fierté » dé-méritée, usurpée car laissée aux mains des dévoyés !
Je propose d’ores et déjà d’en inverser l’ordre (seule la Connerie est gravée dans le marbre) pour ne plus oublier : FRATERNITE, EGALITE, LIBERTE, parce que c’est de la première que naît l’évidence de la deuxième, et que la dernière n’est que la résultante des deux précédentes, incarnées : elle doit se mériter.
En attendant mieux encore, réellement égalitaire quand nous serons prêts, notre ultime Graal « unisexe » : HUMANITE. Ça, c’est pour le sur-mesure de la Haute Couture, vu que c’est « Notre » projet, mais il va d’abord falloir beaucoup « poncer »…
Alors, pour commencer, et en urgence, que celleux (3) qui, solit*aires se sont usé.e.s jusqu’ici en vain pour leur propre « cause perdue », relèvent donc les bras pour d’autres causes ! *ça tient à une seule lettre, pas par hasard, j’imagine (elles sont nombreuses mais en fait UNE : la Nôtre), qui loin de les déposséder feront par ricochet, c’est certain, avancer la leur ! Il n’en tient qu’à nous, individuellement, et ça, c’est exaltant !
Il n’y a pas d’autre issue.
P. S. : il y a urgence avant qu’on nous rende les coups de SA guerre doublement « pas déclarée », l’iranienne qui nous arrive maintenant sur le coin du nez, sans compter celle de Religion qu’il vient d’initier. Ne nous y trompons pas, la cible, c’est toujours Nous, le Peuple : il a vendu la France à l’Ennemi. Autant dire, on est cerné, et la « fenêtre », étroite : un trou de souris efflanquée. (Notez, ça tombe bien : il a déjà commencé à nous affamer… on sera affûté pour le grand rendez-vous de Mai !)
(1) Le Groupe F
(2) Anima : « L’anima (du latin anima « souffle, âme », d’où vient le terme animal) est, dans la psychologie analytique du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la représentation féminine au sein de l’imaginaire de l’homme. Wikipédia
(3) Oui, « que celleux », que c’est laid ! Comme la « différence » : parce qu’on ne la (re)connait pas… encore, car pas encore apprivoisée, mais « autrement » plus jouissif qu’avec Macron et sans elleux !
(4) Grand Corps malade – Ça peut chémar (mais il est déjà) midi 20
https://www.youtube.com/watch?v=2o_BOMFyz-Y
L’Hymne des femmes (Montez le son, car là aussi, ils ont eu peur de notre Cri !
https://www.youtube.com/watch?time_continue=21&v=Rx4h1XsghsY
Nos Amis les Génies-médecins (non du corps, mais de l’âme !)