Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?

Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?

À propos de nos chers dirigeants. (Article initialement publié sur Substack)

Connaissez-vous Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de l’Environnement ? L’avez-vous vu sur le terrain, aux côtés des sapeurs-pompiers ? Ou dans les médias, pour faire le lien entre le réchauffement climatique, la canicule et ses conséquences dramatiques ? Non. Sa dernière intervention télévisée consistait à défendre le maintien d’une obscure secrétaire d’État au gouvernement, après qu’elle ait proféré de graves propos homophobes.

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Les deux ministres qui sont montés au front face aux mégafeux ravageant la Gironde et la Bretagne sont Oliver Vérant, Porte-parole du gouvernement, et François Braun, ministre de la Santé. Le premier a demandé aux Français d’éteindre leur WiFi lorsqu’ils partent en vacances, pour économiser l’énergie. Le second a expliqué qu’il va falloir vivre avec les canicules. Face au Covid, ses prédécesseurs nous avaient habitués au fameux “il va falloir vivre avec le virus”, tout en refusant de rétablir l’obligation du port du masque dans les transports en commun. Une mesure pourtant réclamée par 71% des Français, alors que les contaminations atteignaient les 200 000 cas par jour, paralysant de nombreux services et entreprises.

Dans la catégorie “il va falloir s’habituer à vivre avec”, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire n’exclut pas d’ajouter les coupures de chauffage en hiver. Officiellement, c’est à cause des sanctions contre la Russie, qu’il avait mises en place avec ses collègues européens pour “provoquer l’effondrement de l’économie russe”, selon ses propres déclarations sur BFMTV. Officieusement, c’est aussi la conséquence d’une gestion désastreuse d’EDF, ancien fleuron national et second producteur d’électricité mondial, précipité au bord de la faillite par des décisions politiques d’une incohérence stupéfiante.

Cet aveu vient s’ajouter aux innombrables appels du pied en direction du patronat, des entreprises et des Français pour faire preuve de bonne volonté face à l’inflation et à la crise énergétique. De simples demandes, comme si le gouvernement n’avait pas le pouvoir de contraindre et d’exiger.

Face à l’augmentation drastique des tarifs de la SNCF, société détenue par l’État, le ministre des Transports a ainsi invité les Français à acheter leurs billets en avance “en choisissant les heures ou les jours qui sont un peu moins coûteux” (sic). Pas question de tarif unique ou de gratuité, comme on a pu le voir en Espagne et en Allemagne.

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Photo by Karol Kasanicky on Unsplash

 

 

Avant de nous demander si nos dirigeants sont aussi incompétents qu’ils en ont l’air, il faudrait commencer par se poser une question encore plus simple : y a-t-il un pilote dans l’avion ? Du reste, cette interrogation ne concerne pas uniquement la France. Un peu partout où la droite libérale est au pouvoir, on assiste à la même tendance à la désertion, comme si le refus de gouverner était devenu la norme.

Refus de gouverner

En parlant d’avion, justement, arrêtons-nous un instant sur le cas des États-Unis. Le pays est durement frappé par des problèmes d’annulation de vols et de retards importants. Selon la presse américaine et les syndicats des personnels navigants, ces difficultés ne proviennent pas uniquement d’une reprise rapide du trafic post-covid. Il s’agit également du résultat d’une tendance à overbooker les vols, tout en sachant qu’il sera difficile d’honorer les engagements.

Face à ce problème, le ministre des Transports Pete Buttigieg, sorte de version américaine d’Emmanuel Macron, a constamment refusé de pointer du doigt la responsabilité des compagnies aériennes, se contentant de demander poliment à leurs PDG de bien vouloir faire un effort lors d’une vidéoconférence privée. Le lendemain de cette intervention, Buttigieg a été contraint de renoncer à un déplacement suite à l’annulation de son vol.

Devant son inaction presque comique, qui pourrait se résumer à un “il faut apprendre à vivre avec les retards et annulations”, le sénateur démocrate Bernie Sanders lui a adressé une lettre ouverte pour lui suggérer un plan d’action : forcer les compagnies aériennes à rembourser les passagers dès que le retard dépasse les 60 minutes et imposer des amendes sévères de 55 000 dollars par voyageur en cas d’annulation de vol. Il ne s’agit pas d’une lubie d’extrême gauche. Sous Obama, des mesures similaires avaient permis de réduire drastiquement les retards.

Les compagnies aériennes américaines sont d’autant plus coupables qu’elles avaient reçu 54 milliards de dollars d’aides publiques à la condition de ne pas licencier leur personnel. Elles ont contourné cette réglementation en favorisant les départs anticipés à la retraite et les départs volontaires. Interrogé sur la responsabilité des compagnies aériennes, Buttigieg a répondu “ne pas être intéressé par le passé, mais par l’avenir”. Avec une telle logique, il serait temps de réhabiliter Trump, malgré sa tentative de coup d’État… Mais surtout, l’attitude de celui qu’on présente comme un sérieux candidat à la succession de Joe Biden rappelle étrangement celle de nos propres ministres, en commençant par Bruno Le Maire. Après avoir inondé Air France de cash, il avait poliment demandé à la compagnie aérienne d’éviter de trop licencier, en vain.

Ce refus de gouverner s’observe à de multiples échelons de l’administration Biden et sur de multiples sujets. Suite à la suppression du droit à l’avortement, sa vice-présidente a exclu toutes les solutions mises sur la table par l’aile gauche démocrate. Confrontés à l’épidémie de tuerie de masse aux États-Unis, le Parti démocrate et les républicains ont plus ou moins reconnu qu’il fallait s’habituer à vivre avec les attaques au fusil d’assaut dans les écoles. Face à la hausse du prix du pétrole, Biden a fustigé l’opportunisme des raffineurs et a poliment demandé aux pétroliers de bien vouloir faire un effort.

Quels que soient le côté de l’Atlantique et le sujet, on remarque une certaine constance dans la manière d’aborder les problèmes : il s’agit d’éviter coûte que coûte de brusquer les entreprises et les ultra-riches, d’inciter plutôt que de contraindre, quitte à ne rien faire..

C’est également criant sur la gestion du Covid, où l’administration Biden comme les gouvernements européens ont abdiqué toute responsabilité. Fini les mesures barrières, le port du masque obligatoire et les dépistages aux frontières. C’est d’autant plus inquiétant que l’épidémie n’est pas terminée. Elle tue encore des milliers de gens, menace toujours d’engorger les hôpitaux et facilite l’apparition plus rapide de nouveaux variants. Or, comme le notait le New York Times, on ne sait pas grand-chose des effets sur la santé des contaminations multiples, y compris pour un organisme plurivacciné. Une part non négligeable des personnes ayant survécu à un covid, même bénin, semble souffrir de graves séquelles. Sans oublier les covids longs, qui affectent jusqu’à une personne sur dix. Pourtant, il va falloir apprendre à vivre avec le virus, parait-il.

Ce renoncement à toute politique de santé publique digne de ce nom se retrouve dans la gestion de l’épidémie de variole du singe, partout en Europe.

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« Ce qui est particulièrement affligeant dans cette épidémie, c’est l’absence quasi-totale de politique de santé publique qui s’y rattache. Un peu partout en Europe, les autorités de santé semblent avoir abdiqué dans cette affaire » Monkeypox: ouvrir la vaccination, c’est bien, avoir une politique de santé publique, ce serait mieuxAlors que les agences régionales de santé commencent à organiser l’ouverture de lieux dédiés à la vaccination, des doutes subsistent sur la disponibilité des doses et les rendez-vous semblent difficiles à obtenir.slate.fr

Tout se passe comme si, confrontés à des crises qui échappent à leur grille de lecture, les gouvernements renoncent à gouverner.

Il y a des exceptions, bien sûr. Le gouvernement Macron s’entête à refuser d’augmenter le SMIC et de taxer les superprofits des compagnies pétrolières, contrairement à ses homologues italiens, espagnols, britanniques, allemands et néerlandais. Il est donc théoriquement possible de faire des choses.

Mais lorsque nos gouvernants agissent, la question de l’incompétence manifeste vient se substituer à celle de l’absence de pilote dans l’avion.

Le mensonge pour cacher l’incompétence

Le gouvernement force EDF à vendre à prix coûtant (42 euros/Mwh) 120 Twh d’électricité à ses concurrents, soit plus d’un quart de sa production annuelle. Avec la moitié du parc nucléaire à l’arrêt, EDF doit donc acheter de l’électricité depuis l’étranger (à 300 euros le Mwh) pour le revendre à 42 euros/Mwh à Total et Engie. Au nom de la libéralisation du marché de l’électricité, cette opération va coûter plus de dix milliards d’euros à EDF, entreprise qui sera bientôt nationalisée aux frais du contribuable. Difficile de concevoir une politique plus invraisemblable, pourtant récemment reconduite par Emmanuel Macron.

Extraits de l’article Médiapart : EDF, derrière l’étatisation, l’effondrement financier

 

 

On passera rapidement sur les discours vantant les start-up et leurs licornes, qui conduisent le gouvernement à se réjouir lorsque une entreprise récolte 700 millions d’euro d’investissement pour lancer des cartes à collectionner en NFT, juste avant le krach des cryptomonnaies.

L’exemple le plus criant d’incompétence criminelle restera la gestion du covid. Si l’on se rappelle aisément la campagne anti-masque de Donald Trump, qui a contribué à diviser le pays sur une question pourtant aussi triviale, les gouvernements européens n’ont pas grand-chose à envier à l’ex-président américain. Entre le manque flagrant d’anticipation, les mensonges sur l’utilité du masque et des tests pour cacher les pénuries et l’impréparation, les confinements en urgence pour pallier au manque de lits dans les hôpitaux, l’obsession maladive pour la poursuite de la politique de suppression de lits pendant toute la pandémie, les difficultés initiales à distribuer le vaccin, le refus obstiné d’investir dans des purificateurs d’air (sauf dans la prestigieuse école privée Alsacienne où sont scolarisés les enfant du ministre de l’Éducation, bien sûr) et les règles absurdes mises en place ensuite (pass sanitaire reposant sur la vaccination au lieu du test négatif, port du masque en extérieur, obsession pour le lavage des mains quand le virus se transmet quasi exclusivement par l’air…), on a là une forme de bêtisier où se mêlent décisions contradictoires et absurdes.

« la vie continue, il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie ». Emmanuel Macron, en sortant du théâtre le 7 mars, 5 jours avant de confiner la France pour deux mois.

La crise ukrainienne fournit un autre festival de décisions contestables. À commencer par celle de Vladmir Poutine d’envahir le pays. L’autocrate russe, qu’on présentait comme un redoutable stratège, a fourni un triste exemple de ce que la concentration du pouvoir peut produire comme décision désastreuse et criminelle. La “redoutable” armée russe n’a pas été capable d’encercler Kiev, se contentant de servir de cible aux forces ukrainiennes qui ont pu ainsi s’adonner au tir au pigeon. Entre les cartons réalisés sur les véhicules bloqués par des problèmes logistiques, les chars d’assaut emportés par les tracteurs des fermiers du coin après être tombés à court de carburant et l’aviation russe clouée au sol par des défenses antiaériennes rudimentaires, on peut dire que le prestige de la seconde armée du monde a pris du plomb dans l’aile. Cédant la maîtrise du ciel à l’Ukraine, elle semble également perdre la guerre cybernétique et paye très cher son infériorité en terme de renseignement. Si Poutine a su, depuis, tirer quelques bénéfices de la crise qu’il a lui-même provoquée, il est évident que l’opération reste un véritable désastre de son propre point de vue. Après la débandade de la campagne de Kiev, Moscou se trouve dans l’incapacité d’avancer à l’Est, malgré des succès militaires indéniables.

Au lieu de prendre acte de l’incapacité des forces russes à conquérir plus de quelques dizaines de kilomètres de territoire situés à leur propre frontière, dans un pays longtemps infiltré par ses agents et déjà en guerre depuis 2014, les européens ont répondu en multipliant leur budget militaire, tout en s’équipant en matériel… américain. La logique aurait plutôt poussé à la conclusion inverse : la menace d’une invasion russe en Europe de l’Ouest n’existe plus.

Mais la guerre en Ukraine a surtout provoqué deux réponses aux conséquences plus immédiates : les sanctions économiques, qui semblent impacter plus sévèrement leurs auteurs que Moscou, et l’aide militaire à l’Ukraine, qui semble être à l’origine de la pénurie annoncée de gaz russe. Non seulement les sanctions économiques produisent l’inverse des effets escomptés sur la Russie (renforcement du régime de Poutine, renforcement du rouble), mais elles risquent de disloquer l’économie européenne. Il est en tout point stupéfiant de voir ainsi l’Allemagne redémarrer ses centrales à charbon et investir 100 milliards dans son armée de terre après avoir constaté que son économie ne pouvait pas se passer de gaz. On pensait que la légendaire rigueur allemande leur aurait évité de se tirer une telle balle dans le pied en sanctionnant Moscou précipitamment, sans aucun plan B. À croire que l’impréparation était du niveau de celle de Bruno Le Maire, qui avait pratiquement déclaré la guerre à la Russie sur BFMTV avant de se faire “recadrer” par un Macron stupéfait devant pareille bêtise.

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En clair, l’UE a déclaré la guerre économique à la Russie sur le coup de l’émotion, sans se poser la question des conséquences ni se demander si elle en avait les moyens. Depuis, le gouvernement italien a sauté, l’inflation bat des records, le cours de l’Euro s’effondre, la balance commerciale allemande est déficitaire pour la première fois en trois décennies, la BCE va provoquer une récession en augmentant ses taux, l’Allemagne rationne le gaz et l’électricité et la France prévoie de lui emboîter le pas.

Sur ce dossier ukrainien, la Maison-Blanche brille également par son manque de compétence. De hauts responsables américains ont reconnu que l’administration Biden et le Pentagone n’avaient aucun contrôle sur les armes lourdes qu’ils livrent à Kiev, s’alarmant même du risque que les lances roquettes anti-chars et anti-aériens viennent armer des groupes terroristes et le grand banditisme. Les renseignements US concèdent également leur absence de visibilité sur la politique intérieure ukrainienne, alors que des limogeages suspects ont lieu. Et surtout, Washington se retrouve contrainte de mendier des hausses de pétrole aux dictatures arabes pour pallier la hausse du prix de l’énergie que ses propres sanctions ont provoquée. Si on ajoute le fiasco militaire du retrait américain de l’Afghanistan, on ne peut qu’être dubitatif devant les dernières prouesses de l’oncle Sam. Encore récemment, Joe Biden a publiquement critiqué le fait que la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, projette de se rendre en visite officielle à Taiwan. Le numéro 1 et le numéro 2 du parti démocrate ne semblent pas capables de coordonner leurs choix et de se parler en privé.

À travers ces quelques exemples, on est en droit de se demander si les dirigeants que l’on nous présentait comme des experts, des Mozart de la finance à l’intelligence surhumaine, et des génies de la négociation, ne sont pas incroyablement incompétents.

Ça serait probablement leur faire trop d’honneur. Dans de nombreux cas, le cynisme ou l’obsession jusque-boutiste semble également expliquer l’acharnement de nos pilotes à provoquer le crash de l’avion…

 

Une détermination à foncer dans le mur, coûte que coûte.

Revenons à Christophe Béchu. Le journal Le Monde le présentait comme un maire de droite “converti de force à l’écologie” n’ayant aucune expérience ou appétence particulière pour la question. Il s’agit du 5e ministre de l’environnement nommé par Emmanuel Macron. Nicolas Hulot avait démissionné après avoir constaté que le président du lobby de la chasse, qui déclarait récemment que le réchauffement climatique était un complot de la NUPES pour gagner les législatives, avait plus de pouvoir que lui. Il fut remplacé par François de Rugy, ancien élu EELV ayant trahi son engagement pour rejoindre Macron, contraint à la démission après avoir été à son tour trahi par un banc de homards. Elizabeth Borne lui succéda, écopant d’une condamnation pour négligence climatique, avant de passer la main à Barbara Pompili, qui parviendra à écraser les propositions de loi de la Commission citoyenne sur le climat, y compris la modeste idée consistant à interdire la publicité pour les SUV (pas interdire les SUV, juste la publicité pour les SUV). Après la réélection d’Emmanuel Macron, le ministère est scindé en deux. Une partie revient à Amélie de Montchalin, obsédée par les baisses d’impôts sur le Capital, et l’autre à Agnès Panier-Runacher. Cette dernière s’est illustrée en remettant en cause l’envoi “d’emails rigolos avec une pièce jointe”. Mais le plus grave est probablement le fait que son papa est administrateur de Perenco, compagnie pétrolière franco-anglaise domiciliée aux Bahamas et spécialisée dans l’exploitation à bas coût des champs de pétrole vieillissants. Comme conflit d’intérêt potentiel, on fait difficilement plus goudronné.

En pleine canicule, l’arrivée de Christophe Béchu à ce ministère décisif, mais rétrogradé à la huitième place dans l’ordre protocolaire, ne peut être interprétée que comme un énorme “le réchauffement climatique, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre” dont Emmanuel Macron a désormais le secret.

Et c’est bien ça le problème.

En théorie, en période de hausse des prix de l’énergie et de chômage de masse, investir massivement dans la transition écologique permettrait de résoudre trois problèmes d’un coup. Au lieu de comprendre cela, on redémarre une centrale à charbon et glisse dans la loi « pouvoir d’achat » le financement d’un terminal gazier pour importer du gaz de schiste. En pleine canicule et tout en nous expliquant qu’il va falloir apprendre à vivre avec des coupures d’électricité, conséquence de la gestion catastrophique d’EDF abordée plus haut.

 

Mais comme pour le climat, il ne faut pas y voir seulement de l’incompétence. Avec EDF, on parle d’un sabotage organisé pour revendre les branches profitables au privé et faire absorber les pertes par le contribuable, c’est le fameux projet Hercule. Il découle lui-même de l’obsession des dirigeants français et européens pour la libéralisation du marché de l’électricité, un dogme s’opposant aux principes de base de la physique, de l’économie et même de la Constitution !

Ce à quoi l’on assiste en réalité, c’est à la mort du modèle néolibéral. Mais ses principaux défendeurs, nos dirigeants, ne sont pas disposés à l’accepter. Ce qui conduit à des décisions extrêmement violentes et cruelles, comme celle des banques centrales de rehausser leurs taux directeurs pour faire face à l’inflation.

Le but, explicitement reconnu par le président de la FED sous serment, est de provoquer une récession. Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, a dit la même chose à propos de la hausse des taux décrétée par la BCE. Puisqu’il ne saurait y avoir de hausse des salaires pour faire face à la hausse des prix, on provoque une récession pour baisser la consommation, donc l’emploi, donc les salaires. Le président de la FED a reconnu, toujours sous serment, que cette politique monétaire ne permettrait ni de faire baisser les prix de l’énergie ni de faire baisser les prix des aliments. Désormais, la FED reconnait ne pas avoir de vision claire de l’état de l’économie américaine, de nombreux indicateurs apparaissant comme contradictoire car ne rentrant pas dans la grille de lecture néolibérale des banquiers centraux. Qu’à cela ne tiennent, puisque ils ne savent rien faire d’autres, ils profitent de l’inflation pour casser le pouvoir des travailleurs en provoquant volontairement du chômage.

Il y a donc bien un pilote dans l’avion, mais il n’a pas l’intention de nous amener à bon port. Il file droit dans le mur, tout en s’efforçant de garnir au maximum les poches des passagers assis en première classe, pendant le reste du vol.

 


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