Donald Trump sonne la charge

Donald Trump sonne la charge

La présidence de Donald Trump vient de passer le cap des trente premiers jours. S’il est virtuellement impossible de fournir un récit détaillé et exhaustif de ses premiers pas, il se dégage de l’agitation constante certains enseignements qui portent à croire que le monde, notre monde, vient d’entrer dans une ère nouvelle. À travers deux points de vue opposés, retour sur les débuts d’un président qui marquera nécessairement l’Histoire.

 

1)  L’investiture hautement symbolique de Donald Trump

Le 20 janvier 2017, Donald Trump prête serment sur la Constitution et devient le quarante cinquième président des États-Unis d’Amérique. Son discours d’investiture annonce la couleur. Dans une ligne parfaitement fidèle à celle de sa campagne présidentielle, le magnat de l’immobilier prétend rendre le pouvoir au peuple. Il affirme le mot d’ordre de sa présidence, « America First » avant de se lancer dans un portrait apocalyptique de son pays, dont les villes seraient ravagées par le carnage causé par la criminalité galopante et dont l’économie serait sur le point de vaciller. Les emplois fuient hors du pays, les immigrants envahissent le territoire, mais à partir de ce jour historique, les choses vont changer (1).

Choqués par un discours basé sur une conception de la situation de la nation américaine aux antipodes de la réalité, la réponse des médias et des opposants ne se fait pas attendre. Les chaînes de télévision reprennent en boucle les photos partagées sur les réseaux sociaux qui démontrent la faible importance de la foule venue applaudir Donald Trump, comparée à celle présente pour l’investiture d’Obama.

Photos aériennes des cérémonies d’investitures de Trump et Obama (Photo PBS)

Le lendemain, près de cinq millions d’Américains marchent dans les principales villes du pays pour manifester contre la présidence, sous le cri de ralliement « women march against Trump» (les femmes protestent contre Trump). Il s’agit du plus grand rassemblement de l’histoire du pays, rien que ça.

Le milliardaire fulmine et conteste avec force les photos aériennes. Devant les cadres de la CIA réunis dans la salle étoilée, lieu commémoratif destiné à rendre hommage aux agents morts sous couvert de l’anonymat, Trump se lance dans une vocifération sur le mauvais traitement que lui réservent les médias, avant d’affirmer qu’il a vu des millions de personnes devant lui à son discours d’investiture. Les cris des groupies qu’il a payés pour venir applaudir ses sorties face aux caméras constituent l’insulte suprême reçue de plein fouet et en silence par les hommes et femmes des services secrets abasourdis par le niveau de la discussion (2). L’ancien chef de la CIA témoigne d’une humiliation qui ne peut s’expliquer que par un manque total de préparation, en particulier en ce qui concerne le choix du lieu.

Ce premier weekend symbolise parfaitement la présidence qui s’annonce. Négations des faits les plus élémentaires, attaque frontale contre la presse, improvisation maladroite, aliénation des principaux organes gouvernementaux, et opposition massive des Américains qui ne se retrouvent pas dans ce nouveau président.

 

2) Une brute à la maison blanche

À peine remise du choc de l’investiture, la presse doit faire face à une pluie de décrets signés lors de mises en scène dignes des finales d’émissions de télé-réalité qui ont fait la popularité du président.

La constitution américaine permet au chef de l’État d’étendre le champ d’application des lois déjà en place, mais pas d’en écrire des nouvelles sans l’approbation du parlement. Ainsi, certains décrets ne sont que des vœux pieux sans aucune valeur juridique ni conséquence politique concrète. C’est le cas de l’executive order demandant la construction d’un mur à la frontière mexicaine, ainsi que des décrets appelant la suppression de la couverture santé Obamacare ou le démantèlement des régulations appliquées aux banques après la crise financière de 2008. Mais dans certaines instances, les décrets présidentiels portent directement à conséquence. En particulier, la fameuse interdiction d’entrer sur le sol américain imposée aux ressortissants de sept pays musulmans.

Cette décision, orchestrée en secret par Stephen Bannon (le conseiller spécial connu pour son appartenance au courant néo-nazi promouvant la supériorité de la race blanche – les « white supremacist ») prend tout le monde de cours. En particulier, les ministères concernés et le service des douanes. Forcés d’appliquer le décret sous peine de perdre leurs emplois, les fonctionnaires des aéroports sont obligés de retenir des centaines d’immigrants légaux dans les terminaux. Les compagnies aériennes annulent les billets de milliers de clients, des centaines de réfugiés ayant reçu l’autorisation d’immigrer se retrouvent du jour au lendemain cloués au sol, dépouillés de tout bien matériel après avoir vendus leurs dernières possessions. Des centaines de milliers de ressortissants vivant légalement aux États-Unis se voient forcés d’annuler leurs projets de voyage, par peur d’être refoulés à leur retour.

Photo Politicoboy

Une fois de plus, la rue répond avec force et la presse relaye amplement les mouvements contestataires. Deux autres contrepouvoirs viennent rejoindre le rang de la résistance. Les multinationales de la Silicon Valley, poussées par leurs employés majoritairement solidaires, voire directement impactés par le décret, et le système judiciaire.

Le cas de l’entreprise Uber est particulièrement éclairant. Découvrant que leur PDG fait partie de l’équipe de conseillers économiques de Donald Trump (avec de nombreux autres patrons des géants des nouvelles technologies, l’emblématique Elon Musk en tête), des centaines de milliers d’utilisateurs désinstallent l’application en quelques heures. Les employés, témoins de l’effondrement soudain du chiffre d’affaires, alarment leurs dirigeants tandis que les pétitions au sein de l’entreprise trouvent un écho sans précédent. Même les chauffeurs font remonter par canaux internes leur colère. En quelques heures, le patron de Uber cède sous la pression (3), et publie un mail d’excuse dans lequel il annonce quitter l’équipe des conseillers en remerciant ses employés de l’avoir rappelé à ses valeurs (sic).

Le sursaut judiciaire est moins spectaculaire, mais plus efficace. Plusieurs juges proclament le caractère illégal de l’ordre et permettent de « libérer » des centaines de voyageurs en règle, dont certains revenaient simplement de vacances. Quelques jours plus tard, c’est le décret lui-même qui saute. Les affaires reprennent, mais les conséquences de cette lutte se font ressentir pendant des jours.

Trump fait appel par deux fois aux décisions de justice, et critique avec une violence et une détermination inouïes les juges ayant osé lui faire front. « S’il y a un attentat, vous serez responsable » vocifère-t-il sur Twitter en offrant implicitement la tête des magistrats à ses militants les plus radicalisés. Quant à la presse, Stephen Bannon la désigne comme « le parti d’opposition » et lui conseille de « la boucler ».

La politique internationale n’est pas en reste. Les accidents diplomatiques se succèdent (Chine, Mexique, Australie…) pendant que la Maison Blanche fait marche arrière sur plusieurs propositions lancées à la légère, provoquant la consternation des observateurs devant le niveau d’improvisation de l’équipe gouvernementale (4).

Comme si cette dernière pouvait faire l’économie de l’expérience, les démissions des hauts fonctionnaires s’enchainent. En particulier, ceux qui sont simplement virés par Donald Trump après avoir marqués leur opposition. (5) Les postes d’administration vacants s’additionnent aux fils des jours tandis que le président peine à faire accepter les nominations des remplaçants.

 

3) La résistance parlementaire

Pour constituer son équipe gouvernementale, Trump doit faire approuver chaque candidat par le sénat. Bien que celui-ci soit à majorité républicaine (52 sénateurs contre 48), les démocrates font essentiellement front commun pour ralentir certaines nominations et prolonger les auditions.

Après l’opposition de deux républicains, la ministre de l’Éducation Bestie Devos ne doit sa confirmation qu’au vice-président Mike Pence et son pouvoir d’arbitrage en cas d’égalité des votes. Femme d’un multi milliardaire, lobbyiste spécialisé dans le détournement des budgets d’éducation publique au profit des écoles privées (les très contestés Charter School), elle avait effaré le Sénat en démontrant une incompétence notoire lors des auditions, allant jusqu’à affirmer qu’elle approuvait les armes à feu dans certains lycées pour que les jeunes puissent se protéger des Grizzlies…(6)

Andrew Puzder, le milliardaire et patron de fast-food nommé pour le poste de ministre du Travail, a dû renoncer à se présenter aux audiences. Mis en cause pour avoir employé au noir une femme de ménage sans papier, il croule sous les plaintes et procédures judiciaires pour non-respect des droits des travailleurs, en particulier en matière de harcèlement sexuel et de salaires impayés. Si la farce n’était pas assez grosse, cette vidéo publicitaire emblématique de sa chaîne de restaurants illustrera à merveille notre propos :

Quant au secrétaire à la défense, il vient d’être poussé à la démission suite aux soupçons de collusion avec le Kremlin durant la campagne présidentielle. Cet ancien général écarté par Obama pour ses positions jugées extrémistes avait fait campagne pour Donald Trump en s’opposant à Hillary Clinton sur le thème « jetez là en prison ».

Les fuites incriminant l’administration Trump se multiplient, sans surprise compte tenu du comportement insultant du président vis-à-vis des différentes organisations d’état (FBI, CIA, Justice, diplomates).

À travers ces déboires et ces heurts, on perçoit les importantes difficultés à organiser une équipe gouvernementale. Les rares candidats semblent partager les traits de personnalité de Donald Trump et représentent tous plus au moins une insulte au bon sens et à l’intelligence. Entre les lobbyistes, les hommes d’affaires nageant dans les conflits d’intérêts, le garde des sceaux inculpé pour racisme et ceux chargés de conduire un ministère dont ils ont passé leur carrière à condamner l’existence même, on frise parfois la comédie noire.

Enfin, le niveau d’improvisation, voire d’incompétence, sème l’embarras jusqu’au sein du parti républicain. Les délires paranoïaques et multiples coups de sang de Donald Trump, capable de raccrocher au nez du président australien (7) ou d’envoyer son porte-parole jouer les VRP sur CNN lorsqu’une galerie marchande décide de retirer de ses rayons la ligne de vêtements de sa fille Ivanka, contribuent à alimenter une opposition grandissante.

Improvisation, susceptibilité, paranoïa et négation absolue des faits. Un cocktail explosif qui fait craindre le pire aux élus démocrates, à savoir la guerre. Certains parlent désormais très sérieusement d’une stratégie pour destituer Donald Trump, du pur délire après seulement trente jours de présidence.

Les opposants se mobilisent et viennent protester presque chaque weekend. Leur modeste nombre ferait sourire un syndicaliste français, mais ce qui les rassemble est si divers que l’on comprend bien qu’il suffira d’une étincelle de trop pour que des millions d’entre eux défilent de nouveau à Washington.

 

4) La popularité de Donald Trump

Face à un tel chaos, l’observateur étranger pourrait aisément imaginer le gouvernement au bord de la rupture. Cela serait oublier un peu vite les millions d’Américains qui soutiennent toujours leur chef d’État.

De mémoire de sondage, jamais président si fraîchement élu n’avait accusé d’une telle impopularité. Seuls 42% des Américains approuvent l’action gouvernementale. Mais ce chiffre masque une tendance assez stable depuis sa prise de fonction, avec des côtes oscillant entre 45 et 39%. Qui sont donc ces millions d’Américains qui soutiennent Donald Trump envers et contre tout ?

Le premier groupe pourrait être qualifié de base électorale. Il est constitué par les Américains qui ont voté pour Donald Trump par conviction, et non par défaut. Les centaines de milliers de gens qui sont allés l’acclamer à l’un de ses innombrables meetings, puis prier pour leur champion lorsque celui-ci passait leur rendre visite au cours de sa tournée de remerciement d’hiver. Chez ces électeurs, Trump suscite énormément d’espoir. Et son premier mois à la maison blanche ne fait que confirmer ce ressenti.

Photo: Daily Mail

Tout d’abord, force est de constater que le « système » qu’il avait promis de combattre n’abdique pas facilement. Les grands médias lui livrent une guerre ouverte, le questionnent sans cesse sur des soupçons de conflit d’intérêt, de collusion avec la Russie ou des propos qu’il aurait tenu. Les parlementaires de Washington font tout ce qui est politiquement et juridiquement possible pour lui mettre des bâtons dans les roues. Les « gauchistes » manifestent, pas toujours pacifiquement, et les organes gouvernementaux, CIA en tête, multiplient les accusations de collusion avec la Russie. Les juges de la côte Est interdisent son décret soi-disant anti-musulman, alors qu’il ne visait au final que les sept pays mis sur la liste rouge de risque terroriste par Obama. Pourtant, voici un président qui fait exactement ce qu’il disait, qui fait de la politique, qui tient ses promesses.

La construction du mur (qui sera payé par le Mexique d’une façon ou d’une autre), l’abrogation d’Obama Care, la politique de lutte contre les délocalisations, le retrait de l’accord de libre-échange transpacifique, la déportation des immigrés clandestins, la nomination d’un juge profondément conservateur à la Cour suprême, l’interdiction faite aux musulmans des pays à risque de venir sur le sol américain… tout cela avait été annoncé. Il n’y avait que les bien-pensants pour croire qu’il n’en ferait rien.

Non seulement son électorat apprécie sa détermination, mais il croit dur comme fer aux motifs de ces choix politiques. Et pour cause, ces Américains sont des millions (entre 25 et 45) abonnés à son compte Twitter. Ils peuvent ainsi profiter directement du point de vue peu nuancé et pour le moins radicalement différent de la langue de bois politicienne de leur président. Les idées de Donald Trump trouvent un certain écho, car ceux qui l’écoutent s’informent aux mêmes sources. Fox News, et les médias alternatifs d’extrême droite tels que Breitbart, Zero Hedge et autres blog générateurs de Fake News. Alors, quand Trump parle de fraude électorale massive, ils y croient. Quand CNN et le New York Times sont taxés par le porte-parole de la Maison Blanche de torchons mensongers, ils y croient. Il semblerait même que Donald Trump y croit lui-même, on y reviendra.

La base électorale du chef de l’État lui sera longtemps fidèle, jusqu’à ce que les politiques qu’il met en place finissent par porter leurs effets. Or, cela risque de prendre du temps, vu l’embellie historique de l’économie américaine, cadeau des années Obama. Le plein emploi est virtuellement atteint, les salaires augmentent et la criminalité diminue. Et puisque l’annulation de l’Obamacare qui priverait 32 millions d’Américains (dont une grande partie d’électeurs de Donald Trump) de couverture santé semble être repoussée après les élections législatives de 2018, la popularité de Trump auprès de sa base qu’il soigne à coup de décret anti immigrant et de tweets parfaitement calibrés a de beaux jours devant elle.

Seconde catégorie de gens, les républicains modérés qui ont voté contre Clinton. Ceux-là s’exaspèrent en voyant Trump tweeter à quatre heures du matin pour se plaindre de l’émission satirique Saturday Night Live, et soupirent en entendant le porte-parole de la Maison Blanche défendre la ligne de vêtement de Ivanka Trump en conférence de presse. Mais leur exaspération ne faiblit pas non plus devant les attaques incessantes des médias contre leur candidat, ni la condescendance ou l’agression des « gauchistes » qui ne se privent pas de crier leur indignation. « Quand Obama a gagné, les républicains n’ont pas manifesté que je sache ? » diront ainsi mes collègues, sur la défensive à chaque fois que le sujet du président arrive sur la table. Ils se réjouissent des signes positifs, en particulier la lutte contre la régulation excessive et l’embellie de la bourse qui atteint de nouveaux records.

Selon une étude citée par le New York Times, Donald Trump n’a pas simplement permis d’unifier les « libéraux », mais la contestation de ces derniers a également eu pour effet de pousser plus à droite les républicains modérés. (8)

En clair, Donald Trump, tel machiavel, divise pour mieux régner.

 

5) Donald Trump en guerre contre la démocratie et la vérité

Les critiques incessantes du pouvoir judiciaire, les violents propos dirigés à l’encontre des parlementaires démocrates (« s’ils s’opposent il faudra leur livrer une guerre nucléaire ») et les attaques permanentes contre la presse, taxée de parti d’opposition, constituent autant de signes qui bout à bout ne peuvent que signifier une déclaration de guerre à la démocratie. (9)

Donald Trump a d’ores et déjà indiqué qu’il n’assistera pas au traditionnel diner des correspondants, symbolisant l’entrée en croisade contre le pouvoir médiatique. Bouc émissaire du président, le New York Times et CNN sont désormais interdits d’accès aux conférences de presse de la Maison Blanche. Ils sont régulièrement accusés de propager des « fake news », alors même que le chef de l’État s’appuie sur les fausses nouvelles diffusées par les sites internet tels que Breitbart pour justifier ses choix politiques.

Son équipe a ainsi évoqué un attentat terroriste imaginaire, relayé les élucubrations de fraudes électorales massives provenant d’un blogueur d’extrême droite et s’est attribué le mérite d’une liste interminable de faits bien réels, eux (10). Lorsqu’ils sont mis en doutes, ils qualifient leurs propos de « faits alternatifs« , notion symbolique qui nous renvoie directement au roman 1984 de Georges Orwell.

Non seulement Donald Trump accrédite des mensonges et se contredit en permanence, mais il expliquait lui-même pendant la campagne qu’il n’estime pas devoir vérifier le bien-fondé des informations qu’il partage. Ce qui passait à l’époque pour, au mieux, de l’incompétence et, au pire, des tactiques électorales déplorables prend désormais une toute autre tournure. Car depuis que les médias classiques critiquent son action présidentielle, Trump leur livre une guerre de l’information implacable.

On peut ainsi apprécier le problème de deux manières.

La première repose sur le caractère hautement paranoïaque du président, qui l’entrainerait à suspecter les journalistes de s’opposer frontalement à son action, en colportant des « fausses nouvelles ». Cela conduirait automatiquement Trump à suivre les médias qui lui sont favorables, de Fox News aux sites d’extrême droite. Cette thèse est accréditée par le fait que Donald Trump regarde une dose inouïe de télévision, et maintient en permanence Fox News allumée dans la pièce où il se trouve, fût-elle le salon de l’avion air force one (11).

Cela explique sa sortie devant une foule en Floride, lorsqu’il proclame qu’il vient de se passer une chose terrible en Suède, lié à l’immigration islamique. Les médias traditionnels se sont empressés de dénoncer l’invention d’une attaque terroriste imaginaire. Le Monde allait jusqu’à titré « Trump invente un acte terroriste en Suède » Problème, ce dernier n’a jamais parlé d’attentat, et explique le lendemain sur Twitter qu’il faisait référence à un segment du journal Fox News mettant en cause la politique d’immigration suédoise.

Copie d’écran du compte Twitter de Donald Trump

Les médias traditionnels sont tombés dans le panneau, créant eux-mêmes une « fake news » qui, en France, fut relayée par le LeMonde.fr quelques jours après la mise en place du Décodex, cruelle ironie. (12). Et Trump de triompher en accusant ces mêmes médias de « malhonnêté ».

L’idée d’un président Trump paranoïaque, croyant tout ce qui se raconte sur Fox News (13) et les blogs conspirationnistes d’extrême droite, et gouvernant en se basant sur ses fausses informations a de quoi faire peur. Mais cette théorie ne permet pas d’expliquer certains faits, et omet l’influence non négligeable des conseillers de Trump, Stephen Banon en tête.

Au contraire, il faut bien reconnaître qu’il existe dans ces tentatives incessantes de discrédit de la presse « mainstream » et de confusion entre vraies et fausses informations une stratégie visant à déstabiliser le pays et ses institutions démocratiques. (14)

 

6) L’Amérique se divise

Reprenant les tactiques du Tea Party (mouvement réactionnaire situé à l’aile droite du parti Républicain, apparu pour protester contre la présidence d’Obama), les activistes de gauche s’unissent pour manifester leur colère. Ils se rendent en nombre dans les permanences de leurs élus, passent des milliers d’appels téléphoniques à leurs représentants pour faire pression sur leurs votes, accaparent les réunions publiques des parlementaires et organisent des manifestations récurrentes.

Hollywood exprime son désaccord, en particulier au cours de la cérémonie des oscars, historiquement politisé.

Mais au-delà de la gauche de rue et de la gauche caviar, le combat se joue également à Washington. Jusqu’au cœur de la Maison Blanche.

Les médias de référence et les organismes de sécurité (CIA en tête) appellent au durcissement de la politique face à la Russie. Tenue responsable d’avoir influencée le résultat des élections, elle est devenue la bête noire de Washington. Trump se trouve dans l’incapacité d’infléchir sa politique étrangère, fragilisé par les fuites qui témoignent des collusions entre les membres de son équipe de campagne et le Kremmelin (15). Le secrétaire à la défense vient d’être poussé à la démission, d’autres têtes risquent de tomber. Deux sénateurs républicains ont même lancé une investigation officielle pour établir la part de responsabilité du pouvoir russe.

L’inertie de la politique anti-russe se fait sentir en Europe où l’escalade militaire continue. Les USA parquent des chars d’assaut à la frontière russe, tandis que les forces de l’OTAN et de Poutine se livrent à des manœuvres d’intimidation à coup de sous-marins nucléaires et d’avions de chasse.

À un autre niveau, le congrès républicain lui-même entre en confrontation avec le président. Celui-ci refuse de supprimer les aides sociales medicare et medicaid pour payer ses baisses d’impôts sur les Américains les plus riches et l’augmentation du budget militaire, alors que le parti républicain l’exige afin de financer les coûts astronomiques de ces mesures. En clair, Trump cherche à tenir ses promesses de campagne en finançant par la dette les nouvelles dépenses, tandis que les parlementaires républicains y voient l’opportunité de réduire la protection sociale.

Au sein même de la Maison Blanche, les républicains dit « du système » et les membres de l’équipe de campagne de Trump (Bannon en tête) se disputent le pouvoir, si bien que Trump paraît profondément affaibli. À tel point que les diplomates russes déplorent en coulisse la faiblesse et l’imprévisibilité de leur nouveau partenaire (16).

Pour preuve, la conférence de l’OTAN à Munich qui avait tout d’une situation kafkaïenne. Les membres de l’administration américaine venue rassurer les Européens n’ont fait qu’aggraver leurs craintes. Et pour cause, privés de leadership, ils ne pouvaient donner aucune garantie tangible. Les journalistes spécialistes des questions de politique étrangère témoignent d’une délégation américaine déboussolée, déplorant les centaines de postes toujours vacants et l’absence de directive stratégique claire. (17)

En attendant que la situation se décante, tout le monde semble pris d’une profonde angoisse.

 

7) L’action gouvernementale de Donald Trump

Lorsqu’il n’attaque pas les médias sur twitter ou s’essaye au révisionnisme, Trump gouverne et fait de la politique. Et ça, c’est révolutionnaire.

Bien sûr, trente-cinq jours au pouvoir ne permettent pas de faire voter des lois, mais les priorités sont désormais claires. Suppression des règles de précautions encadrant la spéculation des banques de Wall Street (mise en place suite à la crise des subprimes) et baisse d’impôts sans précédent pour les plus riches. Les deux autres mesures majeures, l’annulation de la couverture de santé universelle (Obamacare) et le plan d’investissement dans les infrastructures (via des contrats privés qualifiés de détournements d’argent public par la plupart des économistes) sont remis à plus tard. « Personne ne pensait que l’assurance maladie serait si compliqué » explique-t-il sérieusement aux journalistes, alors que le parti républicains concède ne pas avoir de plan B pour remplacer Obamacare.

Sur le plan international, en attendant les barrières douanières promises pour empêcher les délocalisations essentiellement imaginaires, il a retiré les USA des accords de libre-échange avec l’Asie (abandonnant de fait à la Chine le soin d’organiser le commerce dans cette partie du monde).

Pour faire passer la pilule à son électorat, il compte instaurer des mesures de contrôle discriminatoire aux frontières et déporter jusqu’à 10 millions d’immigrés clandestins.

Concrètement, mis à part les manifestations pacifistes des opposants, peu de choses ont changé aux États-Unis, à l’exception du climat général.

L’augmentation des crimes racistes et la banalisation des discriminations constituent les premiers symptômes. La peur généralisée qui s’est emparée de certaines populations, en particulier les immigrés, est palpable. L’hystérie atteint les forces de l’ordre qui séquestrent un jour le fils de Mohammed Ali de retour de voyage en Jamaïque, l’autre fois un chercheur du CNRS français venu faire une conférence à l’université Texas A&M (18). De nombreux titulaires de permis de séjour hésitent à partir en vacances chez eux, et moi même, je me pose parfois des questions sur ce que je dois ou ne dois pas publier sur Facebook.

 

Conclusion

Le 28 février, Donald Trump prononce son premier discours de politique générale devant le Congrès américain.

Se voulant rassurante et rassembleuse, cette intervention minutieusement préparée doit permettre de tourner la page d’un premier mois chaotique. Pourtant, il se cache derrière les apparences les mêmes éléments décriés depuis cinq semaines. Le discours contient une litanie de mensonges, contre-vérités et déformations des faits.  Trump va jusqu’à exprimer son souhait d’une eau et d’un air de meilleure qualité, alors qu’il signait la vieille un décret supprimant les règles de contrôle de pollution. Rien de nouveau en réalité, la politique proposée vise avant tout à lutter contre l’immigration et à favoriser les puissances de l’argent.

Trump a indiqué ses priorités : augmenter de soixante milliards le budget militaire, baisser les impôts sur les plus hautes tranches de revenus et annuler Obamacare. Pour financer tout cela, les aides sociales seront drastiquement réduites.

En attendant que ces lois prennent effet, les premières conséquences de l’arrivée au pouvoir de ce président « antisystème » se font déjà  ressentir.

Elles touchent  avant tout les minorités  (19). Non seulement dix millions d’immigrés et leurs proches vivent désormais dans la peur de la déportation, mais les crimes racistes commis envers les Américains sont également en augmentation constante. Derniers en date, la profanation de cimetières juifs et  l’assassinat de sang-froid, en plein restaurant, de deux Américains d’origine indienne pris « à tort » pour des Iraniens.

Face à l’opposition grandissante, le sensationnel et la guerre semblent les meilleurs moyens dont dispose Donald Trump pour se maintenir au pouvoir. Cette crainte est partagée aussi bien par les Américains autour de moi, de tout bord, que par une proportion de plus en plus nombreuse d’intellectuels.

Entre le Pentagone et la CIA qui poussent la logique d’affrontement face à la Russie et le caractère impulsif de Donald Trump, les ingrédients semblent réunis pour conduire à la catastrophe. Plus que jamais, l’analogie de l’éléphant dans le magasin de porcelaine paraît appropriée.

Dessin New York Time

 

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Notes et références :

  1. https://www.youtube.com/watch?v=sRBsJNdK1t0
  2. https://www.theguardian.com/us-news/2017/jan/21/cia-donald-trump-first-meeting
  3. www.lemonde.fr/…/le-patron-d-uber-quitte-le-conseil-economique-de-donald-trump-cel
  4. En particulier, ulcéré par le refus du président Mexicain de payer pour le Mur, Donad Trump presse ses conseillers de trouver une parade. Ils proposent une taxe d’importation de 20% sur les produits mexicains, et devant le tollé provoqué par cette annonce dans leur propre camp, fait complètement marche arrière http://www.huffingtonpost.com/entry/trump-tax-on-mexican-imports_us_588a6c8ee4b0cef5cf86fb31
  5. Quatre diplomates et la garde des Sceaux d’Obama (encore en poste en attendant l’approbation par le congrès de son remplaçant) font les frais de la fureur du président, avec plusieurs membres du Conseil de sécurité national. Dans la même veine paranoïaque, les agents du ministère de la protection de l’environnement se voient interdits de toute communication extérieure pendant l’audit de trois jours qui doit remettre en cause les nombreuses régulations mises en place sous Obama.
  6. http://www.huffingtonpost.fr/2017/01/18/decouvrez-le-catastrophique-audition-au-senat-de-betsy-devos-la/
  7. Qu’est-ce qui me dit que nous n’allons pas ramener le prochain poseur de bombe de Boston ? s’énerve Trump face au refus du président australien de revenir sur l’accord d’accueil des réfugiés syriens concédé par Obama. https://www.mediapart.fr/journal/international/040217/stephen-bannon-l-autre-visage-de-la-tragedie-americaine
  8. https://www.nytimes.com/2017/…/are-liberals-helping-trump.html
  9. https://thecorrespondent.com/6150/this-is-how-we-can-fight-donald-trumps-attack-on-democracy/157624500-afd6a4d7
  10. https://www.thestar.com/news/world/2017/02/24/daniel-dales-donald-trump-fact-check-updates.html)
  11. http://www.vanityfair.com/hollywood/2017/01/donald-trump-media-diet-tv-habits
  12. http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/le-monde-publie-a-nouveau-une-189936
  13. Chaîne connue en France en particulier pour avoir diffusé un reportage expliquant que Paris et en particulier Montmartre était une zone de non-droit ou l’on recrutait les terroristes dans la rue.
  14. Idem — 9.
  15. https://www.nytimes.com/2017/02/14/us/politics/russia-intelligence-communications-trump.html?_r=0
  16. New York Time, édition papier
  17. Sylvie Kauffman, journaliste au Monde, au micro de l’émission l’Esprit Pubic, dimanche 26 février
  18. http://www.huffingtonpost.fr/2017/02/26/henry-rousso-lhistorien-auteur-du-syndrome-vichy-a-deux-doi/
  19. http://www.huffingtonpost.com/entry/trump-islamophobia-anti-semitism_us_58b08debe4b0780bac2938b4

 

 

 


2 réactions au sujet de « Donald Trump sonne la charge »

  1. Concernant la première partie de ton commentaire, un grand nombre de choses peuvent s’expliquer par ton point 4). En effet les démocrates, médias mainstream, les antifa et même les une partie des services secret manigances ouvertement contre Trump. On peut légitimement se poser la question du bien fondé de ces attaques…

    J’ajouterai aussi qu’une partie des Américains qui supportent Trump s’informent entre autre sur Infowars. Qualifier rapidement tous ces médias alternatifs (breitbat et zero edge) de fake news racialiste blanc, quand dans de nombreux exemples, ils ne sont que des agrégateurs de News qui ont pour sources MSM….. est un peu grossier dans ton analyse.
    Peut être que tu pourrais visiter infowars et chercher à savoir vraiment ce qu’ils exposent. En effet, quand on lis parfois ce qui paraît dans les MSM, c’est très souvent revolant !

    L’embellie économique historique n’est qu’une conséquence de la crise des subprimes de 2008. Elle a poussé les grosses puissances économiques mondiales (USA, Londres, Allemagne, Japon, Chine…) à mettre en route la planche a billet, à coup de billions de trilliards…. en gros, ce n’est qu’une énorme bulle qui n’attend que d’exploser. Visite le site de Pierre Jovanovic http://www.quotidien.com qui tient une revue de presse économique depuis le jour exacte ou Wall Street a explosé…. cela devrait grandement t’intéresser.

    Ton point 5) est totalement partisan. Fait un tour sur infowars, abonne toi aux feeds de Paul Joseph Watson et/ou de Mark Dice sur Facebook, tweeter ou YouTube pour avoir un autre son de cloche… vraiment. Cela ne te sera que bénéfique. Tu n’as pas besoin d’être d’accord avec eux, mais juste de les écouter…. parce que la vraiment je perçois un peut d’hypocrisie dans ta démonstration. À la place de Trump (ou d’un supporter de Trump, peu importe…), je ne crois pas que tu prendrais des décisions diamétralement opposées dans certains cas…

    S’il y’a une stratégie de division mise en place, elle est belle et bien créée voir entretenu par les médias mainstream et George Soros, qui ont échoué à faire élire leur candidate ! Comme l’a avoué CNN lors d’une de leur récentes émissions « c’est le rôle des médias mainstream de contrôler ce que pense la population »………..
    Si ces derniers œuvraient pour unifier le pays derrière le président élu démocratiquement, je pense qu’il y aurait, mécaniquement, moins de problèmes en ce moment !

    Hollywood…….. une bande de privilégiés incultes, déconnectés et manipulé par la loi du plus fort (ou celle de l’offre et de la demande, c’est selon…). Les exemples récents de Leonardo DiCaprio et J. K. Rowling sont d’excellentes illustrations ! (Cf. Les vidéos de Paul Joseph Watson sur le sujet).

    Que ce soit dans ton point 5) et dans les médias, les gens ont toujours à la bouche « l’influence de la Russie » dans les élections américaines mais PERSONNE ne parle de celui des monarchies arabes, d’israël ou même de la Chine! Bizarre… pourtant eux au moins ils ne se cachent pas ! Loin de la ! Ils s’en vantent au contraire !!! Mais là, il ne va pas falloir compter sur CNN, MSNBC, CBS, le NY Times ou même Fox News pour en parler………

    1. Anthony,

      Merci de ton commentaire qui soulève de nombreux points importants.

      Je te rejoins partiellement sur tes propos concernant les grands médias (MSM), comme tu pourras t’en apercevoir en lisant mes articles de cette catégorie je suis moi même très critique à leurs égards. Non pas parce qu’ils peuvent très occasionnellement répandre des « fake news » (cela peut arriver à toute personne de bonne fois), mais parce qu’ils encadrent le débat démocratique de telle manière qu’il devient très difficile de s’extraire du cadre de pensée unique imposé par les intérêts idéologiques et financiers qu’ils défendent.

      De ton côté, tu cites plusieurs médias alternatifs (Infowars, Watson/ Dice entre autres) et sembles à travers tes propos relayer leur vision “complotiste” du monde.

      Je connais bien ces différentes sources (Trump les cite en permanence) et si je n’ai pas choisi de toutes les mentionner sur mon article c’est parce qu’elles véhiculent régulièrement des idées racistes, xénophobes, homophobes, néonazies et conspirationnistes. Ces sources diffusent souvent des fausses informations, voir fabrique de faux reportages, et je ne souhaite pas en faire la promotion sur mon blog.

      Le fait qu’ils diffusent également (tu as tout à fait raison de le mentionner) de l’info agrégée des agences de presse et des MSM leur sert essentiellement à se donner une certaine respectabilité. Par exemple, entre cinq articles d’opinion engagés (et tout à fait respectables) sur l’actualité, un de ces sites va diffuser un reportage homophobe qui serait passible de poursuite judiciaire en France (aux USA la liberté d’expression est plus… libre) basée sur un fait divers non vérifié voir purement et simplement inventé.

      Je te concède que Zero Hedge peut être vu comme un site de droite contestataire et que le terme “raciste blanc” est un peu fort (bien que les commentaires sont fréquemment racistes et non censurés par le site…).

      À travers l’exemple du Pizzagate dont je parle sur cet article, j’essaye de montrer le danger bien réel des fake news.

      Maintenant, je comprends très bien que tu éprouves, comme moi, le besoin de t’informer hors des sphères MSM. Je trouve cependant dommage que tu ne me proposes que des sources alternatives d’extrême droite, surtout que te connaissant personnellement, je ne pense pas que tu partages leur idéologiee profonde.

      Je te recommande donc d’aller t’informer sur d’autres sites, eux aussi très critiques envers le NYT/CNN/MSNBC etc mais de façon plus constructives et intellectuellement stimulantes. Cette tribune ira surement dans ton sens : http://www.truthdig.com/report/item/donald_trumps_greatest_allies_are_the_liberal_elites_20170305

      Sinon, je t’invite à consulter Democracy Now, Truthdig, thecorrespondent.com (site hollandais en anglais) et en Français des journaux indépendants comme Le Monde diplomatique (leurs articles sur la victoire de Trump sont particulièrement intéressant et à contre-courant des MSM) les titres Fakir , bastamag et Politis, ou un blog contesté comme Les Crises (pastille orange au décodex, toujours un bon signe…) et acrimed. Bien sûr, il faut là aussi exercer son esprit critique.

      Je te recommande également d’écouter les interventions de penseurs comme Bourdieux ou Chomsky, et de lire le blog de Frederic Lordon. Leurs idées devraient particulièrement te plaire (surtout Chomsky).

      Voilà pour la partie MSM/Médias alternatifs.

      Sur le fond:

      Tu as raison de souligner que les MSM auxquels Trump fait “la guerre” sont également coupables. A mon sens il sont responsables d’avoir accompagné les politiques ayant préparé le terrain à l’extrême droite et de défendre sans cesse les intérêts oligarchiques (cf les matraquages subis par Bernie Sanders et Corbyn). C’est un point que je développe à plusieurs reprises dans mes articles, mais qui est parfaitement résumé dans le lien que je t’ai mis plus haut.

      Maintenant, il ne faut pas oublier que ces mêmes MSM ont favorisé Trump pendant la campagne dans le but de rendre l’élection serrée et de faire de l’audience. Ce n’est que sur le tard que certains ont changé de ligne à 180 degrés.

      Sur l’embellie économique (qui a également créé une explosion des inégalités… qui a favorisé l’élection de Trump) je ne te rejoins pas complètement. La source que tu cites a beau dos de prédire depuis 9 ans la prochaine crise financière (qui arrivera bien tôt ou tard, comme l’histoire la prouvé). L’Allemagne n’a pas fait tourner la planche à billets, elle s’y est même opposée, ce qui explique en grande partie que l’Europe soit le seul espace économique à ne pas s’être remis de la crise de 2008.

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