Le retour de la lutte des classes, et du fascisme
Les faits sont têtus. Qu’il s’agisse des données électorales, des choix politiques du gouvernement ou du discours médiatique, tout concorde : la lutte des classes est de retour. Mais avant de s’abonner au journal l’Humanité en entonnant l’Internationale, ou d’acheter le numéro de Valeurs Actuelles qui titre sur « le péril rouge », il s’avère nécessaire de comprendre le phénomène dans toute sa complexité.
Dans cet article, nous verrons en quoi l’électorat se partage selon un double clivage et dans quelle mesure les choix politiques adoptés aux USA comme en France confirment cette grille de lecture. Nous examinerons en détail la pertinence des décisions économiques prises par monsieur Macron, avant de chercher à expliquer comment elles sont imposées à l’opinion publique. Nous verrons ainsi que le clivage ne se situe pas seulement au niveau d’une traditionnelle opposition capital/travail, mais concorde avec la montée du racisme et du repli sur soi, un phénomène déterminant qui pourrait à terme déboucher sur un retour du fascisme, en Europe comme aux USA.
1) Le retour de la lutte des classes, chiffres à l’appui.
L’élection d’Emmanuel Macron fournit des données spectaculairement éclairantes en matière de sociologie électorale. (1)
Dès le premier tour, on observe un clivage très marqué en fonction du niveau de revenu et des classes sociales, comme le montre le graphique ci-dessous :
En agrégeant les scores des candidats « néolibéraux » (Macron et Fillon) et en les comparants aux candidats « contestataires » (Mélenchon et Le Pen), le fossé devient encore plus évident.
En matière de catégories sociales, si on ajoute le score de Benoît Hamon au bloc « socialiste-progressiste » de Mélenchon, et en séparant Marine Le Pen, on observe de nouveau une corrélation frappante, qui explique la conclusion de Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’IFOP, « C’est un vote de classe ».
Au second tour, la corrélation entre niveau de revenu et vote en faveur de Marine Le Pen confirme cette hypothèse de lecture de façon spectaculaire :
En clair, les « perdants de la mondialisation » votent majoritairement pour des candidats perçus comme « antisystèmes » et ayant axé leur campagne sur des thèmes sociaux, tandis que les classes moyennes supérieures et les riches votent majoritairement pour des candidats prosystème dont les thèmes de campagnes favorisent le capital (baisses d’impôts, austérité budgétaire) au détriment du travail (baisse des conditions de travail, recul des prestations sociales).
On observait une dynamique quelque peu similaire aux États-Unis, lors de la présidentielle de 2016. Si Donald Trump a remporté l’élection grâce à la conquête d’une part marginale d’électeurs traditionnellement démocrates, issus de la classe ouvrière blanche et localisés dans les fameux états désindustrialisés de la Rust Belt, les « perdants de la mondialisation » se sont surtout abstenus. À l’inverse, c’est le soutien écrasant des classes sociales les plus aisées, votant par intérêt bien compris, qui a fait élire Donald Trump. (2)
Il y a donc bien, aux USA comme en France, un vote de classe qui se répartit en fonction du niveau de revenu et du milieu social.
Mais cette analyse demeure insuffisante pour expliquer à elle seule la composition du paysage politique. Le sociologue Emmanuel Todd identifie un second clivage déterminant, celui de l’âge. Ainsi, François Fillon recueille une part écrasante du vote des retraités et seniors. Emmanuel Macron arrive second sur ces deux catégories, alors que Jean-Luc Mélenchon domine le vote des jeunes, devant Marine Le Pen.
De même, les courbes d’Hillary Clinton et Donald Trump se croisent parfaitement en fonction de l’âge :
Or, qu’est-ce qui distingue les « vieux » des « jeunes » ?
Tout d’abord, leur rapport au travail et au capital. Les seniors sont majoritairement en fin de carrière ou à la retraite avec un revenu garanti. En moyenne, ils jouissent d’un patrimoine et d’un niveau de rémunération plus élevé et donc d’une plus grande sécurité matérielle. À l’inverse, les jeunes possèdent un patrimoine plus faible (voire nul). Ils étudient ou, lorsqu’ils travaillent, se trouvent plus fortement impactés par le chômage et la précarité. En clair, les seniors ont tendance à vouloir « conserver » leurs acquis (patrimoine et retraite) tandis que les jeunes ont besoin de « progrès social » pour accéder au même confort.
Mais les différences sont également sociologiques. Les jeunes ont tendance à être plus progressistes et mieux informés. Ils regardent peu les JT auxquels ils préfèrent la presse indépendante et les médias alternatifs. Les seniors, eux, restent essentiellement informés par la télévision et les médias de masse. Ils sont d’autant plus facilement influencés par la pensée néolibérale et l’idéologie réactionnaire.
Emmanuel Todd parle ainsi de course effrénée. Un nombre croissant de jeunes rejoint les candidats antilibéraux en réponse aux dégâts sociaux et écologiques occasionnés par la mondialisation. Mais inversement, le vieillissement de la population favorise le poids électoral des retraités. (3)
La lutte des classes se joue donc sur deux plans complémentaires. Le niveau de richesse d’un côté, et l’idéologie réactionnaire de l’autre.
Pour l’instant, ce sont donc les classes aisées et les retraités qui parviennent à faire élire difficilement leurs candidats. En ont-ils pour leur argent ?
2) Macron et Trump, présidents des riches (et des réactionnaires) ?
Aux États-Unis, la réponse semble évidente. Après avoir amplifié la politique xénophobe et raciste de ses prédécesseurs, Donald Trump a appuyé les multiples efforts du parti républicain pour abroger la réforme de la santé « obamacare » afin de réduire massivement les prélèvements sociaux sur les très grandes fortunes. (4) Mais c’est la présentation du budget 2018 qui ôte tout doute possible. Le texte prévoit 2400 milliards de dollars de baisse d’impôts sur dix ans, dont les trois quarts seront concentrés sur les 1 % les plus riches. Elles seront financées par 1500 milliards de dettes supplémentaires et 900 milliards de coupes budgétaires sur les aides sociales. La hausse du budget militaire devrait être partiellement compensée par des coupes drastiques dans l’éducation, la science et la protection de l’environnement. (5)
Ces baisses d’impôts spectaculaires se concentrent sur les 0,2 % les plus riches à travers la suppression de la taxe sur l’héritage des grandes fortunes (estate taxe) qui s’appliquent aux individus possédant plus de 5,5 millions de dollars de patrimoine. Enfin, la baisse de l’impôt sur les sociétés de 35 à 20 % va permettre aux ultras riches qui ont recours à de simples montages financiers de réduire leurs impôts de 15 %, ce qui représente plus de soixante millions de dollars de cadeaux fiscaux pour les membres de l’équipe gouvernementale sur la seule année 2018. (6)
Le parti républicain et Donald Trump justifient ce budget, que trois quarts des Américains désapprouvent, en invoquant son effet positif sur la croissance.
Macron, président des riches ?
Edouard Philippe expliquait au Financial Time que son gouvernement allait mettre en place « des réductions d’impôts pour les riches dès 2018 ».
En effet, la suppression de l’ISF sur le capital mobilier représente 4 milliards d’euros de cadeaux fiscaux. À cela s’ajoute la mise en place de la « flat tax » sur le capital, qui coûtera 1,9 milliard supplémentaire selon le gouvernement, 4 milliards selon l’OFCE et jusqu’à 15 milliards selon Gabriel Zucman (Professeur d’économie à l’université de Berkeley en Californie), qui a calculé ses effets d’aubaines en se basant sur les expériences finlandaises et américaines. Au total, les baisses d’impôts sur les 1 % les plus riches représentent entre 59 et 180 milliards d’euros sur dix ans (selon qu’on prenne les chiffres du gouvernement ou du journal Le Monde et de Mr Zucman). En proportion de la taille de l’économie française, les baisses d’impôts de Macron sont donc situées au même niveau que celles de Donald Trump. (7) (8)
En incluant la baisse des cotisations sociales et la suppression de la taxe d’habitation (mais en excluant l’effet d’aubaine de la flat tax), l’OFCE estime que la moitié des baisses d’impôts profitent aux 10 % les plus fortunés. À cela, il faut ajouter le gel du livret A qui va coûter aux petits épargnants pas moins de 1,2 milliard d’euros par an, la hausse de la CSG et de la fiscalité sur le tabac et le diesel, les cinq milliards de coupe budgétaire sur la sécurité sociale, les 13 milliards de coupes pour les collectivités locales, la suppression de 240 000 emplois aidés, la baisse des APL et du financement du logement social et les baisses de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Le rapport de l’OXFAM estime que les 10 % les plus pauvres vont voir leur pouvoir d’achat réduit de 336 euros par an tandis que les 10 % les plus riches profiteront d’une hausse de revenus de 1193 euros.
Quant aux 0,1 % les plus riches, le ministre des Finances Bruno Lemaire a indiqué qu’ils recevront 400 millions d’euros de baisse d’ISF en 2018, soit 400 000 euros par personne. Le ministère des Finances a quant à lui chiffré à 582 380 euros par tête le bénéfice de la Flat Tax pour les 100 premières fortunes de France, et reconnu que la moitié des réductions d’impôts de cette mesure sera captée par les 1 % les plus fortunés. (9)
On assiste donc à un fantastique transfert de richesse, la classe moyenne et les pauvres versant entre 5,5 et 18 milliards d’euros au 1 % les plus riches.
Tout comme Donald Trump et le parti républicain, Emmanuel Macron justifie ces baisses d’impôts par leur effet positif sur l’investissement, la croissance et l’emploi. Pourtant, le ministère des Finances vient de confirmer que cet argument était faux, selon ses propres calculs. Nous reviendrons sur ce point crucial en troisième partie.
Pour l’instant, retenons que le capital se trouve particulièrement bien soigné par le nouveau président de la République.
Qu’en est-il du travail ?
Les ordonnances organisent une flexibilité généralisée, y compris pour les cadres. Elles remettent en cause les 35 heures et le concept de CDI tout en permettant une baisse importante des salaires. (10) La réforme fonctionne de pair avec le projet de refonte de l’assurance chômage qui obligera les chômeurs à accepter la seconde offre d’emploi, sous peine de perdre leurs allocations. Ainsi, l’employeur se retrouve en position de force pour négocier les baisses des conditions de travail avec des employés terrorisés par la perspective de se faire sèchement licencier.
Les révélations de wikileaks, curieusement non reprises par la presse, permettent de comprendre le point de vue d’En Marche. « Sur le travail, c’est vraiment la deuxième question la plus importante, car, au bout du compte, l’essentiel est de savoir si les Français sont effectivement convaincus que mieux vaut des travailleurs pauvres que des chômeurs bien indemnisés » explique Alexis Kholer, secrétaire général de l’Élysée.
Mais Emmanuel Macron ne se contente pas d’aider les plus aisés au détriment des plus précaires. Ses arbitrages en matière d’écologie et de régulation financière démontrent un souci impérieux de préserver les intérêts des « marchés ».
Ceci explique le soutien aveugle au CETA, un traité de libre-échange qui, du propre aveu du parlement européen, va détruire deux cent mille emplois, dont quarante-cinq milles en France. Macron signe l’accord en dépit des conclusions de l’étude qu’il avait lui-même demandé. Or ces conclusions sont particulièrement alarmistes en matière d’impact sur l’environnement et la santé publique.
Son #makeourplanetgreatagain ne résiste pas aux faits : le gouvernement a cédé aux lobbies pétroliers sur le projet d’interdiction des forages, décidé d’autoriser l’usage des perturbateurs endocriniens et se refuse à interdire le glyphosate. Sans oublier la curieuse suppression de la taxe exceptionnelle sur les activités industrielles polluantes et son soutien aux projets de mine d’or en forêt amazonienne guyanaise et d’aéroport à Nantes. (11)
Mais le clou du spectacle est révélé par Médiapart et RTL. On apprend que la position défendue par la France dans les négociations européennes sur les énergies renouvelables est en totale contradiction avec les accords de la COP21. L’Élysée refuse la mise en place d’un fond de solidarité pour la transition énergétique et se positionne contre la proposition allemande d’intégrer un processus de contrôle du respect des engagements. Tout est fait pour faire capoter les objectifs de la COP21. On croit rêver.
À l’inverse, Emmanuel Macron a défendu bec et ongles le maintien du verrou de Bercy, ce dispositif qui permet au gouvernement de limiter la lutte contre la fraude fiscale, tout comme il a enterré la taxe européenne sur les transactions financières et proposé la dérégulation de la finance française.
Les faits sont têtus, quoiqu’on pense des effets de cette politique fiscale et budgétaire, elle constitue une politique de classe visant à favoriser le capital. Et elle est d’ailleurs clairement revendiquée comme telle par le gouvernement.
Reste l’aspect « réactionnaire ».
Emmanuel Macron fait preuve de courage en tenant des discours inclusifs et positifs, que ce soit matière d’intégration européenne, de sécurité ou d’immigration. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne s’abaisse pas à stigmatiser les musulmans ou les immigrants. Pour autant, le projet de loi d’immigration « prend le chemin du tout répressif », selon Médiapart, et constitue « une ligne ferme » selon le Figaro.
Mais le principal marqueur reste la loi antiterroriste, un texte dénoncé par l’ONU comme une atteinte aux droits de l’Homme, et dont les dispositions mettent fin aux principes d’indépendance de la justice, d’égalité devant la loi et de présomption d’innocence. (12)
Certes, le gouvernement Macron ne tient pas de discours particulièrement réactionnaire, à l’exception de sa stigmatisation des travailleurs « feignants », des grévistes qui « foutent le bordel » et des chômeurs qui « prennent des vacances ». Mais il mène malgré tout une politique encore plus répressive et autoritaire que ses prédécesseurs en matière d’immigration et de libertés individuelles.
3) La pertinence de la politique d’Emmanuel Macron : dictature de l’idéologie au service de la classe
Comme nous venons de le voir, les dernières élections démontrent le retour d’un vote de classe qui s’accompagne d’un clivage générationnel.
Emmanuel Macron et Donald Trump mènent, dans des proportions différentes, une politique qui correspond à ces clivages. Sont-elles pertinentes d’un point de vue de l’efficacité ?
Tâchons de répondre à cette question en nous limitant au cas de la France, et en postulant la sincérité d’Emmanuel Macron. Son projet politique reprend les vieilles formules des néolibéraux des années 80, Ronald Regan et Margaret Tatcher, jadis défendues par les deux grandes institutions néolibérales que sont le fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de Coopération au Développement Economique (OCDE). Comme nous allons le voir, leurs positions ont évolué sur ces questions.
Selon la logique néolibérale, pour relancer l’emploi et la croissance, il faudrait « libérer les énergies » en facilitant l’investissement privé à travers une politique favorable au capital, tout en cherchant à flexibiliser le marché de l’emploi et favoriser la compétitivité des entreprises.
Tout cela semble découler du bon sens, et pourtant, la science économique et les études empiriques démontrent l’inefficacité des mesures mises en place par le gouvernement. Prenons-les une par une.
La baisse de l’impôt sur le capital ne favorise pas la croissance
Le Fonds Monétaire International vient de publier une étude qui confirme les conclusions récentes des économistes de l’OCDE : les baisses d’impôts sur les riches ont un effet négatif sur la croissance. Dans une allocution prononcée à Harvard, Christine Lagarde, présidente du FMI, va même plus loin : taxer plus fortement les riches serait bénéfique à l’économie. Entendre l’ancienne ministre des Finances de Nicolas Sarkozy tenir un tel discours devrait nous alerter sur la supposée pertinence de la démarche d’Emmanuel Macron. (13)
Plus surprenants, les chefs d’entreprises eux-mêmes estiment que les baisses d’impôts ne seront pas favorables à la croissance et l’investissement, selon un récent sondage publié par le journal économique La Tribune. (14)
De manière générale, la hausse des inégalités à un effet négatif sur les perspectives de croissance et d’emplois, comme l’ont reconnu la banque Mondiale, le FMI, et l’OCDE.(15) Affirmons-le une dernière fois : les politiques budgétaires qui réduisent l’impôt des plus riches sont néfastes à l’économie.
Rentrons dans les détails en prenant l’exemple le plus emblématique, celui de la suppression de l’ISF sur les revenus mobiliers. Admettons que les bénéficiaires décident d’investir leurs quatre milliards d’euros de cadeaux fiscaux dans l’économie française. Comment peuvent-ils le faire ?
Les TPE/PME se financent par l’emprunt auprès des banques et l’émission de part sociales. L’investissement dans les PME étant déjà déductible de l’ancien ISF, la nouvelle loi ne changera donc rien pour ces entreprises. De plus, ces placements sont très risqués et peu rentables, il y a donc peu de chance qu’ils attirent la majorité des sommes disponibles. Restent donc les grandes entreprises.
Du point de vue d’une société cotée en bourse, les besoins de financement sont assurés par l’émission de nouvelles actions (un chiffre en recul constant, et dont la part ne représentait que 3,8 % de l’investissement national et 0,3 % des transactions financières en 2015) et l’emprunt auprès des banques. Or les banques ne prêtent pas en fonction de leurs dépôts, mais ont recours à la création monétaire (une notion complexe qu’on ne peut détailler ici, mais qui est expliquée là). (16)
En clair, dans 99,7 % des cas, les placements financiers ne financent rien du tout, ils ne font qu’alimenter la spéculation et accentuer la pression sur les entreprises contraintes de maintenir les versements de dividendes et le rachat d’action, deux phénomènes qui se font au détriment de l’investissement. La suppression de l’ISF va donc détruire du capital plus qu’elle ne financera l’économie réelle.
L’autre argument avancé pour justifier la suppression de l’ISF s’appuie sur l’idée qu’elle décourageait l’exil fiscal et favoriserait l’entrepreneuriat. Si certains cas particuliers peuvent appuyer cette vision, à l’échelle macroéconomique (la seule qui compte du point de vue du gouvernement), c’est totalement faux.
La France reste le septième pays du monde en volume d’investissement, leur part dans le PIB est supérieure à la moyenne européenne (et en particulier supérieur à l’Allemagne et la Grande-Bretagne) tandis que le nombre de foyers assujettis à l’ISF augmente chaque année. Seul 0,2 % des contribuables redevables s’exilent selon le ministère des Finances, et l’âge moyen des exilés est de 57 ans. Enfin, si le problème était vraiment celui de la fuite des entrepreneurs à l’étranger, il serait possible de mettre en place un impôt « différentiel » (ou « universel »), comme le font les USA, qui forceraient les expatriés à s’acquitter de la différence d’impôt en France.
La suppression de l’ISF n’a donc aucun sens économique. (17)
La compétitivité des entreprises à travers le CICE
Pour un coût annuel de vingt milliards d’euros, il devait permettre la création d’un million d’emplois (selon le MEDEF). Le comité d’observation de cette loi, mis en place par Emmanuel Macron et François Hollande en 2013, vient de livrer ses conclusions. La mesure a coûté soixante milliards et sauvé cent mille emplois sur trois ans, soit un coût unitaire de 200 000 euros par emplois et par an, à comparer au coût des emplois aidés (8600 euros/an selon Bercy). (18)
Devant pareil constat, un ministre vigilant devrait mettre un terme à cette mesure particulièrement inefficace et par ailleurs responsable d’un tiers du déficit budgétaire. Il n’en est rien, en 2019 Bruno Lemaire transformera le CICE en baisse de charges patronales afin de le pérenniser, conformément au programme présidentiel de François Fillon.
Encore une fois, le « bon sens » voudrait que la baisse du coût du travail permette aux entreprises d’embaucher. Sauf que, pour une TPE/PME, ces baisses marginales ne représentent qu’une aide de quelques milliers d’euros par an, alors que pour les entreprises du CAC40 qui embauchent des milliers de salariés, la subvention représente des millions. Or, ce sont les PME/TPE qui embauchent, les multinationales ayant plutôt tendance à réduire leurs effectifs et/ou délocaliser.
De même, les ordonnances vont permettre de baisser le coût du travail en réduisant les salaires, mais paradoxalement l’effet sur l’emploi risque d’être négatif.
Pour comprendre que ce qui est « souhaitable » pour une entreprise ne l’est pas nécessairement pour le pays, il suffit de se prêter à une expérience de pensée.
Imaginez que le coût du travail soit réduit à zéro, ce qui revient à dire que tout le monde travaille gratuitement. On comprend que la consommation tomberait elle aussi à zéro, et que les entreprises se trouveraient de fait dans l’incapacité de vendre et de produire quoi que ce soit.
Baisser le coût du travail réduit la consommation des ménages, donc la demande globale, comme l’apprennent tous les étudiants en première année de science économique, et comme l’a récemment reconnu l’OCDE dans une compilation d’études économiques. (19)
Il faut donc bien distinguer le « bon sens » qui se base sur notre perception de la réalité, et les vérités qui découlent de l’analyse économique et des études empiriques.
La compétitivité des entreprises à travers la flexibilisation du marché du travail
Dans un monde qui change, les entreprises doivent pouvoir s’adapter rapidement. Sauf que, toujours selon les dix mille chefs d’entreprises interrogés par l’INSEE, le droit du travail ne serait pas un frein à l’embauche. Une conclusion qui rejoint celles des économistes de l’OCDE et du FMI, qui, une fois de plus, viennent contredire le gouvernement en se basant sur trente ans de recherche empirique des effets de flexibilisation du droit du travail. Même Louis Aghion, l’économiste en chef d’Emmanuel Macron, cosignait en 2015 une étude économique dont la conclusion stipulait qu’« Il n’y a pas de corrélation démontrée entre le niveau de protection de l’emploi et le chômage ». (20)
L’austérité budgétaire ne permet pas de réduire la dette
Autre erreur idéologique majeure, la réduction de la dépense publique ne permet pas de réduire les déficits, comme l’a magistralement démontré l’épisode grec.
Bruno Lemaire faisait appel à notre « bon sens » : un chef de famille qui dépense plus qu’il ne gagne court à la faillite. Sauf qu’un père de famille n’est pas une analogie pertinente pour un état. Car lorsque la dépense publique baisse, la consommation, l’investissement et in fine le PIB baisse également. Donc les taxes perçues par l’état diminuent, et les recettes du budget de l’État font de même. On parle d’effet multiplicateur, que le FMI et l’OCDE (encore eux) ont reconnu avoir sous-estimé par le passé, avant de conclure à l’inefficacité de l’austérité. (21)
On voit à travers tous ces exemples que le « bon sens » dont se réclame le gouvernement se heurte à la science économique et aux données empiriques.
La « Bombe » du ministère des Finances qui prouve la théorie de « lutte des classes »
Comment expliquer l’entêtement du gouvernement face à l’évidence économique ?
Notre inclinaison initiale penchait vers une explication de type sociologique. Bercée par le discours néolibéral, la classe dirigeante serait victime d’un aveuglement idéologique, au même titre que l’extrême gauche peut être emprisonnée dans ces vieux prismes de lectures. En clair, il existerait une certaine inertie au sein des cercles de pouvoir, ce qui expliquerait qu’ils n’aient pas encore intégré les conclusions de la science économique ou de leurs propres experts.
Cette hypothèse est remises en question par de troublantes révélations.
D’abord, la démonstration magistrale de l’économiste Gabriel Zucman à propos de l’effet de la flat tax jette le trouble. Il écrit dans les colonnes du journal Le Monde que le chiffrage du gouvernement « relève soit de l’incompétence pure et simple, soit de la volonté de tromper la représentation nationale et le pays. »
Mais c’est à la persévérance du sénateur socialiste Vincent Eblé que l’on doit la bombe qui fait voler en éclat tout l’argumentaire du gouvernement. Les services du ministère des Finances ont révélé les effets des baisses d’impôts sur l’économie. Selon leurs propres analyses, ils sont quasiment nuls. Les réformes coûteraient 51 milliards d’euros sur dix ans et permettraient de générer 50 000 emplois et 0,5 % de croissance totale. Soit 0,05 % de croissance par an et un coût de un million d’euros par emploi créé. Il suffit de comparer ce chiffre à celui du coût d’un emploi aidé (8 760 euros) pour se rendre compte de l’absurdité de la réforme. (22)
D’où la conclusion qui s’impose : Emmanuel Macron mène une politique de « lutte des classes » à l’envers, favorisant le capital au détriment du travail, par pur intérêt de classe.
4) Comment les politiques néolibérales s’imposent à la population
Compte tenu du caractère « absurde » des mesures gouvernementales, comment s’imposent-elles à l’opinion publique ?
La pensée néolibérale, le recours au « bon sens » et à la stigmatisation
Pierre Bourdieu définissait le néolibéralisme comme « un programme de destruction des structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché ».
Au cœur de cette pensée se trouve l’idée que tout se réduit au comportement d’un agent économique de base. D’où la promotion de l’individualisme et la croyance à l’efficacité du marché.
Il est pourtant facile de démontrer ses contradictions, comme nous l’avons fait avec la notion de compétitivité du coût du travail. Ce qui est bon pour une entreprise (des salariés travaillant gratuitement) n’est plus bon pour l’économie si le comportement est généralisé à tous les agents (plus personne n’est en mesure d’acheter les biens produits si plus personne ne touche de salaire).
Lever ce paradoxe requiert cependant un certain effort intellectuel, alors qu’extrapoler le « bon sens » à l’échelle de la nation est à la portée de tous. Et c’est là que réside la puissance de la pensée néolibérale : elle est facile à formuler (bien que ces conclusions soient souvent fausses).
Ainsi, des légions de chefs d’entreprises, d’essayistes, d’éditorialistes et de commentateurs viennent nous expliquer à longueur de temps d’antenne qu’il faut que les entreprises gagnent en compétitivité, que la santé et l’éducation sont des coûts à réduire (et non pas des investissements à augmenter), que les cotisations sociales sont des charges (et non pas du salaire différé) et ainsi de suite.
Puisque c’est simple et intuitif, l’auditeur comprend. Certains faiseurs d’opinions profèrent ainsi des âneries par pure paresse intellectuelle, d’autres « experts » le font par intérêt bien compris.
Car si la pensée néolibérale a été adoptée par la bourgeoisie et la classe dirigeante, c’est avant tout parce qu’elle sert ses intérêts. Moins d’impôts, moins d’État, moins de services publics, moins de droits de douane, moins de régulations, plus de « marchés » sur lesquels faire des profits.
L’appel au « bon sens » s’accompagne donc d’une stigmatisation à outrance des classes visées par les politiques menées. Ainsi, les manifestants sont des « feignants » et les grévistes des « preneurs d’otages ». La fraude aux aides sociales est constamment pointée du doigt en lieu et place de la fraude fiscale, en dépit du fait que la première coûte trente fois moins à l’état que la seconde.
Après avoir pris pour cible les travailleurs qui refusaient de se faire précariser, les attaques ciblent désormais les chômeurs qui ne sont plus considérés comme les victimes du chômage, mais comme la cause de ce dernier ! Ils « partiraient en vacances » et il « s’agirait de les contrôler « tous les jours ». Tout le monde connait un chômeur qui profite du système, n’est-ce pas ?
Pour pointer l’absurdité de cette rhétorique, il suffit de regarder les chiffres : six millions de chômeurs pour cent mille offres d’emplois non pourvues. Même si on pouvait obliger les inscrits à accepter la première offre venue, il resterait 5,9 millions de demandeurs d’emplois. (23)
Guénolé: "Les chômeurs ne sont pas coupables de leur chômage".
"Les chômeurs ne sont pas coupables de leur chômage. Il n'y a que 120 000 postes par an qui restent vacants faute de candidat. Ça fait 2% de nos 5,6 millions de chômeurs. Donc, l'argument "les chômeurs sont au chômage parce qu'ils ne cherchent pas assez", c'est bidon." => Extrait de mon "édito Insoumis" du 23/10/2017 sur Europe 1, chez Christophe Hondelatte.
Publié par Thomas Guénolé sur mercredi 25 octobre 2017
TINA: There is no alternative (il n’y a pas d’alternative)
Le second angle d’attaque consiste à convaincre l’opinion qu’il n’y a pas d’alternative. Ainsi, « les marchés » imposent à « l’Union européenne » de mettre en place un « traité budgétaire » et sa fameuse « règle des 3 % » de déficits (et l’austérité qui en découle). Pour faire face à « la mondialisation », les entreprises doivent être compétitives. On notera au passage que toutes ces notions qui semblent indépassables découlent en réalité de choix politiques, et que renoncer à sortir du cadre qu’elles imposent, donc à remettre en question ces choix, revient à arrêter de faire de la politique. Ce n’est ni plus ni moins que la définition de la mort de la démocratie.
Macron ne fait donc pas de politique, il fait de la gestion. Son élection apparaît ainsi comme l’aboutissement d’une logique, un « non-évènement ».
Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac n’avaient pas pu pousser aussi loin la logique néolibérale et la politique de classe, car le parti socialiste entretenait encore l’illusion d’une certaine alternance. Depuis le renoncement de François Hollande, dès le lendemain de son élection, à remettre en cause les politiques d’austérité, il n’y a plus d’alternative « classique ».
Macron et Fillon présentaient à quelque chose près les mêmes programmes (réforme du code du travail, suppression de l’ISF, flat tax à 30 %, austérité budgétaire, réduction du nombre de fonctionnaires, réforme de l’assurance maladie et des retraites, obligation pour les chômeurs d’accepter la seconde offre d’emploi, pérennisation du CICE en baisse de cotisation patronale… aller voir le programme de Fillon, c’en est troublant). Quant à Benoit Hamon, il avait, à quelque chose près, le même projet que François Hollande en 2012 (négociation de la fin de l’austérité avec l’Allemagne, parlement de la zone euro, réforme de l’impôt sur le revenu, revalorisation du smic…) qu’il aurait lui aussi été contraint d’abandonner sitôt élu, puisqu’il refusait de remettre en cause « le cadre ».
Il n’y avait donc pas d’alternative, sauf à voter pour les « extrêmes ». Et c’est en observant leur traitement médiatique que l’on est en mesure d’apprécier la perversité du système.
D’un côté, le FN, épouvantail parfait et repoussoir précieux contre laquelle l’ensemble de la presse appelle à faire barrage au second tour. Il n’aura échappé à personne qu’aussitôt l’élection terminée, Marine Le Pen et Floriant Phillipot sont redevenus fréquentables aux yeux des journalistes, y compris sur le service public.
La gauche progressiste ne bénéficie pas de ces mêmes largesses, et se retrouve constamment au cœur de polémiques médiatiques fabriquées de toute pièce.
Une expérience suffira à démontrer la préférence des médias pour le FN. Le 5 février 2017, en plein cœur de la campagne présidentielle, les deux chaînes d’informations continues qui couvraient le meeting de Mélenchon et son hologramme ont automatiquement basculé sur celui de Marine Le Pen dès sa montée sur scène, sans revenir ensuite sur l’insoumis. Et ce, en dépit d’une chute d’audience surprenante. L’intégralité du discours de la candidate frontiste a ainsi été diffusée par les cinq chaînes d’information continue. (24)
La technique du Cheval de Troie pour faire passer les réformes
Emmanuel Macron fait preuve d’un réel génie, reconnaissons-lui cela. Il aurait été difficile de se faire élire en proposant la fin des 35 heures, du CDI et de l’assurance chômage, la baisse systématique des salaires, la fin de la sécurité sociale et de l’État de Droit.
C’est pourtant bien ce qui est en train de se passer, grâce à la technique du cheval de Troie. Ainsi, les ordonnances de la loi travail ne font qu’introduire de nouvelles possibilités qui permettent, entreprise par entreprise, d’en finir avec les 35 heures ET les heures supplémentaires ET le CDI ET le 13e mois.
De même, la réforme de l’assurance chômage ne remet pas en cause son existence, mais l’obligation d’accepter la seconde offre d’emploi la rend inutile. Soit on accepte de faire un mois d’intérim de nuit, soit on perd les allocations. Avec pareil traitement, le chômage, défini comme le nombre d’inscrits à pôle emploi, devrait rapidement reculer…
La réforme du système des retraites devrait recourir à la même méthode. On ne sort pas du système par répartition, mais on le vide de son sens.
Quant à la sécurité sociale, le processus de destruction reprend les vieux classiques néolibéraux. On coupe les budgets (-5 milliards en 2018), on transfère les recettes contrôlées par les partenaires sociaux (les cotisations sociales) au ministère des Finances (via l’augmentation de la CSG et la diminution des cotisations), le trou de la sécu se creuse, le niveau de prestations se détériore et le système s’effondre de lui-même. Les mutuelles et cliniques privées se tiennent prêtes à assurer la relève, moyennant profit. CQFD.
Et bien sûr, on sort de l’État d’urgence en le rendant permanent. Astucieux, non ?
La dislocation des classes sociales
Pour autant, les Français ne sont pas complètement dupes. Il suffit de regarder les sondages et les taux d’abstention pour s’en convaincre. 77 % des Français sont opposés à la politique fiscale du gouvernement, 65 % aux ordonnances de la loi travail.
Mais alors, pourquoi ne défilent-ils pas dans la rue ?
D’abord parce que le sentiment d’appartenir à une classe sociale a largement disparu. Si la politique de Macron servait exclusivement les 1 % et menait une guerre impitoyable aux 99 % restant, le pays deviendrait rapidement ingouvernable. Mais la réalité est plus diffuse. Si on excepte sa détermination à poursuivre la destruction de l’environnement, les politiques d’Emmanuel Macron favorisent plutôt les 10 % – 20 % que les 1 % les plus riches. Or il n’y a pas de seuil absolu, et le plasma diffus des catégories sociales dont les intérêts sont parfois contradictoires rend tout clivage précis impossible à définir. À cela s’ajoute une tendance naturelle à refuser de se sentir concerné. Combien de cadres et de jeunes ingénieurs sortis d’écoles réalisent que ce seront eux les premières victimes des ordonnances sur la loi travail et de la destruction de l’hôpital public ? (25)
Le même phénomène s’observe aux USA. Le Monde diplomatique nous rappelle qu’outre les donateurs qui financent les campagnes, l’influence politique est détenue par les classes supérieures et moyennes supérieures, les 75-99 %. Leur taux de participation aux élections est largement supérieur à la moyenne nationale, ce sont eux qui achètent les journaux et qui ont la capacité de peser sur le débat public. Donald Trump leur doit son élection. (26)
À l’inverse, les classes moyennes et populaires sont de plus en plus éclatées. En 1945, la classe ouvrière et les employés formaient un cœur soudé, numériquement majoritaire et particulièrement puissant. Depuis, les politiques néolibérales sont parvenues à morceler ce bloc. Le nombre de syndiqués diminue, les services publics reculent, le « prolétariat » se divise entre chômeurs, intérimaires, précaires, syndiqués et cadres prestataires. Le rapport de force s’en trouve considérablement affaibli.
Il ne s’agit pas d’un hasard, mais bien d’une conséquence logique des politiques néolibérales qui détruisent peu à peu le lien social et les réflexes de solidarité.
Et lorsqu’un regain de conscience et de révolte souffle sur la France, on nous ressort le FN.
5) Le retour du fascisme
Manuel Valls s’est refait une santé politique en traitant les insoumis d’islamo-gauchistes, en allant courtiser l’extrême droite israélienne et en reprenant à son compte le discours du FN. Trop content de lui tendre le micro pour qu’il puisse éructer sur ceux qui contestent les réformes libérales, il s’est rapidement retrouvé de nouveau invité aux matinales et cité par toute la presse.
Celle de droite, en particulier le Figaro et Le Point, mène une charge invraisemblable contre les intellectuels, accusés de favoriser le terrorisme islamique, rien que cela. Dans un dossier hallucinant, on retrouve au banc des accusés des « agents de l’islam » qui vont de Benoit Hamon à Pascal Boniface, d’Emmanuel Todd à Edwy Plenel.
Ceci n’est pas dû au hasard. Si certains éditorialistes fantasment en effet sur des thèses d’inspiration nazie (le grand remplacement ethnique, la disparition des racines chrétiennes), le fait que leurs idées aient désormais pignon sur rue s’explique simplement par une stratégie de contre-feu.
Il faut nécessairement maintenir l’illusion de l’absence d’alternative aux politiques néolibérales. La violence des propos est tout bonnement hallucinante et se retrouve également dans les pages de Charlie Hebdo, de Marianne et Libération, trois journaux soi-disant de gauche qui taxent tout ce qui est antilibéral d’islamogauchisme. Diables rouges, « rouge brun » et « agents de l’islamisme radical », seule la terminologie change dans la bouche de cette démarche anti-intellectuelle et fascisante. (27)
Mais à force d’attiser les fantasmes et de convaincre les Français qu’il n’y a pas d’alternative, l’option néonazie va s’imposer d’elle-même.
En Europe, ce sont précisément les politiques néolibérales qui ont permis à l’extrême droite de prendre le pouvoir dans un quart des pays membres. En Autriche, Finlande, Slovaquie, Pologne et Hongrie, les forces fascistes sont au gouvernement. Au Royaume-Uni, la xénophobie a conduit au Brexit et forcé Theresa May à s’allier à l’extrême droite pour former une majorité. En Allemagne, quatre-vingt-dix députés néonazis sont entrés au Bundestag. Aux États-Unis, Trump mêne une politique profondément raciste et xénophobe dans un pays où régnait déjà une certaine forme d’apartheid.
En France, Emmanuel Macron s’enferme dans une spirale autoritaire en bafouant ouvertement les droits de l’homme et les principes fondateurs de la république (séparation des pouvoirs, égalité devant la loi). Quant au parti Les Républicains, il adopte désormais la ligne politique du Front National.
Ces dérives ne se matérialisent que parce qu’elles sont électoralement intéressantes. Malgré tous ses efforts, Marine Le Pen n’est pas parvenue à s’attirer les électeurs de Mélenchon au second tour. Les reports de voix sont venus de la droite. (28)
Ainsi, le clivage jeune/vieux risque bien d’arbitrer l’issue de la lutte des classes. Si les représentants du « travail » ne parviennent pas à s’imposer, ce sera la victoire du « capital ». Soit par l’élection d’un candidat fasciste, soit par la dérive fasciste du candidat libéral. Une différence qui ne sera bientôt plus que cosmétique.
Conclusion
Les récentes élections ont démontré le retour d’un vote de classe, auquel s’ajoute un clivage générationnel. Le pouvoir politique en est bien conscient. D’un côté, il soigne les forces réactionnaires à travers une politique ultra sécuritaire et liberticide, de l’autre il mène une véritable lutte des classes contre 80 % de la population. Les plus pauvres sont stigmatisés pour justifier la violence qui leur est faite, tandis que les politiques néolibérales détruisent peu à peu toute capacité de résistance.
Le danger de cette dérive est qu’elle provoque ce qu’on a déjà pu observer au Royaume-Uni, aux USA ou dans les pays de l’est de l’Europe : une catastrophe.
L’histoire se répète, le capitalisme engendre le fascisme qui mène à la guerre. Apprendrons-nous à temps des erreurs du passé, ou est-il déjà trop tard pour renverser la dynamique de lutte des classes ?
***
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Sources et références:
- Sauf mention contraire, les données présentées sont issus de l’IFOP pour Public Sénat, disponibles ici. Pour les USA: les Chiffres et diagrammes disponisbles ici
- Lire cette analyse (en Anglais) de Truthdig, qui reprend les données électorales
- L’analyse d’Emmanuel Todd est disponible sur l’emission d’arrêt sur image reprise ici par le site « les crises »
- Lire notre article “La bataille pour l’assurance santé »
- https://www.thenation.com/article/the-republican-plan-to-rob-america/
- https://www.thenation.com/article/trumps-
- Lire l’article des décodeurs du monde pour un récapitulatif des baisses d’impots, auxquelles il faut ajouter le chiffrage de l’économiste Mr Zucman détaillé dans un second article du monde ici.
- Note : un calcul de coin de table chiffre les baisses d’impôts de Trump pour les 1 % à 2400 * 75 % = 1800, or le PIB américain est un peu moins de dix fois supérieur à celui de la France, soit 1800/9 = 200 a comparé aux 180Mrds d’euro converti en dollars = 200.
- http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/10/27/impot-sur-le-capital-ce-que-gagneront-les-plus-fortunes_5206691_823448.html
- Toutes les justification et sources des affirmations sur la loi travail sont disponibles sur notre article sur les ordonnances de la loi travail ici
- Les sources des affirmations sur la politique écologique de Macron sont détaillés dans notre article « en attendant le déluge », en particulier, la position vis-à-vis de la mine d’or en Guyane, le Ceta, l’extraction d’hydrocarbure, la suppression des aides pour l’agriculture biologique, l’autorisation des perturbateurs endocriniens et la suppression de la taxe sur les activités industrielles polluantes.
- Lire notre article sur la loi antiterroriste et ses sources de bas de page.
- Lire les déclarations du FMI rapportés par cet article du Courrier International
- Selon un sondage publié par La Tribune
- Les différentes études et conclusions sont disponibles dans cet article du monde diplomatique ainsi qu’en source de cette note de blog
- Pour la démonstration complète de l’innéficacité financière de la bourse, lire cette note de l’economiste Frederic Lordon
- Comme l’illustre l’analyse statistique de l’économiste Thomas Piketty publié sur son blog.
- Lire l’article de médiapart pour les chiffres exacts : « Le CICE ou le désastre de l’idéologie, 10/05/2017 »
- Lire Frederic Lordon : https://blog.mondediplo.net/2017-10-03-Le-service-de-la-classe
- Dans « Protection de l’emploi, emploi et chômage », CAE, Focus, 003-2015
- Lire par exemple cet interview de Challenges ou l’article d’Atlantico qui reprend les conclusions du FMI et de l’OCDE
- Lire les révélations du journal Le Parisien et pour les abonnées médiapart une analyse plus détaillés et rigoureuse de Romaric Godin
- Lire Le Monde diplomatique «Chômage, le mythe des emplois vacants »
- Lire cet article de RT ici, ou directement l’appréciation de Jean-Luc Mélenchon là.
- Lire cet éditorial de Serge Halimi : « le leurre des 99% »
- Lire cet excellente étude du monde diplomatique « classe sans risque »
- A lire absoluement, cet éditorial d’Edwy Plenel qui reprend et dénonce le glissement de la presse francaise vers les thèses racistes et xénophobes
- Un électeur de Francois Fillon sur trois contre un électeur de Mélenchon sur dix.
16 réactions au sujet de « Le retour de la lutte des classes, et du fascisme »
Bonjour,
Nous sommes tout simplement tétanisés. C’est la peur qui inhibe les velléités de la plupart alors même qu’ils comprennent plus ou moins que nous allons dans le mur. A la fois complices et victimes parce nous adhérons tous à des degrés divers au consumérisme dont tout découle.
En plus de la peur, on pourrait citer les trois causes de notre servitude évoquées par Etienne de la Boétie :
– l’habitude : « La première raison pour laquelle les hommes servent volontiers, est parce qu’ils naissent serfs et sont nourris comme tels. »
– l’abrutissement : « Le théâtre, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté ravie, les outils de la tyrannie. »
– l’opportunisme : « En somme, par les gains et les faveurs qu’on reçoit des tyrans, on en arrive à ce point qu’ils se trouvent presque aussi nombreux, ceux auxquels la tyrannie profite, que ceux auxquels la liberté plairait. »
A force de décrédibiliser toute alternative au modèle prédominant, il y a en effet un risque de crispation des populations qui pourrait prendre des tournures inquiétantes. En revanche je suis un peu mal à l’aise avec les divers points Godwin et l’interprétation des événements politiques récents.
« Si certains éditorialistes fantasment en effet sur des thèses d’inspiration nazie (le grand remplacement ethnique, la disparition des racines chrétiennes), »
-> Il ne me semble pas que la défense des racines chrétiennes soit une démarche d’inspiration nazie. Le christianisme a fait l’objet de nombreuses luttes bien avant que le nazisme émerge en Europe, et le nazisme relève plus du paganisme.
Si on veut étudier le nazisme en Europe actuellement, il faut plutôt se tourner vers l’Ukraine où le phénomène connait une recrudescence depuis l’Euromaidan de 2014, et vers l’Estonie où les Waffen-SS sont régulièrement commémorés. Curieusement nos chers médias sont très discrets sur ces questions.
« Au Royaume-Uni, la xénophobie a conduit au Brexit et forcé Theresa May à s’allier à l’extrême droite pour former une majorité »
-> Le Brexit ne se réduit pas à un phénomène xénophobe. Bien d’autres paramètres sont à prendre en compte : la situation géographique du Royaume-Unis, l’essoufflement du projet européen, la désindustrialisation, le besoin de souveraineté et de démocratie, etc
« Le danger de cette dérive est qu’elle provoque ce qu’on a déjà pu observer au Royaume-Uni, aux USA ou dans les pays de l’est de l’Europe : une catastrophe. »
-> Le terme de catastrophe est un peu exagéré pour qualifier le Brexit il me semble.
Pour rebondir sur la thèse globale de l’article, je pense qu’il faudrait prendre en compte la question de la souveraineté. Que ce soit pour l’élection de Trump, le Brexit ou la relative percée des partis contestataires en Europe, il y a du côté des populations le sentiment d’être délaissés par leurs représentants. Aux USA, la victoire de Trump a été rendue possible par l’impopularité d’Hillary Clinton, devenue le symbole d’une oligarchie corrompue. En France les gouvernements successifs de gauche ou de droite ont donné la preuve de leur impuissance.
Le paradoxe de la situation actuelle est que le pouvoir est de plus en plus concentré (aux mains d’un plus petit nombre de personnes), mais en même temps de plus en plus diffus (il prend des formes plus diverses : états, multinationales, groupes de pressions, institutions supranationales, etc). Le peuple comprend qu’il n’est plus souverain, mais ne comprend pas qui est devenu souverain à sa place. Il s’agit pourtant de la question centrale qui devrait être le point de départ de toute stratégie politique authentique.
Dans ce contexte de brouillard idéologique, les électeurs sont poussés soit vers la radicalisation soit vers l’abstention… à moins qu’ils soient lecteurs de ton blog bien sûr 😉
A l’image de l’auteur de ce blog, ma conscience politique s’est éveillée récemment et la lecture d’articles comme les siens la renforce un peu tous les jours . Et il m’apparaît souhaitable d’arriver à une certaine radicalité. Parce que, tandis que le brouillard idéologique se dissipe, l’adversaire apparait et il s’est lui-même drôlement radicalisé ces derniers temps.
Merci Thomas pour ce brillant commentaire 😉
Sur la question de la souveraineté: je considère que cette notion est parfaitement équivalente à la notion de démocratie. Sans souveraineté, pas de démocratie. Sans démocratie, pas de souveraineté. Or de ce point de vue, on peut dire que la lutte des classes telle qu’elle est menée par le projet néolibéral n’est pas démocratique, et par équivalence prive le peuple de sa souveraineté. Ce qui explique pourquoi le capitalisme, par nature anti-démocratique, s’accommode mieux de la monté de l’extrême droite que des projets antilibéraux.
On peut cependant discerner à mon sens une souverainisme « de droite » dont la finalité est de reproduire les schéma de domination du travail par le capital à l’intérieur de la nation, suite à un repli sur soi (type brexit) et dont la contradiction évidente entre les intérêts du capital et ceux des forces réactionnaires ne peut qu’aboutir à une fausse souveraineté, et le souverainisme « de gauche » qui reste internationaliste (ce qui n’est pas contradictoire, on peut vouloir encourager la coopération entre les peuples souverains sans les priver de leur souveraineté).
Le brexit, selon moi, serait un projet souverainiste de droite. Il n’a pas été exclusivement causé par la xénophobie, mais ses défenseurs ont largement usé de ce ressort pour faire campagne. Je pense que de manière général on peut s’accorder sur le fait que les politiques néolibérales menées en Europe (et aux USA) ont pour effet de pousser les peuples dans des réflexes de repli.
Le terme de « catastrophe » que j’emplois pour le Brexit et Trump est emprunté aux discours médiatiques dominants pour souligner leurs contradictions. Bien entendu, les causes de ces « catastrophes » peuvent être louables, mais les conséquences du point de vue des peuples sont plutôt négatives (à mon sens). Si je prends l’exemple des USA, Donald Trump a battu la candidate de l’establishment, mais il s’est ensuite plié aux volontés de cet establishment de façon spectaculaire. S’en est presque comique.
Pour répondre aux autres points que tu soulèves: Je concède volontiers des simplifications dans la dernière partie (l’article commençait à déborder fortement de la longueur admissible pour ce format – y compris sur ce blog). La monté de l’extrême droite ne peut se résumer à une montée du racisme sur fond de théorie empruntée au nazisme, mais cependant j’observe à la lecture des sites d’extrêmes droites et des commentaires des militants FN sur des sites plus neutre, que la thèse du grand remplacement ethnique est omniprésente. Et reprise par Laurent Wauquiez récemment.
Sur les racines chrétiennes c’est en effet une erreur de ma part dans le sens ou bien sûr, ce thème n’est pas directement rattaché au nazisme (et est par ailleurs compatible à l’accueil des migrants). Ce que je voulais souligner, c’est l’agitation des fantasmes et de peurs pour provoquer le rejet des projets politiques qui se proposent de défendre les intérêts du Travail au sens large.
Merci de bousculer les certitudes et d’enrichir le débat !
La Chine est une république sans être une démocratie, ce qui ne l’empêche pas d’être souveraine.
A l’inverse la France est une démocratie mais a perdu une grande partie de sa souveraineté.
Souveraineté et démocratie sont donc a priori des concepts distincts. Il s’agit en fait d’un débat sémantique car le mot démocratie est à la fois utilisé au sens institutionnel (comme je viens de le faire) et au sens de l’exercice effectif du pouvoir par le peuple. Je suppose que c’est à cette dernière définition que tu faisais allusion. De même la « souveraineté » dans l’absolu ne veut rien dire car en fin de compte il y a toujours un souverain. La souveraineté du peuple est à distinguer de la souveraineté d’un état par exemple.
Le concept de souveraineté est distinct de celui de gauche ou de droite. On peut avoir un peuple souverain de droite si les électeurs sont eux-mêmes de droite. Le capitalisme s’accommode d’ailleurs très bien des démocraties parlementaires…
Donc en résumé je ne pense pas qu’il y ait d’équivalence entre souveraineté, démocratie et politique de gauche comme tu le laisses entendre:
« On peut cependant discerner à mon sens une souverainisme de droite (…) dont la contradiction (…) ne peut qu’aboutir à une fausse souveraineté ».
Autre remarque au sujet du repli qui serait causé par les politiques néolibérales. Là aussi il faut faire une distinction entre les différents replis : repli identitaire, économique, militaire, etc.
Trump par exemple prônait pendant sa campagne les trois en même temps : anti-immigrationisme, protectionnisme économique, et retrait militaire.
Si on prend maintenant le cas du Japon, ce pays est extrêmement replié sur lui-même du point de vue de l’immigration, ce qui n’empêche pas le libre-échange d’y régner.
En rentrant un peu dans les détails on s’aperçoit que le repli n’est pas forcément une mauvaise chose suivant le contexte, alors que ce mot est connoté très négativement.
Cette notion de « repli » est à mon sens une fable néolibérale qui consiste à assimiler tout pays déviant de la doxa à la Corée du Nord.
Je n’ai pas commenté la lutte des classes qui constitue le cœur de ton article, ça sera pour une autre fois !
Attention, je distingue souveraineté et souverainisme 😉
Vous parlez de retour de la lutte des classes, mais le concept n’a jamais disparu… On l’a juste fait croire aux gens, notamment en les enfumant avec cette pseudo classe moyenne qui n’existe en fait que dans l’esprit des politicards, bon nombre d’économistes ont écrit sue ce mythe!
Aujourd’hui la lutte des classes semble effectivement reprendre de la vigueur. Cependant et contrairement au 19ème siècle, l’aspect révolution sociale, qu’à l’époque elle portait en son sein, a complètement disparu. Laissant la place, comme vous l’écrivez à un racisme sournois. Là, les prolos d’aujourd’hui, se trompent totalement d’ennemi…
Oui, elle n’a jamais disparu dans les faits mais nous avons assisté à un déni de réalité de la part de la classe politique et d’une grande partie des « intellectuels » et commentateurs, surtout depuis la chute du mur.
Je me rappelle encore les mots de Sylvia Pinel au débat de la primaire de la gauche, elle se moquait de l’aile gauche du PS qui avait encore un prisme de lecture de « lutte des classes », et les Hamon/Montebourg qui semblaient indignés « ah non pas du tout, nous savons bien que la lutte des classes c’est dépassé… ». Naufrage de la gauche…
Un commentaire sur la conclusion de cette intéressant tour d’horizon de la situation actuelle: vous dites que tout cela se finira avec le fascisme et la guerre, sauf si les classes moyennes et populaires se lancent dans la lutte.
Cependant, au vu des réactions face à la FI, pensez-vous que les 1% de l’oligarchie, et les 10-20% qui ont objectivement intérêt à les servir, ne seraient pas prêts à répondre par des formes de guerre (civile) à une victoire électorale de notre camp, ou à un mouvement social de grande ampleur? A ce titre, on pourrait prendre les prédictions d’évolution « comme le Vénézuela » pour des menaces.
Le point le plus important, qui ne fait pas partie de votre analyse, c’est l’attitude de l’oligarchie par rapport au reste de la population. Jusqu’à il y a une vingtaine d’années, les classes dirigeantes cherchaient à dominer les autres, parce qu’ils savaient avoir besoin de ces masses, pour la production, et pour la guerre.
Maintenant, avec d’un côté, la promesse des robots dans ces deux domaines, et, de l’autre, le réchauffement climatique lié à la consommation d’énergie fossile par les masses de citoyens des pays riches, les dominants ne cherchent plus à dominer les classes populaires. Ils cherchent à s’en passer.
Bonjour,
Oui vous mettez le doigt sur un véritable problème, la victoire politique d’un parti anti libéral décelnchera probablement une forte réponse de l’oligarchie au sens large, comme on a pu le voir en grèce ou les capitalistes grecs et la calsse dirigeante ont volontairement sabordé leur propre pays pour regagner le pouvoir avant la prise de fonction de Syriza, tout comme l’UE et la troika ont tout fait pour humilier le gouvernement grec et le placer devant l’ultimatum Grexit/austérité 3.0 (cf le livre de Varoufakis). Il sera de ce fait difficile d’inverser la tendance actuelle sans passer par une phase douloureuse.
Par contre je ne pense pas que les ultra-riches puissent se passer des classes moyennes qui serviront encore longtemps à consommer la production, qu’elle soit fabriquée par des robots ou des travailleurs precaires.
Article intéressant car pour la première fois depuis longtemps les très riches semblent aux portes du pouvoir avec les pauvres conservateurs
Je crois que ce qui a vraiment changé ces derniers temps c’est
D’abord l’explosion du nbre de personnes très riches , cf les analyses de Piketty
Ces nouveaux riches sont égoïstes et pensent que leurs fortunes leur appartiennent, ils ne sont pas généreux (et j’ai qqes ex en tète hélas !)
Ils disposaient des paradis fiscaux et autres montages pour réduire leurs impôts
Ces paradis disparaissent, donc pour ne pas payer trop d’impôts ils votent à droite toute et Trump et Macron et autres leur donnent raison !
Mon analyse est simple mais je crains en effet une fracture de nos modelés sociaux d’entraide et de redistribution car ces riches ne comprennent pas les ressorts de notre monde
Ils vont créer des guerres, juste pour pouvoir devenir plus riches
Fascisme ? peut-être pas , mais populisme pour sûr
Et il faut craindre que après les musulmans pris pour cible, après le contrôle de l’Iran, on ne se remette a accuser les juifs lol
Mais c’est ma vieille rengaine qui revient,
On a toujours besoin d’un bouc émissaire pour continuer à faire sans danger ce qui n’est peut-être pas populaire (enrichir les riches, etc…)
Très bon article (même si, lorsque vous quittez le terrain économique, vous me paraissez moins convaincant).
Si cela vois intéresse vous trouverez ici quelques anlyes qui pourraient vous intéresser:
http://neotopia2017.blogspot.fr/
Cdt
Merci. N’hésitez pas à developper la critique, les échanges sont toujours fromateurs 😉
Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marche avec les autres – ce n’est probablement plus une « lutte » (même si il risque de revenir en force) mais une (triste) histoire de suivisme… Pour prendre un exemple emblématique : la monnaie qui « matérialise pour son détenteur la croyance en une valeur d’échange » – il faut en quelque sorte tous marcher dans ce qui reste une combine (culture) pour que cela puisse tenir et finalement « réifier » (solidifier, organiser, structurer, pacifier etc.) les conditions de la vie en société – la règle du jeu – or il s’agit d’oser dire un jour que le « tout »… c’est le problème.
Où le simple « bon sens » s’avère totalement insensé pour au moins 80 % des Français…
Article, ou plutôt, comme souvent ici « mini étude » dont l’intitulé ne reflète qu’imparfaitement son contenu, à mon avis. (Ou plus probablement, je n’ai pas la culture pour en avoir saisi toute la portée, à en juger par la nature des autres commentaires).
Pour ma part, en synthèse j’aurais plus parlé de « Macronisme mis à nu ». En tout cas, un tour d’horizon exhaustif édifiant qui démonte un à un tous les ressorts de la politique réellement menée par ce gouvernement, thème par thème. Toute la manipulation du discours nous est patiemment décortiquée, et toutes les implications analysées, et annoncées.
J’ai décidé d’arrêter les superlatifs (pour l’instant), mais je prescris d’urgence ! À relier impérativement à l’expérience de pensée magistrale : « Qui a vraiment gagné la présidentielle ? » pour éventuelles vérifications « scientifiques » quelques mois plus tard de ce qui pouvait être postulé ici comme de simples hypothèses théoriques.