Les USA votent Mélenchon

Les USA votent Mélenchon

Depuis les USA, les soutiens à la candidature du porte-parole de la France Insoumise se multiplient. L’occasion de livrer notre propre position, et d’en expliciter les raisons.

Éviter le scénario du pire

Par bien des aspects, et en dépit de toutes les caricatures et amalgames qu’on pourra déplorer, la candidature de Jean Luc Mélenchon ressemble à celle de Bernie Sanders. Or, aux États-Unis, le camp progressiste ou démocrate se divise en deux catégories. Ceux qui imputent la défaite d’Hillary Clinton aux révélations Wikileaks sur les liens étroits de la candidate avec Wall Street, au soi-disant parti pris de la presse à sensation, aux « fake news » et à l’intervention du patron du FBI à dix jours du scrutin. Ces éléments ont surement joué à la marge, mais masquent l’effarante réalité d’une élection qui aurait dû être une promenade de santé pour Hillary Clinton et s’est transformée en défaite humiliante.

De l’autre, les progressistes réalisent qu’en opposant à Trump un candidat néolibéral, défenseur des intérêts financiers et du statu quo, les classes populaires délaissées par la mondialisation se sont reportées sur la seule différence qui s’offrait à eux face à l’éternelle alternance de partis politiques trop similaires. Ces progressistes s’appuient sur les sondages pré élection et les enquêtes post élection démontrant que Bernie Sanders aurait battu à plate couture Donald Trump pour taxer le choix d’Hillary Clinton de tragique erreur historique.

Bernie Sanders en meeting durant la campagne 2016

Ainsi, celui que beaucoup considèrent comme le philosophe et sociologue le plus influant de notre temps, Noam Chomsky, lance avec d’autres intellectuels une pétition sur internet pour appeler les Français à voter Mélenchon dès le premier tour. Afin d’éviter un remake du scénario de « second tour » Trump/Clinton à travers une polarisation Le Pen / Macron ou Le Pen / Fillon.

Bien entendu, c’est avant tout le contenu du programme de Mélenchon, en particulier sur les questions environnementales, géopolitiques et sociales qui les ont séduits.

Julian Assange et les partisans de la liberté d’expression

Seul candidat favori ayant promis d’offrir l’asile politique aux lanceurs d’alerte Edward Snowden et Julien Assange, Mélenchon s’attire les faveurs des partisans de la liberté d’information et de nombreux collectifs de soutien de ces hommes à qui l’on doit tant de révélations éclairantes. Les ONG telles qu’Amnesty International sont ainsi unanimes dans leur plébiscite du candidat que de plus en plus d’Américains nous envient.

Parmi les soutiens aussi inattendus que folkloriques, on compte de nombreux acteurs, mais également des personnalités engagées dans la lutte contre la souffrance animale, dont la plus connue d’entre elles n’est autre que Pamela Anderson.

Les Français expatriés

Que les anciens soutiens de Bernie Sanders prennent position pour Mélenchon dans une émouvante tribune du journal Le Monde quoi de plus normal ? Mais ce qui nous a particulièrement surpris reste l’engouement des Français expatriés aux USA.

En premier lieu, mentionnons les appuis médiatisés, comme ces entrepreneurs partis vivre le rêve américain dans la Silicon Valley. Leur appel formidablement argumenté au vote Mélenchon plébiscite un programme résolument tourné vers l’avenir et calibré pour permettre la naissance, en France, d’un terreau d’innovation comparable à ce qu’ils apprécient en Californie. Pas si communiste que ça, la France Insoumise.

Mais plus marquant à notre niveau, de nombreux Français vivant au Texas, paradis du libéralisme et de l’individualisme, avouent avec enthousiasme voter Mélenchon. L’exposition aux inégalités qui font rage aux USA et le modernisme du candidat semblent les séduire autant que son engagement pour l’écologie. Faut-il y voir un paradoxe dans la capitale de l’industrie pétrolière mondiale ? Au contraire, plus certainement une prise de conscience réaliste.

Dépités par la vente du fleuron industriel Technip à la société américaine FMC, pourtant deux fois plus petite, de nombreux amis travaillant pour cette boite rejettent en bloc le candidat Macron, responsable de ce bradage technologique orchestré début 2016 par son ministère. S’ils ne votent pas nécessairement Mélenchon, il se passe clairement quelque chose de surprenant, une sorte de prise de conscience qui dépasse les clivages traditionnels de la politique française !

Pourquoi Politicoboy vote Mélenchon

Cette décision, fruit d’un long cheminement intellectuel partagé dans les colonnes de ce blog s’est lentement mais surement imposé comme une évidence de bon sens. Par souci de transparence et au risque de perdre la moitié des lecteurs, je tenais donc à partager ce choix.

Les raisons sont multiples, mais peuvent se résumer simplement. Pour une fois, une véritable différence s’offre à nous. Non pas le prolongement des politiques austéritaires, interventionnistes et néolibérales de Francois Hollande avec un visage plus neuf, ni le racisme et la xénophobie au service des intérêts financiers de Marine Le Pen ; mais une vraie différence progressiste qui promet de mettre l’écologie et la lutte contre les inégalités au cœur du projet politique. Pour répondre à ces exigences, le programme économique passe par une remise en cause nécessaire de la construction européenne. Non pas dans une logique destructrice, mais au contraire dans une volonté coopérative. Plus de 130 économistes soutiennent une stratégie et un programme cohérents qui s’appuient philosophiquement sur les recommandations du FMI et de l’OCDE. L’expérience portugaise qui vient, en 18 mois, de réduire son déficit en augmentant les salaires et diminuant le temps de travail, confirme la pertinence de ce choix. Pourquoi pas nous ?

Bien sûr, ni Mélenchon ni le programme ne sont parfaits. Certains trouveront les deux trop excessifs, trop « socialistes ». D’autres déploreront son manque d’audace et sa timidité dans les propositions qui n’envisagent pas, par exemple, la nationalisation des banques.

Mais au-delà des détails programmatiques sur lesquels il serait dommage de bloquer, la promesse de changer la constitution offre une formidable bouffée d’air. La possibilité de lutter efficacement contre la fraude fiscale, mais surtout de ne plus jamais avoir à voter pour « le moindre mal » par peur du spectre fascisant du FN. L’opportunité de ne plus se retrouver avec un candidat mis en examen tentant de forcer son élection. La chance de ne plus jamais élire un président qui gouverne cinq ans de façon diamétralement opposée à son programme, allant jusqu’à instrumentaliser un fait divers survenu sur les Champs Élysées pour mettre en péril notre démocratie.

Une vidéo vaut mieux qu’un long discours, et puisque je souscris à 100 % au contenu, je vous laisse la savourer et m’en vais randonner dans le Colorado, en espérant que le futur nous réserve à tous un grand bol d’air ! 

On se retrouve dans quelques jours !

 


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *