Cinq leçons à retenir des législatives
De la défaite de l’extrême droite à la victoire éphémère du Nouveau Front Populaire, ce qu’il faut retenir de ses élections peu démocratiques… (article repris de ma newsletter substack).
De la défaite de l’extrême droite à la victoire éphémère du Nouveau Front Populaire, ce qu’il faut retenir de ses élections peu démocratiques… (article repris de ma newsletter substack).
Pour l’intersyndicale, le prochain grand rendez-vous avait été fixé le 6 juin. À l’occasion de leur niche parlementaire, le groupe centriste LIOT mené par Charles de Courson, authentique homme de droite, a déposé une proposition de loi visant à abroger la réforme. Elle doit être débattue à l’Assemblée après son passage en commission des affaires sociales le 8 juin.
Les chances qu’elle soit adoptée étaient significatives : Elizabeth Borne n’avait pas les votes pour faire passer la réforme (d’où son 49.3) et la censure du gouvernement avait échoué à seulement neuf voix sur 577. Or, pour voter la censure (ce qui est un acte bien plus fort que de voter contre une loi), il faut une majorité absolue (289 voix). Pour voter une loi, il suffit d’obtenir davantage de votes pour que contre (certains députés ne votent pas, ne sont pas présents ou s’abstiennent).
Si l’abrogation était adoptée en première lecture, elle devrait ensuite passer au Sénat (qui voterait vraisemblablement contre, vu sa composition), puis en commission mixte paritaire (qui suivrait le Sénat, vu sa composition) avant d’être de nouveau soumise au vote à l’Assemblée (qui a le dernier mot et voterait probablement de nouveau pour l’abrogation – on voit mal des députés changer d’avis en cours de route). Le Conseil constitutionnel serait alors saisit et, de l’avis d’un peu près tout le monde, censurerait l’abrogation au titre de sa non-constitutionnalité (nous y reviendront).
Un coup pour du beurre ? Pas si vite !
Pour la contestation sociale et le mouvement contre les retraites, Cannes figurait en tête des événements à perturber. Le plus grand festival du Cinéma, imaginé et cofondé par la CGT en réponse à la mainmise des régimes fascistes sur la Nostra de Venise dans les années trente, est issu d’une longue tradition syndicaliste, antifasciste et contestataire. Sans même parler du coup de force de Jean-Louis Godard et François Truffaut provoquant la fermeture du festival en mai 1968, la Croisette a longtemps été un terrain de lutte. Après les multiples casserolades réussies à travers le pays, le semi-échec de la finale de la Coupe de France de football et en attendant les lointains Jeux olympiques, la montée des marches constituait une cible idéale pour redonner du souffle à la lutte contre la réforme des retraites et la dérive autoritaire du gouvernement. La CGT jouant à domicile, sa nouvelle première secrétaire avait promis que son syndicat assurerait le spectacle.
Le pouvoir était conscient de l’enjeu. Au point d’interdire pendant deux semaines toutes manifestations dans un périmètre extrêmement large autour de la croisette. Et de faire la chasse aux électriciens-gaziers pour éviter la moindre coupure de courant en pleine projection ou cérémonie. Un plan bien orchestré, mais qui s’est pourtant pris les pieds dans le tapis… …
Le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la réforme des retraites, tout en censurant plusieurs articles conçus pour « adoucir » le texte. Les mesures compensatoires visant à mieux prendre en compte la pénibilité au travail et à limiter l’augmentation du chômage des seniors ont été censurées. Le Conseil a également rejeté le Référendum d’Initiative Partagée déposé par les parlementaires de la NUPES à la demande de l’Intersyndicale. Emmanuel Macron a immédiatement décidé de promulguer la loi, qui a été inscrite au journal officiel au cours de la nuit. Depuis, il parcourt la France au son des casseroles et sous les quolibets.
À propos de nos chers dirigeants. (Article initialement publié sur Substack)